Eric Malbos : Nous ne plongeons pas le patient en réalité virtuelle immédiatement. Pour commencer, nous déterminons avec lui quel est son problème exact, par exemple le type de phobie dont il souffre ou le degré de son anxiété. L’objectif est que la personne comprenne mieux son trouble. Nous lui apprenons également des techniques de relaxation et de respiration qui lui seront utiles pour gérer sa réaction face à ses peurs. Plonger quelqu’un, qui n’aurait pas suivi ces séances préalables, dans la réalité virtuelle serait complètement contre-productif et ne déboucherait que sur un état de panique.
Ensuite, il s’agit d’exposer la personne, grâce à un casque de réalité virtuelle, à sa phobie ou à ses peurs. Cela se fait de façon particulièrement douce car nous pouvons contrôler les paramètres et faire en sorte que l’exposition soit progressive. Par exemple, pour un phobique de l’avion, les possibilités d’expositions sont multiples. Un avion en réalité virtuelle peut être plein, à moitié plein, vide… Si la personne a besoin de rentrer et sortir de l’avion, nous pouvons le faire, de même pour celles qui ont peur du décollage : en une séance il est possible d’en faire 10 à la suite. De même pour quelqu’un qui a la phobie du sang, ou des araignées, on l’immergera dans un environnement où il sera mis en contact par étape avec sa peur. Et cela fonctionne pour toutes les phobies car à partir du moment où l’on peut créer ce que l’on veut, on peut potentiellement toutes les traiter. On procède de la même façon pour les anxieux, nous les exposons à travers la réalité virtuelle à des situations qu’ils jugent stressantes ou anxiogènes.
Quelle est la différence entre cette approche virtuelle et celle d’une thérapie comportementale et cognitive classique ?
Eric Malbos : La thérapie virtuelle s’inscrit pleinement dans le cadre des thérapies comportementales et cognitives (TCC), les principes sont les mêmes. La différence, c’est qu’en TCC classique pour traiter une phobie, par exemple, le patient est confronté à la réalité. L’avantage de la thérapie virtuelle est qu’elle est moins brutale qu’une exposition réelle qui peut être parfois trop dure pour les patients. Mais il y a aussi une question de difficulté à reproduire certains cas. Dans le cadre d’une phobie de l’avion, en temps normal, on ne peut rien contrôler quand à la durée du vol, ses conditions… alors qu’en réalité virtuelle, tout est possible. Ce contrôle total de l’environnement couplé à la progressivité de l’exposition est un vrai plus par rapport à une thérapie classique, ce qui explique un taux de réussite de 80 à 90%. Même si le degré d’immersion varie en fonction des personnes, certaines vont le vivre très intensément, d’autres gardent un certain recul face à l’effet « jeu vidéo », dans tous les cas le traitement à valeur d’expérience ou d’entrainement préalable à une confrontation à la réalité.
Les avantages sont également ceux du temps et de l’économie. Une séance de thérapie virtuelle dure entre 30 à 40 minutes, tandis qu’en TCC classiques, si vous accompagnez le patient phobique ou anxieux en voiture ou dans le métro, la séance va durer 3 heures, voir plus. Or très peu de patients peuvent payer un thérapeute pour une session aussi longue.
Un des seuls inconvénients réside dans le phénomène de cyber-sickness. Si vous utilisez le casque de réalité virtuelle et que vous faites des mouvements trop rapides, cela peut entrainer un état proche de celui du mal des transports. Cependant cet effet est modéré par le fait que nous demandons aux patients de bouger assez lentement, de tourner doucement... Ce traitement et évidemment contre indiqué pour les épileptiques photosensibles, mais cela ne concerne qu’une petite partie de la population.
Qu'elles phobies peuvent être traitées par TERV?
Acrophobie
Agoraphobie
Claustrophobie
Ochlophobie
Arachnophobie
Aviophobie
Phobie scolaire
Bélénophobie
La peur de parler en public
La peur de conduire
Emétophobie
La peur des pigeons
La peur des chiens
La peur des chats
Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)