Marlène FOUCHEY, psychologue Meyzieu - Patrick DUMAS, psychiatre Meyzieu Cabinet NeuroPsy Meyzieu

Notions de psychopathologie

Les troubles de l'expression

Par Le 13/06/2017

Les troubles de l'expression concernent la tenue vestimentaire ainsi que la mimique et les expressions faciales.

La tenue vestimentaire
 

Certains patients portent des tenues vestimentaires étonnantes, surprenantes ou bizarres dans la mesure où elles contrastent avec leur âge, leur sexe ou leur statut social. Le relevé sémiologique concernant la tenue vestimentaire ne consiste en aucun cas à porter un jugement de valeur conformiste par rapport à la fantaisie vestimentaire de la mode. Les observations sémiologiques concernent les contrastes, les incohérences, les contradictions, les décalages importants et non les originalités esthétisantes et individualisantes.
 

La mimique et les expressions faciales
 

La mimique est l’ensemble des expression du visage et des expressions du regard. La mimique traduit l’état affectif dans lequel nous sommes. Elle vient appuyer les paroles et les pensées.
 

Les hypermimies
 

Il s’agit d’expressions faciales exagérées. Elles peuvent être généralisées ou polarisées.

Les hypermimies généralisées concernent tous les muscles de la face. Le regard est anormalement mobile, il ne fixe pas, est sans cesse aux aguets (exemple de l’expression d’euphorie chez le maniaque).

Les hypermimies polarisées expriment un seul thème affectif comme âpr exemple l’angoisse (exemple de l’expression de la passion chez le paranoïaque revendicateur).
 

Les hypomimies
 

Elles sont également appelées paucimimies, le préfixe pauci- signifiant peu nombreux. Elles sont caractérisées par la rareté du mouvement du visage et du regard.
 

Les amimies
 

Elles sont caractérisées par l’immobilité complète du visage. Le regard est fixe, vague, vide ou accaparé par un objet (exemple de l’expression de souffrance, de douleur morale et d’inhibition chez le mélancolique).
 

Les dysmimies
 

Une dysmimie signe une discordance, une dissonance, un hiatus, une contradiction, une fausse note entre l’expression faciale et affective. On parle de paramimies ou de mimiques discordantes lorsque l’expression physionomique est en contradiction avec l’expression verbal ou le vécu actuel du sujet.

On parle de mimique d’emprunt lorsqu’il y a la reproduction en miroir des mouvements de l’interlocuteur.
 

L’hypersyntonie
 

Le patient va être syntone à l’ambiance, il va coller à celle-là. Par exemple, s’il est en présence d’une personne qui pleure, il va pleurer également.
 

Les troubles psychomoteurs
 

L’agitation
 

L’agitation survient généralement par crises au cours desquelles l’implication psychologique et son corrélât moteur sont confondus dans des mouvements désordonnés qui s’expriment en actes agressifs, impulsifs, coléreux, menaçants ou spectaculaires. Dans l’hyperactivité, le comportement reste coordonné alors que dans la fureur, le sujet perd tout contrôle de lui même.

L’agitation prend des formes distinctes selon le contexte psychopathologique dans lequel elle s’exprime. elle peut être :

  • euphorique chez les sujets dont l’humeur est expansive, comme les maniaques par exemple
  • destructrice lors des conduites suicidaires ou des comportements d’automutilation
  • imprévisible, discordante dans certaines formes de schizophrénie
  • théâtrale, visant à lancer un appel au secours à l’entourage chez certains patients hystériques
  • anxieuse chez certains patients souffrants d’attaques de panique
     

L’impulsion et le raptus
 

L’impulsion désigne le besoin impérieux d’accomplir soudainement un geste ou un acte. Cette urgence à accomplir un acte échappe au contrôle volontaire de la personne. Les impulsions peuvent être :

  • des actes d’hétéro-agrassion ou d’auto-agression
  • des comportements inadaptés : fugues…
  • des satisfactions instinctives : conduites sexuelles compulsives, excès de boisson…

Les impulsions traduisent l’irruption de pulsions internes ou répondent à des exigences délirantes.

Les impulsions violentes immédiatement agis telles que le suicide, l’agression ou le meurtre sont appelées raptus.
 

Les parakinésies
 

Il s’agit de gestes automatiques, de mouvements répétés inlassablement et reproduits invariablement par le patient. Les plus fréquents sont les stéréotypies, comme par exemples celles de certains schizophrènes où de certains déments (grattage, balancement, rotation, contorsion répétitive de la main…).

Elles ne doivent pas être confondues avec les dyskinésies qui s’observent souvent en psychiatrie du fait de l’utilisation extensive des traitements neuroleptiques.
 

Les tics
 

Les tics sont des mouvements ou des vocalisations, soudains, rapides, involontaires, récurrents, brusques, stéréotypés, conscients, non rythmiques, sans but précis, qui viennent surcharger une motricité normale par ailleurs. Chez un même sujet, le tic dominant est généralement toujours le même, s’amplifiant avec l’anxiété, les émotions, diminuant dans les situations de détente et susceptible de déplacements topographiques avec le temps.

Lorsque le tics moteurs sont multiples est associés à des troubles du langage, ils constituent la maladie de Gilles de la Tourette. En 1885, Gilles de la Tourette la décrivit ainsi : « précipitation exagérée de mouvements et d’idées étranges : tics, grimaces, bruits, jurons, imitations et compulsions involontaires de toutes sortes, s’accompagnant d’un humour espiègle et d’une tendance à la bouffonnerie et aux incongruités. » elle peut être associée à une coprolalie (énoncé de mots grossiers), d’une écholalie (mimétisme verbal) et à une échomimie (mimétisme mimique et/ou gestuel).
 

La bradykinésie
 

La bradykinésie consiste en un ralentissement moteur, une baisse de l’activité. elle peut aller jusqu’à l’apragmatisme où le patient n’arrive plus à faire les gestes de la vie quotidienne (soins corporelles, repas…). Elle est généralement présente dans les états dépressifs.
 

La stupeur
 

La stupeur est un état de suspension de toute activité motrice : mimique, gestes, langage. Elle se traduit par l’immobilité, la sidération motrice. Elle s’accompagne souvent d’un mutisme, d’un refus de s’alimenter, d’un arrêt de toute activité, y compris de l’activité intellectuelle.
 

La catalepsie
 

La catalepsie est un trouble aigu du tonus et de l’initiative motrice. Il s’agit d’une conservation indéfinie des attitudes imposées passivement au malade, par perte momentanée de la contraction volontaire des muscles. Elle s’observe dans les états hypnotiques, dans la schizophrénie et dans certaines affections du système nerveux central.
 

Les troubles du langage
 

On distingue les troubles qui touchent la dynamique du discours de ceux touchant le contenu du discours.
 

La dynamique du discours
 

Ces troubles accompagnent les troubles de l’agitation ou du ralentissement décrits auparavant.

Dans le contexte d’une agitation psychomotrice, on retrouve une logorrhée verbale qui consiste en une accélération du débit verbal. Elle est caractérisée par une surabondance de paroles. Le discours est très difficile à suivre du fait de sa rapidité et de son manque d’organisation. cet état caractérise le discours du patient en phase maniaque.

A l’opposé, on parle de bradyphémie dans le contexte d’un ralentissement psychomoteur. Il s’agit d’un ralentissement du flux verbal d’un discours généralement monothématique. Elle caractérise le discours du patient déprimé.

D’autres troubles peuvent être relevés tels que :

  • l’écholalie : répétition en échos de mots ou de phrases venant d’être entendues par le patient. Elle ressemble à la façon de communiquer des autistes.
  • Les persévérations verbales : à différents moments du discours, le patient va répéter des mots, des phrases ou une partie de phrase qui appartient à un moment extérieur au dialogue
  • Le mutisme est l’absence totale de production langagière.
     

Le contenu du discours
 

Différents troubles peuvent être observés comme :

  • les néologismes : création d’un mot nouveau sans signification apparente par le patient pour son usage personnel. Le patient peut donner une signification à ce mot.
  • Les paralogismes : utilisation d’un mot connu dans un sens inhabituel.

Ces deux troubles sont présents massivement chez les patients schizophrènes. Le concept de schizophasie désigne le langage incompréhensible produit par un patient schizophrène.
 

Annexes

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Terminologie et sémiologie en psychopathologie

Par Le 13/06/2017

La psychopathologie, « science de la souffrance psychique » est l’étude des troubles psychiques : elle cherche à comprendre l’origine (étiologie) et les mécanismes de ces troubles.

Etudier des troubles psychopathologiques nécessitent de s’intéresser à la notion de normalité : qu’est ce qu’un comportement normal et qu’est ce qui est de l’autre de la psychopathologie ?

La normalité statistique se réfère à un pourcentage majoritaire de comportements par rapports à une moyenne statistique. La normale concerne la majorité des sujets d’une population donnée tandis que le pathologique renvoie aux extrémités et aux déviants par rapport à une moyenne. Actuellement, on n’oppose plus les « normaux » aux « malades mentaux ». la majorité des psychopathologues considèrent qu’il existe un continuum entre les différents modes de fonctionnement psychique. C’est dans ce contexte que Ganguilhem en 1966 propose la notion de normativité; un individu sain est celui qui peut tomber malade et se rétablir ; c’est un individu capable d’instaurer de nouvelles normes de fonctionnement dans des contextes différents. Ainsi, la santé mentale n’est plus définie par l’absence de maladie ou par un nombre réduit de symptômes, mais par des capacités de changement et d’adaptation à des situations nouvelles.

La sémiologie est l’observation minutieuse des signes et des symptômes d’un état pathologique. Un symptôme est défini dans le dictionnaire Le petit Robert comme « toute manifestation spontanée d’une maladie, qu’elle soit perçue subjectivement par la malade lui-même, comme une douleur ou un vertige (symptôme subjectif), ou qu’elle puisse être constatée par un observateur (symptôme objectif appelé couramment signe) ».on ne connaît pas vraiment en psychopathologie de symptôme « pathognomonique », c’est à dire de symptôme qui permet à lui seul de poser un diagnostic, qui serait spécifique d’une pathologie mentale particulière.

Le diagnostic est essentiellement une hypothèse. En aucun cas, le diagnostic n’est une affirmation définitive ou un étiquetage irréversible. Le diagnostic reste ouvert à la discussion, à la remise en question, voire au démenti.

L’analyse sémiologique constitue la première étape de la démarche diagnostique, étape au cours de laquelle, à partir de l’observation du patient, on va recenser les symptômes qu’il présente en tentant de les hiérarchiser en fonction de leur importance pour, dans un deuxième temps, les regrouper en syndrome. Un syndrome est un ensemble de signes, de symptômes, qui, d’apparence parfois disparate, forment une entité reconnaissable en raison soit de leur association constante, soit d’une cause toujours la même. L’analyse de ces éléments cliniques, au regard d’autres facteurs tels que le contexte d’apparition des troubles, la durée des symptômes, les antécédents éventuels du patient ou de sa famille, son âge, vont permettre d’évoquer des hypothèses psychopathologiques concernant le trouble mental supposé. La psychogenèse est cette phase qui consiste à chercher dans l’histoire personnelle du patient les éléments susceptibles de comprendre les difficultés psychiques actuelles du sujets.

 

Quelques définissions…
 

La prévalence concerne le nombre de personnes atteintes d’un trouble mental recencé au sein d’une population.

L’incidence consiste à comptabiliser le nombre de cas nouveaux sur une période donnée, le plus souvent sur un an.

Le sex-ratio est le rapport de la prévalence d’un trouble donné entre les hommes et les femmes.

L’âge typique de survenue des troubles est l’intervalle de temps pendant lequel on a le plus de chance qu’un type de trouble survienne.

Le mode d’apparition des troubles peut être brutal ou progressif.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Les différents courants théoriques: quelques exemples

Par Le 13/06/2017

On définit la psychopathologie comme l’étude des troubles psychopathologiques qui se fait à l’aide de méthodes scientifiques. Il s’agit d’effectuer une approche scientifique d’un travail clinique. Cela implique pour le psychologue de se tenir informé des développements scientifiques les plus récents mais également actualiser ses méthodes d’investigation et de prise en charge des troubles mentaux. Par exemple, à partir des connaissances biologiques et neuropsychologiques recueillies sur les troubles de l’humeur, on ne pleut plus traiter la dépression à partir d’une seule approche psychologique d’orientation psychanalytique.



Le travail du clinicien est totalement modulé par le courant théorique qu’il utilise pour aborder les troubles mentaux. On fait le choix du courant selon sa croyance. La formation universitaire est un élément important dans le choix du courant ainsi que l’environnement scientifique du clinicien et de son parcours personnel. Ce choix est nécessaire afin d’avoir une démarche cohérente. Mais on peut s’informer des avancées des autres courants et juger de l’intérêt de ceux-ci.

Aujourd’hui, on tend à intégrer ces modèles entre eux. On considère que l’avenir du courant issu de la génétique ou celui issu des neurosciences n’est possible que s’il est en mesure de prendre en compte, dans son analyse, des facteurs d’origine psychologique et sociale comme étant des facteurs intervenant, et quelques fois affectant la neurotransmission ou l’expression génétique du comportement.

Le courant cognitiviste, en psychopathologie, intègre dans son analyse et dans son explication des troubles mentaux un organe censé être à l’origine du fonctionnement cognitif, le cerveau.
 

Le courant psychanalytique
 

C’est un modèle majeur des explications des troubles mentaux, le plus ancien modèle explicatif de la psychopathologie.

Il concerne essentiellement la théorie freudienne. Freud a développé un système de compréhension, d’explication et de prise en charge des troubles mentaux qui, à l’origine, s’adressait avant tout à des patients névrotiques. Ce modèle a été développé par ses successeurs (ex Lacan) à d’autres types de pathologies comme les troubles psychotiques.

La théorie élaborée par Freud repose sur l’élaboration d’une métapsychologie qui a pris deux formes :

  1. - la première topique : conscient, préconscient, inconscient
  2. - la deuxième topique : ça, moi, surmoi

L’explication des phénomènes psychopathologiques fournie par cette théorie repose sur l’interprétation d’évènements vécus pendant l’enfance. ces évènements peuvent ressurgir à d’autres périodes du développement sous des formes variées telles que les lapsus, les rêves, les actes manqués. D’autres manifestations sont les symptômes, ce à quoi va s’attacher le psychanalyste pour expliquer ces phénomènes concernant la dimension inconsciente, c’est à dire la signification cachée.

Cette manière de concevoir le psychisme humain et ses dysfonctionnements a conduit Freud a l’élaboration de la cure psychanalytique qui repose sur deux principes fondamentaux : la règle de la libre association et l’élaboration d’un transfert.

La cure psychanalytique a fait l’objet d’un certain nombre d’aménagement thérapeutiques afin que cette technique de prise en charge soit proposée à des patients autres que hystériques. En effet, au début de sa mise en place, la cure analytique était proposée uniquement à des personnes hystériques. Elle a été aménagée pour les psychotiques, les dépressifs, les patients ayant des troubles anxieux, pour qui la cure ne peut pas durer 10 ans. Ces techniques sont les thérapies d’inspiration psychanalytique. Les principaux aménagements ont été la suppression du divan, la situation de face à face, le thérapeute est plus intervenant (en effet, le silence peut angoisser certains patients).
 

Le courant cognitiviste
 

C’est un courant plus récent, qui se développe de plus en plus. Il a pris ses racines dans la théorie comportemental, béhavioriste (en référence aux travaux sur le conditionnement classique, de Pavlov et opérant, de Skinner). Il s’est développé dans les années 40, en psychopathologie, quand certains auteurs se sont rendus compte de l’insuffisance du modèle analytique. Ils se sont appuyés sur les travaux réalisés notamment par Pavlov pour expliquer les comportements anxieux (notamment phobiques). Ils s’appuient sur le modèle S → R, à savoir que le comportement pathologique ( R) est déclenché par un stimulus particulier (S).

Une évolution de ce modèle a eu lieu dans les années 60 aux états unis. En effet, on ne parle plus de modèle comportemental mais du niveau cognitivo-comportemental. Les cognitivistes ont ajouté un niveau d’analyse supplémentaire, celui de la cognition.

Cognition → Cerveau ↓ ↓ S → R

L’être humain est assimilé à un système de traitement de l’information.

De manière plus récente, l’étude de la cognition s’est enrichie des apports de la neuroscience en s’intéressant à l’organe qui sous tend les processus cognitifs, le cerveau.

Ce modèle cognitif de la psychopathologie a été élaboré pour la première fois par Beck. Concernant par exemple la dépression, dans ce modèle, on suppose que le patient déprimé présente des erreurs dans le traitement de l’information, erreurs qui entraient chez le patient une vision négative de lui même, du monde environnant et du futur.

Contrairement à l’approche psychanalytique, la thérapie comportementale a pour objectif d’éliminer d’emblée les symptômes présentés par le patient. Le thérapeute va agir à trois niveaux :

  • le comportement : le plus souvent, à l’aide des méthodes développées par le modèle comportemental (techniques basées sur l’apprentissage)
  • la modification de la pensée, du fonctionnement cognitif avec, pour objectif, d’apprendre au patient à construire des interprétations alternatives en références aux évènements qu’il vit.
  • Le niveau émotionnel en modifiant les deux paramètres ci-dessus, cela entraîne des modifications au niveau des émotions.
     

Le modèle familial, systémique
 

Ce modèle a une origine anglo-saxone. Dans les années 50, Bateson réalise des travaux sur l’analyse systémique des troubles schizophréniques. L’originalité de ce modèle concerne le niveau d’analyse auquel il s’intéresse. dans ce modèle, l’analyse de la pathologie ne se fait plus uniquement à partir de l’observation du patient (et, du fait de la description de ses symptômes) mais elle se fait aussi autour d’une modalité de communication et d’interaction qui structure la cellule familiale dans laquelle le patient évolue.

Ce modèle considère que le patient est victime d’un système familial qui est pathologique. Il met l’accent sur le rôle de l’environnement réduit à l’étude du système familial dans le développement des troubles mentaux. Dans ce modèle, le facteur clé du développement d’une pathologie est le système de communication, d’interaction entre les membres d’une même famille.

Les travaux réalisés par Baterson et ses successeurs (école de Palo-Alto) prennent appui sur la théorie de la communication dont les trois principes intéressants dans l’analyse des pathologies mentales sont :

  • - Prendre en compte la communication digitale et la communication analogique (communication verbale et non verbale)
  • - il est impossible de ne pas communiquer. Dans une situation de communication, même le silence a une valeur significative, interprétative pour l’interlocuteur. il est chargé d’un sens plus ou moins explicite dont l’interprétation va être laissée à celui à qui il s’adresse.
  • - la méta communication : il s’agit de la capacité de communiquer sur la communication. Elle va être plus souvent sollicitée dans des conditions particulières d’interaction où on va détecter une ambiguïté. Celle-ci est souvent relative à l’intention communicative du locuteur. On utilise cette capacité de méta communication quand on a des doutes sur ce que l’autre veut dire. C’est un concept important car selon Baterson, quand cette méta communication dysfonctionne, les patients n’ont pas la capacité de tenir un discours cohérent, logique voire compréhensible. Ce serait le cas des patients schizophrènes.

Ce modèle est à l’origine de la création des thérapies familiales. Elles ont comme particularités d’être des thérapies qui nécessitent l’intervention de la famille (au sens personnes vivant sous un même toit). Le modèle s’est élargi aux conduites addictives, des troubles des conduites alimentaires et leur prise en charge.
 

Le modèle neuropsychologique, neurobiologique
 

Ce modèle s’inscrit dans la tradition cognitiviste. Sa particularité est de s’intéresser au fonctionnement cérébral en lien avec la mise en place de processus cognitifs. On peut décrire deux tendances liées à l’élaboration de deux techniques d’investigation du fonctionnement cérébral :

  • la neuropsychologie comportementale
  • la neuropsychologie cognitive
     

La neuropsychologie comportementale
 

On va s’intéresser indirectement au fonctionnement du cerveau car on va inférer l’existence d’un éventuel dysfonctionnement cérébral à partir des seules performances cognitives du patient. On suppose que certaines épreuves vont étudier telle ou telle région cérébrale. Par exemple, on suppose que le test du Wisconsin met en jeu le cortex cérébral préfrontal. On analyse le fonctionnement cérébral à partir de l’analyse des réponses du sujet.
 

La neuropsychologie cognitive
 

Elle s’intéresse directement au cerveau en utilisant des techniques élaborées dans le champ des neurosciences : IRM, IRMf, TEP, PE… L’une des dernières démarches fut d’analyser la structure de cerveaux de patients porteurs d’une pathologie psychiatrique. Dans les années, 70, l’hypothèse qui dominait pour la schizophrénie était celle de lésions dans le cortex préfrontal. Elle fut vérifiée par les études post-mortem.

La démarche anatomique fut abandonnée au profit d’une démarche fonctionnelle où l’idée est d’étudier le fonctionnement du cerveau alors que le sujet est en train de réaliser un travail cognitif. Si on suppose par exemple une altération de la mémoire dans la dépression, on va, au cours d’une IRMf, demander à des sujets déprimés de réaliser une tache de mémoire. On va regarder quelles sont les zones cérébrales qui s’activent en réponse à la mise en place de certains processus cognitifs. Ces activations devraient être moins importantes chez des patients présentant des déficits mnésiques.

Les principales pathologies étudiées sous cet angle sont la schizophrénie, les pathologies dépressives, les troubles des conduites alimentaires et les troubles obsessionnels compulsifs. Des études récentes ont montré chez des patients présentant des troubles obsessionnels compulsifs une augmentation de l’activité cérébrale au niveau de certaines zones du cortex frontal. Il a été décrit chez des patients ayant subi une ablation d’une tumeur cérébrale localisée au niveau du cortex frontal l’apparition de TOC.

Ce modèle comporte cependant quelques limites :

  • il demande l’utilisation de techniques qui peuvent être invasives par rapport aux autres modèles
  • les techniques de prises en charge en lien avec ce modèle en sont au stade expérimental
  • enfin, par rapport aux études en imagerie, rien ne permet de dire que le dysfonctionnement cérébral observé est la cause du trouble psychologique. On pourrait très bien imaginer que, pour s’adapter aux symptômes, le cerveau verrait son activité cérébrale se modifier et non l’inverse (une modification cérébrale provoque l’apparition des symptômes).
     

Le modèle biologique
 

Ici, on va d’avantage s’intéresser au rôle des modifications de la transmission nerveuse au niveau des neuromédiateurs dans la survenue de pathologies mentales. A ce jour, les deux neurotransmetteurs qui ont fait l’objet de beaucoup de travaux sont la sérotonine et la dopamine. Ils sont largement cités dans la survenue de troubles de l’humeur, de la schizophrénie, de troubles obsessionnels compulsifs et des troubles des conduites alimentaires. Ce modèle s’est surtout développé à partir des années 50, à partir du moment où on a disposé de traitement médicamenteux avec des psychotropes. L’objectif de ce modèle est d’expliquer l’action de ces médicaments, en supposant que les symptômes des pathologies sont sous tendus par des dysfonctionnement d’origine biologique.
 

Le modèle génétique
 

Il s’appuie sur un constat en psychopathologie qui est que l’on observe souvent une constellation familiale des mêmes troubles ou des troubles apparentés.

En terme statistique, quand un individu est apparenté à un patient schizophrène ou déprimé, il a plus de risque qu’un sujet non apparenté de développer un trouble similaire ou très proche. Cette probabilité statistique est appelée en psychopathologie un taux de concordance. Il va être analyser à partir des constellations familiales, surtout à partir des études sur des jumeaux (monozygotes et hétérozygotes).

La question posée par ce modèle est de déterminer le poids de la transmission génétique et celui des facteurs environnementaux. Il faut en effet garder à l’esprit que deux individus apparentés sur le plan biologique partagent en plus de leur patrimoine génétique un patrimoine environnemental. Les expériences qui étudient le poids génétique concernent les jumeaux monozygotes (même patrimoine génétique) adoptés (environnement différent, mais là encore, on peut supposer que leur famille d’adoption ne sont pas choisies au hasard et qu’elles partagent certaines similarités comme le niveau de vie).

A l’heure actuelle, on ne connaît aucun trouble dont la cause serait purement génétique. On ne connaît aucun gène responsable d’un trouble mental particulier. Pour que l’origine d’un trouble mental soit considérée comme génétique, il faudrait un taux de concordance de 100% chez des jumeaux monozygotes, ce qui n’a pas été observé. Le seul résultat qui revient dans les études concerne l’augmentation du taux de concordance en fonction de la proximité du lien de parenté entretenu avec le patient atteint d’un trouble mental. Ces taux diffèrent selon la pathologie mise en cause. On a montré un taux de concordance plus élevé dans l’autisme (où on suppose l’implication de 4 ou 5 gènes particuliers) que dans les troubles de l’humeur par exemple.

Le modèle génétique actuel propose de travailler sur les interactions gènes – environnement. Plutôt que de penser que l’on hérite d’une pathologie mentale, les modèles génétiques supposent l’héritage d’une vulnérabilité qui, sous l’effet de certains événements, va pouvoir engendrer la survenue d’un trouble mental. Une pathologie va survenir qu’à condition que le sujet rencontre un événement stressant, révélateur de cette vulnérabilité. D’autres modèles toujours génétiques supposent qu’une dotation génétique particulière peut augmenter la probabilité qu’à un individu de rencontrer des événements stressants qui vont eux mêmes avoir comme effet de révéler cette vulnérabilité.

L’idée actuelle est de proposer une lecture intégrative des troubles mentaux qui prend appui sur les principaux modèles explicatifs et qui serait bio-psycho-sociale. Adopter une telle démarche, c’est se démarquer des modèles écologiques pour adopter une démarche étiopathologique (modèles qui ne s’intéressent pas au « pourquoi » des troubles mais au « comment ». l’objectif est de préciser les mécanismes qui seraient à l’origine du développement de symptômes chez un individu.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Les différentes approches théoriques: quelques exemples

Par Le 07/03/2017

On définit la psychopathologie comme l’étude des troubles psychopathologiques qui se fait à l’aide de méthodes scientifiques. Il s’agit d’effectuer une approche scientifique d’un travail clinique. Cela implique pour le psychologue de se tenir informé des développements scientifiques les plus récents mais également actualiser ses méthodes d’investigation et de prise en charge des troubles mentaux. Par exemple, à partir des connaissances biologiques et neuropsychologiques recueillies sur les troubles de l’humeur, on ne pleut plus traiter la dépression à partir d’une seule approche psychologique d’orientation psychanalytique.



Le travail du clinicien est totalement modulé par le courant théorique qu’il utilise pour aborder les troubles mentaux. On fait le choix du courant selon sa croyance. La formation universitaire est un élément important dans le choix du courant ainsi que l’environnement scientifique du clinicien et de son parcours personnel. Ce choix est nécessaire afin d’avoir une démarche cohérente. Mais on peut s’informer des avancées des autres courants et juger de l’intérêt de ceux-ci.

Aujourd’hui, on tend à intégrer ces modèles entre eux. On considère que l’avenir du courant issu de la génétique ou celui issu des neurosciences n’est possible que s’il est en mesure de prendre en compte, dans son analyse, des facteurs d’origine psychologique et sociale comme étant des facteurs intervenant, et quelques fois affectant la neurotransmission ou l’expression génétique du comportement.

Le courant cognitiviste, en psychopathologie, intègre dans son analyse et dans son explication des troubles mentaux un organe censé être à l’origine du fonctionnement cognitif, le cerveau.
 

Le courant psychanalytique
 

C’est un modèle majeur des explications des troubles mentaux, le plus ancien modèle explicatif de la psychopathologie.

Il concerne essentiellement la théorie freudienne. Freud a développé un système de compréhension, d’explication et de prise en charge des troubles mentaux qui, à l’origine, s’adressait avant tout à des patients névrotiques. Ce modèle a été développé par ses successeurs (ex Lacan) à d’autres types de pathologies comme les troubles psychotiques.

La théorie élaborée par Freud repose sur l’élaboration d’une métapsychologie qui a pris deux formes :

  • la première topique : conscient, préconscient, inconscient
  • la deuxième topique : ça, moi, surmoi

L’explication des phénomènes psychopathologiques fournie par cette théorie repose sur l’interprétation d’évènements vécus pendant l’enfance. ces évènements peuvent ressurgir à d’autres périodes du développement sous des formes variées telles que les lapsus, les rêves, les actes manqués. D’autres manifestations sont les symptômes, ce à quoi va s’attacher le psychanalyste pour expliquer ces phénomènes concernant la dimension inconsciente, c’est à dire la signification cachée.

Cette manière de concevoir le psychisme humain et ses dysfonctionnements a conduit Freud a l’élaboration de la cure psychanalytique qui repose sur deux principes fondamentaux : la règle de la libre association et l’élaboration d’un transfert.

La cure psychanalytique a fait l’objet d’un certain nombre d’aménagement thérapeutiques afin que cette technique de prise en charge soit proposée à des patients autres que hystériques. En effet, au début de sa mise en place, la cure analytique était proposée uniquement à des personnes hystériques. Elle a été aménagée pour les psychotiques, les dépressifs, les patients ayant des troubles anxieux, pour qui la cure ne peut pas durer 10 ans. Ces techniques sont les thérapies d’inspiration psychanalytique. Les principaux aménagements ont été la suppression du divan, la situation de face à face, le thérapeute est plus intervenant (en effet, le silence peut angoisser certains patients).
 

Le courant cognitiviste
 

C’est un courant plus récent, qui se développe de plus en plus. Il a pris ses racines dans la théorie comportemental, béhavioriste (en référence aux travaux sur le conditionnement classique, de Pavlov et opérant, de Skinner). Il s’est développé dans les années 40, en psychopathologie, quand certains auteurs se sont rendus compte de l’insuffisance du modèle analytique. Ils se sont appuyés sur les travaux réalisés notamment par Pavlov pour expliquer les comportements anxieux (notamment phobiques). Ils s’appuient sur le modèle S → R, à savoir que le comportement pathologique ( R) est déclenché par un stimulus particulier (S).

Une évolution de ce modèle a eu lieu dans les années 60 aux états unis. En effet, on ne parle plus de modèle comportemental mais du niveau cognitivo-comportemental. Les cognitivistes ont ajouté un niveau d’analyse supplémentaire, celui de la cognition.

Cognition → Cerveau ↓ ↓ S → R

L’être humain est assimilé à un système de traitement de l’information.

De manière plus récente, l’étude de la cognition s’est enrichie des apports de la neuroscience en s’intéressant à l’organe qui sous tend les processus cognitifs, le cerveau.

Ce modèle cognitif de la psychopathologie a été élaboré pour la première fois par Beck. Concernant par exemple la dépression, dans ce modèle, on suppose que le patient déprimé présente des erreurs dans le traitement de l’information, erreurs qui entraient chez le patient une vision négative de lui même, du monde environnant et du futur.

Contrairement à l’approche psychanalytique, la thérapie comportementale a pour objectif d’éliminer d’emblée les symptômes présentés par le patient. Le thérapeute va agir à trois niveaux :

  • le comportement : le plus souvent, à l’aide des méthodes développées par le modèle comportemental (techniques basées sur l’apprentissage)
  • la modification de la pensée, du fonctionnement cognitif avec, pour objectif, d’apprendre au patient à construire des interprétations alternatives en références aux évènements qu’il vit.
  • Le niveau émotionnel en modifiant les deux paramètres ci-dessus, cela entraîne des modifications au niveau des émotions.
     

Le modèle familial, systémique
 

Ce modèle a une origine anglo-saxone. Dans les années 50, Bateson réalise des travaux sur l’analyse systémique des troubles schizophréniques. L’originalité de ce modèle concerne le niveau d’analyse auquel il s’intéresse. dans ce modèle, l’analyse de la pathologie ne se fait plus uniquement à partir de l’observation du patient (et, du fait de la description de ses symptômes) mais elle se fait aussi autour d’une modalité de communication et d’interaction qui structure la cellule familiale dans laquelle le patient évolue.

Ce modèle considère que le patient est victime d’un système familial qui est pathologique. Il met l’accent sur le rôle de l’environnement réduit à l’étude du système familial dans le développement des troubles mentaux. Dans ce modèle, le facteur clé du développement d’une pathologie est le système de communication, d’interaction entre les membres d’une même famille.

Les travaux réalisés par Baterson et ses successeurs (école de Palo-Alto) prennent appui sur la théorie de la communication dont les trois principes intéressants dans l’analyse des pathologies mentales sont :

  • Prendre en compte la communication digitale et la communication analogique (communication verbale et non verbale)
  • il est impossible de ne pas communiquer. Dans une situation de communication, même le silence a une valeur significative, interprétative pour l’interlocuteur. il est chargé d’un sens plus ou moins explicite dont l’interprétation va être laissée à celui à qui il s’adresse.
  • la méta communication : il s’agit de la capacité de communiquer sur la communication. Elle va être plus souvent sollicitée dans des conditions particulières d’interaction où on va détecter une ambiguïté. Celle-ci est souvent relative à l’intention communicative du locuteur. On utilise cette capacité de méta communication quand on a des doutes sur ce que l’autre veut dire. C’est un concept important car selon Baterson, quand cette méta communication dysfonctionne, les patients n’ont pas la capacité de tenir un discours cohérent, logique voire compréhensible. Ce serait le cas des patients schizophrènes.

Ce modèle est à l’origine de la création des thérapies familiales. Elles ont comme particularités d’être des thérapies qui nécessitent l’intervention de la famille (au sens personnes vivant sous un même toit). Le modèle s’est élargi aux conduites addictives, des troubles des conduites alimentaires et leur prise en charge.
 

Le modèle neuropsychologique, neurobiologique
 

Ce modèle s’inscrit dans la tradition cognitiviste. Sa particularité est de s’intéresser au fonctionnement cérébral en lien avec la mise en place de processus cognitifs. On peut décrire deux tendances liées à l’élaboration de deux techniques d’investigation du fonctionnement cérébral :

  • la neuropsychologie comportementale
  • la neuropsychologie cognitive

La neuropsychologie comportementale
 

On va s’intéresser indirectement au fonctionnement du cerveau car on va inférer l’existence d’un éventuel dysfonctionnement cérébral à partir des seules performances cognitives du patient. On suppose que certaines épreuves vont étudier telle ou telle région cérébrale. Par exemple, on suppose que le test du Wisconsin met en jeu le cortex cérébral préfrontal. On analyse le fonctionnement cérébral à partir de l’analyse des réponses du sujet.
 

La neuropsychologie cognitive
 

Elle s’intéresse directement au cerveau en utilisant des techniques élaborées dans le champ des neurosciences : IRM, IRMf, TEP, PE… L’une des dernières démarches fut d’analyser la structure de cerveaux de patients porteurs d’une pathologie psychiatrique. Dans les années, 70, l’hypothèse qui dominait pour la schizophrénie était celle de lésions dans le cortex préfrontal. Elle fut vérifiée par les études post-mortem.

La démarche anatomique fut abandonnée au profit d’une démarche fonctionnelle où l’idée est d’étudier le fonctionnement du cerveau alors que le sujet est en train de réaliser un travail cognitif. Si on suppose par exemple une altération de la mémoire dans la dépression, on va, au cours d’une IRMf, demander à des sujets déprimés de réaliser une tache de mémoire. On va regarder quelles sont les zones cérébrales qui s’activent en réponse à la mise en place de certains processus cognitifs. Ces activations devraient être moins importantes chez des patients présentant des déficits mnésiques.

Les principales pathologies étudiées sous cet angle sont la schizophrénie, les pathologies dépressives, les troubles des conduites alimentaires et les troubles obsessionnels compulsifs. Des études récentes ont montré chez des patients présentant des troubles obsessionnels compulsifs une augmentation de l’activité cérébrale au niveau de certaines zones du cortex frontal. Il a été décrit chez des patients ayant subi une ablation d’une tumeur cérébrale localisée au niveau du cortex frontal l’apparition de TOC.

Ce modèle comporte cependant quelques limites :

  • il demande l’utilisation de techniques qui peuvent être invasives par rapport aux autres modèles
  • les techniques de prises en charge en lien avec ce modèle en sont au stade expérimental
  • enfin, par rapport aux études en imagerie, rien ne permet de dire que le dysfonctionnement cérébral observé est la cause du trouble psychologique. On pourrait très bien imaginer que, pour s’adapter aux symptômes, le cerveau verrait son activité cérébrale se modifier et non l’inverse (une modification cérébrale provoque l’apparition des symptômes).
     

Le modèle biologique
 

Ici, on va d’avantage s’intéresser au rôle des modifications de la transmission nerveuse au niveau des neuromédiateurs dans la survenue de pathologies mentales. A ce jour, les deux neurotransmetteurs qui ont fait l’objet de beaucoup de travaux sont la sérotonine et la dopamine. Ils sont largement cités dans la survenue de troubles de l’humeur, de la schizophrénie, de troubles obsessionnels compulsifs et des troubles des conduites alimentaires. Ce modèle s’est surtout développé à partir des années 50, à partir du moment où on a disposé de traitement médicamenteux avec des psychotropes. L’objectif de ce modèle est d’expliquer l’action de ces médicaments, en supposant que les symptômes des pathologies sont sous tendus par des dysfonctionnement d’origine biologique.
 

Le modèle génétique
 

Il s’appuie sur un constat en psychopathologie qui est que l’on observe souvent une constellation familiale des mêmes troubles ou des troubles apparentés.

En terme statistique, quand un individu est apparenté à un patient schizophrène ou déprimé, il a plus de risque qu’un sujet non apparenté de développer un trouble similaire ou très proche. Cette probabilité statistique est appelée en psychopathologie un taux de concordance. Il va être analyser à partir des constellations familiales, surtout à partir des études sur des jumeaux (monozygotes et hétérozygotes).

La question posée par ce modèle est de déterminer le poids de la transmission génétique et celui des facteurs environnementaux. Il faut en effet garder à l’esprit que deux individus apparentés sur le plan biologique partagent en plus de leur patrimoine génétique un patrimoine environnemental. Les expériences qui étudient le poids génétique concernent les jumeaux monozygotes (même patrimoine génétique) adoptés (environnement différent, mais là encore, on peut supposer que leur famille d’adoption ne sont pas choisies au hasard et qu’elles partagent certaines similarités comme le niveau de vie).

A l’heure actuelle, on ne connaît aucun trouble dont la cause serait purement génétique. On ne connaît aucun gène responsable d’un trouble mental particulier. Pour que l’origine d’un trouble mental soit considérée comme génétique, il faudrait un taux de concordance de 100% chez des jumeaux monozygotes, ce qui n’a pas été observé. Le seul résultat qui revient dans les études concerne l’augmentation du taux de concordance en fonction de la proximité du lien de parenté entretenu avec le patient atteint d’un trouble mental. Ces taux diffèrent selon la pathologie mise en cause. On a montré un taux de concordance plus élevé dans l’autisme (où on suppose l’implication de 4 ou 5 gènes particuliers) que dans les troubles de l’humeur par exemple.

Le modèle génétique actuel propose de travailler sur les interactions gènes – environnement. Plutôt que de penser que l’on hérite d’une pathologie mentale, les modèles génétiques supposent l’héritage d’une vulnérabilité qui, sous l’effet de certains événements, va pouvoir engendrer la survenue d’un trouble mental. Une pathologie va survenir qu’à condition que le sujet rencontre un événement stressant, révélateur de cette vulnérabilité. D’autres modèles toujours génétiques supposent qu’une dotation génétique particulière peut augmenter la probabilité qu’à un individu de rencontrer des événements stressants qui vont eux mêmes avoir comme effet de révéler cette vulnérabilité.

L’idée actuelle est de proposer une lecture intégrative des troubles mentaux qui prend appui sur les principaux modèles explicatifs et qui serait bio-psycho-sociale. Adopter une telle démarche, c’est se démarquer des modèles écologiques pour adopter une démarche étiopathologique (modèles qui ne s’intéressent pas au « pourquoi » des troubles mais au « comment ». l’objectif est de préciser les mécanismes qui seraient à l’origine du développement de symptômes chez un individu.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Normal vs Pathologique

Par Le 07/03/2017

La notion de normalité est dangereuse dans certaines circonstances et à certaines époques. Si la notion de normalité (du latin norma = équerne) n’est pas neutre et difficile à définir, elle est souvent associée aux représentations et à l’éthique d’une société. Il existe plusieurs conceptions de la normalité.

 

Définition de la normalité
 

La norme signifie le juste milieu, la moyenne, ce qui sert généralement de référence.

Les trois grands modèles de la normalité
 

La normalité statistique
 

La normalité statistique assimile la norme à la fréquence. Elle se réfère à un pourcentage majoritaire de comportements par rapport à une moyenne statistique. Dans cette optique, les individus dits normaux sont les individus moyens et sont considérés comme pathologiques les individus déviants de la norme ou de la moyenne. Ce qui est normal est alors ce qui s’observe le plus fréquemment. Pour exemple, les tests de Qi ont une moyenne arbitraire de 100, score qui représente une intelligence moyenne, normale.
 

Le caractère arbitraire de ce concept représente un obstacle en psychologie ; comment comprendre un phénomène psychologique qui, pour être normal, doit se situer au niveau d’une limite précise dans une distribution continue ? Il est difficile de trouver une moyenne précise aux phénomènes psychologiques. La fréquence d’un phénomène ne suffit pas à rendre compte dans plusieurs cas de la notion de normalité. En effet, des phénomènes peuvent être fréquents mais pathologiques. Enfin, la norme n’a un sens que par rapport à un contexte de référence.
 

La normalité idéale ou sociale
 

La normalité sociale fait référence aux règles éthiques, sociales et culturelles d’une société donnée. La normalité sociale assimile l’équilibre psychologique au conformisme social ou culturel. Elle désigne une perfection à laquelle l’idéal collectif aspire.
 

Il s’agit d’une notion insuffisante qui risque de faire considérer des attitudes passives de soumission silencieuse comme adaptées alors qu’elles peuvent cacher une véritable pathologie. Dans certaines conduites suicidaires, les jours précédents l’acte, le sujet peut être très calme, silencieux, donnant l’impression à l’entourage qu’il est tout à fait adapté. De même, dans le cas de la perversion, le sujet peut être tout à fait bien adapté socialement. A l’inverse, certains peuvent être marginaux sur le plan social mais tout à fait équilibré psychiquement.
 

Les normes sociales et culturelles ont influencées la nosographie psychiatrique comme l’illustre l’exemple de l’homosexualité. L’homosexualité a été considérée comme pathologique jusqu’en 1970. Aux Etats-Unis, il y a eu un mouvement de protestation des minorités sexuelles demandant une reconnaissance de leur singularité. On a alors distingué deux types d’homosexualité :

  • Une homosexualité ego syntonique (en accord avec soi) : forme d’homosexualité qui n’a pas d’aspect pathologique, qui est bien vécue par l’individu, sans signe de souffrance ou de culpabilité.
  • Une homosexualité égo dystonique (pas en accord avec soi) : elle n’est pas acceptée par l’individu. Les sujets ont des tendances homosexuelles mais accompagnées d’une grande culpabilité. Cette culpabilité les empêche d’avoir une vie sexuelle harmonieuse.

DEVEREUX a montré qu’il existait différentes acceptations de l’homosexualité selon les cultures. Par exemple, les indiens Mohave admettent l’homosexualité. Selon eux, l’homosexuel a reçu un message de la part d’un génie leur demandant de se « déguiser » en femme.
 

La normalité sociale demande de prendre en compte le point de vue de l’observateur. En tant que psychologue, il faut être conscient de ses références personnelles, des références liées au groupe auquel on appartient, à son milieu social et culturel. Comme tout observateur, nous intériorisons tout un système de normes ; on peut alors avoir des préjugés vis-à-vis de tout ce qui est différent. Des problèmes peuvent alors se poser lorsque l’on prend en charge des patients étrangers qui ont une façon différente de la notre de décrire leur trouble. Par exemple, un patient parlant de sorcellerie peut passer pour délirant alors qu’il s’inscrit simplement dans un référentiel culturel différent du référentiel occidental.
 

La normalité fonctionnelle
 

La normalité fonctionnelle correspond à l’état qui parait le plus approprié à un individu en fonction de ses caractéristiques psychologiques propres. Ainsi considérée, la normalité est identifiée par l’épanouissement psychologique et le fonctionnement optimal des diverses composantes de la personne.
 

En psychologie, on fait plutôt appel à une combinaison de ces critères pour analyser la normalité.
 

En 1966, CANGUILHEM proposa le concept de « normativité » selon lequel un individu sain est celui qui peut tomber malade et se rétablir ; c’est un individu capable d’instaurer de nouvelles normes de fonctionnement dans des contextes différents.

Cette ligne de réflexion conduit à définir la santé mentale non pas par l’absence de maladie ou par un nombre réduit de symptômes, mais par des capacités de changement et d’adaptation à des situations nouvelles.
 

Actuellement, on n’oppose plus les « normaux » aux « malades mentaux ». La majorité des psychopathologues considèrent qu’il existe un continuum entre les différents modes de fonctionnement psychique.
 

La normalité selon les modèles et les disciplines
 

La signification de la normalité peut être différente selon le modèle théorique auquel on se réfère. Les marges du normal et du pathologique peuvent se déplacer en fonction du modèle ou de la discipline.
 

Normalité en psychologie clinique
 

La psychologie clinique se réfère au fonctionnement propre d’un individu et non à un ensemble d’individus. Un état est considéré comme normal s’il est approprié à un individu donné avec ses caractéristiques et ses buts, la pathologie étant liée à une diminution des capacités d’adaptation et de création.
 

Normalité en psychanalyse
 

Selon le modèle psychanalytique, il y a une différence de nature entre l’expression d’un sujet sein et celle d’un patient névrosé. Par exemple, un sujet névrosé présentera des crises de larmes exagérées par rapport à un évènement donné comparativement à un sujet sein ; la différence est quantitative.

La réponse de type névrotique se traduit par une réaction excessive « c’est dans le plus que réside la névrose » selon FREUD. Pour KLEIN, le psychotique est en fusion totale avec sa mère, il n’a pas d’identité propre. Chez l’individu normal, le bébé est également fusionné avec sa mère ; c’est un stade par lequel tout le monde passe mais les psychotiques y resteraient bloqués.
 

Normalité et psychopathologie de l’enfant
 

Chez l’enfant, la notion de normalité est encore plus complexe à évaluer car on doit se référer à un niveau de développement tout en tenant compte des variations individuelles. Dans l’évaluation de la « normalité » d’une enfant, il faut tenir compte des stades de développement ; la présence d’un symptôme peut être problématique à un certain âge et tolérée à un autre. Par exemple, les angoisses nocturnes prendront différentes valeurs selon l’âge de l’enfant, le contexte d’apparition, la durée…

Les symptômes peuvent être différents selon le contexte familial, social, le niveau de maturation et la problématique de l’enfant. Il est donc important de tenir compte du système familial, culturel et social dans de lequel s’inscrit l’enfant.
 

Normalité et psychopathologie comportementale
 

Les théories béhavioristes n’évoquent pas de différence entre le normal et le pathologique. Selon cette théorie, il existe des comportements inadaptés qui sont dus à des défauts d’apprentissage.
 

Normalité et psychopathologie sociale et culturelle
 

L’antipsychiatrie (LAING, COOPER) des années 70 considérait le pathologique comme une aliénation de l’homme inscrit dans une société. Elle refuse la psychiatrisation des sujets, le pathologique se situant dans al société et non dans l’individu. Ainsi, pour comprendre une pathologie, il ne faut pas prendre en compte l’individu seul mais également sa famille et son environnement social.

Ce modèle donne naissance à l’idée selon laquelle l’institution psychiatrique a tendance à stigmatiser, aliéner les malades ; les empêchant de sortir, la structure ne fait qu’aggraver les malades.

La réhabilitation sociale consiste à ouvrir l’institution psychiatrique vers la société, par exemple en faisant créer aux malades des œuvres d’art afin de les exposer. Il en va de même pour les appartements thérapeutiques où le malade est inscrit dans la société tout en recevant régulièrement la visite du médecin psychiatre.
 

Souffrance et pathologie
 

La souffrance peut-elle être perçue comme le signe de la présence d’une pathologie ?

La souffrance du patient constitue un repère important en psychologie clinique dans la prise en charge de celui-ci.

Néanmoins, dans le cas de certaines pathologies comme la perversion, la souffrance du sujet n’est pas au premier plan, ne mobilisant pas chez eux une demande de prise en charge. Les pervers ne souffrent généralement pas, aucune culpabilité n’accompagne leurs actes. Ici, c’est l’apparition de culpabilité qui va représenter un signe positif pour la prise en charge.
 

Voir aussi :

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Histoire de la psychopathologie

Par Le 07/03/2017

Les conceptions magiques
 

Les conceptions psychopathologiques de la folie les plus ancienne sont les conceptions magiques. Elles sont présentes dès le début de l’humanité, bien avant l’arrivée des différentes religions monothéistes, bien avant la naissance de la médecine. Ces croyances magiques sont encore présentes aujourd’hui, surtout dans les sociétés traditionnelles (en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie). On fait appel à un guérisseur pour soigner le malade. Ces croyances existent en marge de la médecine officielle.

Exemples de conceptions :

« Mal de Ojo »

il existe dans le pourtour méditerranéen et signifie le mauvais œil. Les enfants seraient spécialement touchés par ce mal. Ils présenteraient un certain nombre de symptômes comme le sommeil agité, des pleurs sans raison apparente, diarrhée, fièvre. Les enfants touchés seraient des enfants que l’on aurait trop regardé par envie. Ce regard envieux provoquerait la maladie. Dans certaines sociétés, on va jusqu’à cacher les enfants particulièrement beaux.

« Rootwork »

Il existe dans le Sud des états unis parmi des populations d’origine africaine et européenne. La maladie est attribuée à des sortilèges, de la magie, de la sorcellerie ou à la mauvaise influence d’une autre personne. Les symptômes peuvent comporter de l’anxiété généralisée et des plaintes gastro-intestinales (nausées, vomissements, diarrhée), de la faiblesse, des étourdissements, une peur d’être empoisonné et parfois d’être tué. Les « roots », maléfices ou sortilèges peuvent provoquer une série de problèmes émotionnels et psychologiques. La personne ensorcelée peut même craindre la mort. Le guérisseur peut également être appelé pour ensorceler un ennemi.

« Speel »

Il s’agit d’un état de transe dans lequel les individus communiquent avec des proches décédés ou avec des esprits. Parfois, cet état est associé à de brèves périodes de changements de personnalité. Cette manifestation se rencontre parmi les américains d’origine africaine et européenne, dans le sud des états unis. Les « speels » ne sont pas considérés comme des phénomènes médicaux dans la tradition populaire mais ils peuvent être interprétés à tort comme des épisodes psychotiques en pratique clinique.

« Susto »

(peur ou perte de l’âme). maladie populaire prévalant chez certains Latinos aux états unis et parmi les populations du Mexique, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud. A l’origine, le Susto paraissait concerner les indiens kechua des Andes. C’est une maladie attribuée à un événement effrayant qui provoque le départ de l’âme hors du corps, ce qui cause malheur et maladie. Les personnes atteintes de Susto éprouvent des tensions importantes dans leurs contacts sociaux. Les symptômes peuvent apparaître n’importe quand, des jours ou des années après l’événement effrayant. Dans des cas extrêmes, le Susto pourrait provoquer la mort. Les symptômes typiques comprennent des troubles de l’appétit, un sommeil insuffisant et excessif perturbé par des rêves, une sensation de tristesse, un manque de motivation pour faire quoi que ce soit, des sentiments de dévalorisation t de malpropreté. Les symptômes somatiques accompagnant le Susto inclus des douleurs musculaires, gastriques et diarrhée. Les guérisons rituelles se concentrent sur le rappel de l’âme dans le corps et la purification de la personne pour rétablir l’équilibre corporel et spirituel. Différentes présentations du Susto peuvent s’apparenter au trouble dépressif majeur, à l’état de stress post traumatique et aux troubles somatoformes.

« Zar »

Terme employé en Ethiopie, en Somalie, en Egypte, au Soudan, en Iran et dans d’autres société d’Afrique du Nord et du Moyen Orient en rapport avec la possession d’un individu par les esprits. Il a existé jusqu’au 17-18éme siècle en Europe. Les personnes possédées par les esprits peuvent subir des épisodes dissociatifs pouvant se manifester par des cris, des rires, le fait de cogner la tête contre un mur, de chanter ou de pleurer. Ces personnes peuvent être apathiques, repliées sur elles-mêmes, refuser de manger ou d’accomplir les tâches quotidiennes. Elles peuvent à long terme développer une relation avec l’esprit possesseur. Localement, un tel comportement n’est pas considéré comme pathologique car le sujet n’est pas considéré comme responsable de son mal.
 

Ces étiologies des maladies ont pour but de donner un sens à la maladie et de proposer un système de causalité. Quelque soi la culture, les conceptions magiques ont toujours les mêmes caractéristiques :

  • la causalité est toujours extérieure à l’individu. Les conceptions magiques se situent à l’inverse du schéma médical classique ou la cause de la maladie est plutôt interne.

En psychopathologie, le trouble est intérieur au sujet, l’origine remontant à l’enfance de celui-ci. Dans les théories de psychopathologie sociale ou du stress, il y a un grand rôle accordé au milieu extérieur. Dans l’état de stress post traumatique, l’origine du trouble est par exemple un accident, donc externe au sujet.

  • les étiologies magiques sont surnaturelles : l’origine des troubles est liée à l’influence de divinités, d’esprits mythiques, de démons, de génies. Dans la possession, c’est un esprit hostile qui vient prendre possession du corps du malade.
  • Ces conceptions ne font pas de distinction entre le somatique et le psychique. Le trouble est considéré comme un malheur qui touche un individu dans son entier et son groupe familial et social.
  • Il y a des systèmes de traitements traditionnels. Dans ces rituels, le sujet n’est jamais pris en charge seul ; le traitement concerne le groupe familial et social. Tout le monde participe au traitement. Ces thérapies ont un rôle de régulateur, de traitement sociologique de la maladie. Il y a des rituels magiques et religieux.

Les étiologies traditionnelles réalisent quatre opérations :

  • elles définissent la maladie (laquelle, quels symptômes)
  • elles définissent les causes de la maladie (comme est-ce arrivé, par quels mécanismes)
  • elles définissent l’agent de la maladie (qui ou quoi est responsable)
  • elles définissent l’origine de la maladie (pourquoi est-ce arrivé)

dans les théories psychopathologiques, on propose également un système de causalité dont le contenu est différent.
 

Les conceptions médico-philosophiques de la maladie dans l’Antiquité grecque

Jusqu’au 18ème siècle, la philosophie et la médecine grecque de l’Antiquité servent de modèles médicaux. La maladie physique et mentale est conçue comme une rupture d’équilibre.

hippocrate.jpg Hippocrate, médecin grec né en 460 av. JC à Athènes est l’un des premiers à avoir renié les modèles magiques de la maladie. Il a intégré l’idée d’une médecine scientifique. C’est à lui et à la tradition autour de son nom que l’on doit la première classification connue des maladies dans l’histoire occidentale. Jusqu’à aujourd’hui, les médecins se réfèrent à lui par le biais du serment d’Hippocrate. Hippocrate commença à enseigner la médecine par la philosophie. Il dit qu’il n’y a pas de différence entre les deux disciplines. Il se réfère à la philosophie pour expliquer les « passions de l’âmes », pour expliquer ce qui n’est pas accessible par nos sens. Il se base sur l’observation et le raisonnement. Il refuse toute explication basée sur des forces naturelles.

Théorie de l’humeur

L’être humain est constitué de quatre humeurs naturelles qui correspondent à quatre propriétés fondamentales :

  • le sanguin correspond au chaud
  • le flegme correspond à l’humidité
  • la bile jaune correspond au sec
  • la bile noire correspond au froid

L’état de santé est un équilibre entre ces quatre humeurs. Quand il y a prédominance d’une humeur sur les autres, il y a déséquilibre, donc maladie. Hippocrate s’est intéressé aux maladies de l’esprit et en a décrit certaines.

La mélancolie

Le patient présente des troubles de l’humeur, de la culpabilité, de la tristesse, de l’indifférence affective, il se voit sans avenir. Ceci entraîne un ralentissement sur le plan psychomoteur. Hippocrate explique cet état par une sécrétion excessive de bile noire (mélas = noir ; col = bile).

L’épilepsie

Avant Hippocrate, l’épilepsie était considérée comme une maladie sacrée venant de Dieu. Le malade présente des moments d’inconscience, des convulsions, devient raide et ne se contrôle plus sur le plan moteur. Hippocrate disait que le siège de cette maladie était le cerveau et quelle était liée à une sécrétion excessive de bile jaune. Il dit à ce sujet « Il me semble qu’elle n’est pas plus divine, ni plus sacrée que d'autres maladies, mais qu’elle a une cause naturelle comme d'autres affections. L’homme considère sa nature et la croit divine à cause son ignorance et de sa crédulité ... »

L’hystérie

Elle est différente de la personnalité hystérique. Pour Freud, l’hystérie est liée à un conflit sexuel. Hippocrate parlait de l’hystérie de conversion. Il a repris l’ancienne théorie des égyptiens datant de 2000 an av. JC. Selon cette théorie, l’hystérie était due à la migration de l’utérus dans le corps de la femme. C’est une idée magique cependant qui permet de faire un lien entre l’hystérie et la sexualité.

Au 5ème siècle, la médecine est assimilée au culte païen. Cette médecine fut reprise et développée par la médecine arabe entre le 10ème et le 13ème siècle. C’est un apport important car la médecine arabe va traduire les textes grecs, apporter la médecine chinoise et développer son propre apport : - Rhases a écrit « collijet » traduit par Bonacosa

- Avicenne a écrit « le canon de la médecine » au 12ème siècle

- Ibnimran a écrit « traité de la Mélancolie » en insistant sur les aspects psychologiques et thérapeutiques
 

La conception du fou au Moyen Age

Dans la première moitié du Moyen Age, la médecine accorde de plus en plus d’importance aux esprits et les théories psychologiques sont d’ordre métaphysiques. Le fou est surtout vu comme celui qui est possédé par le diable. Il faut donc exorciser le diable pour soigner l’esprit. Les thérapeutiques sont d’ordre magico-religieuses (la confession, la pénitence, le repentir public, les pèlerinages dans les lieux saints). Le fou est quelqu’un d’accepté socialement ; il bénéficie d’une aide humanitaire, du soutient de son groupe familial et social. C’est quelqu’un de marginal mais qui est reconnu et socialisé (fête des fous, danse de St Guy…).

Dans la deuxième partie du Moyen Age, la peur est omniprésente d’un point de vue social. Elle est liée à des facteurs traumatiques, des difficultés des pouvoirs politiques et religieux. La folie personnifie les pêchers du monde. Le fou est un bouc-emissaire. La conception des sorcières domine la courant médical. Les médecins se basent assez rarement sur l’observation, sauf Paraclese (1493-1541). En 1348, la peste noire fait des milliers de victimes. Elle entraîne un traumatisme profond dans la société ce qui ébranle l’autorité du pouvoir et remet en cause les lois religieuses. On assiste à une montée des sectes. Pour rétablir l’ordre suit aux crises politiques et de l’ordre moral, le pape Innocent III décrète l’inquisition : lutte contre toutes les formes d’hérésies par le moyen d’enquêtes systématiques : chasse aux sorcières… Les fous sont les premiers à monter sur les bûchers car, comme ils sont possédés par le démon, ils doivent subir les punitions réservées aux complices de Satan.
 

La psychanalyse

En réaction à ce courant va naître la psychanalyse. Un certain nombre de médecins va commencer à demander à ce que ces fous accusés de sorcellerie soient traités par la médecine. Un des premiers à avoir fait cette demande est Wyer. Il a publié en 1663 un ouvrage nommé « l’imposture du diable ». Wyer est le précurseur de l’expertise psychiatrique. Au début, il n’ose pas s’opposer aux prêtres donc il propose la mise en place d’expertises avant les procès en sorcellerie. Il s’oppose aux évêques en proposant que l’avis d’un médecin soit pris avant chaque procès. Il va petit à petit démonter la conception démoniaque en montrant par exemple que les gens peuvent se retrouver dans un état second après la prise de certaines substances. Wyer va marquer le début d’une période humaniste marquant l’entrée dans la Renaissance.

Aux 17ème, 18ème siècles, les références métaphysiques sont abandonnées au profit d’une médecine expérimentale. Les découvertes médicales se multiplient. Dans le domaine de la pathologie, on se base maintenant sur des descriptions sémiologiques.

Jusqu’au milieu du 18ème siècle, l’étude de la folie n’est pas séparée de celle des autres maladies. Mais un courant médical tente de sortir du courant magique. Des asiles sont crés où sont enfermés les fous mais aussi les vagabonds, les marginaux. Le fou reste un marginal, un être dangereux que l’on enchaîne, à qui on ne parle pas.

pinel.jpg Celui qui changera cette conception est Philippe Pinel. Il est très imprégné par la conception medico-phylosophique grecque. Il va être connu pour son apport humaniste à la psychiatrie. Il propose libérer de leurs chaînes les aliénés en 1793, pendant la révolution française. C’est un geste symbolique qui marque la naissance de la clinique psychiatrique. Il considère que le fou est un individu à part entière. Il dit que le fou ne l’est jamais totalement, qu’il y a toujours une part de raisonnable à laquelle on peut s’adresser. Pinel change le rapport du médecin au fou. Il met l’accent sur la maladie et le malade en tant que sujet. Il va décrire un grand nombre de névroses, l’hypocondrie, la mélancolie, les manies et les démences. Il est l’un des précurseurs de la notion de névrose traumatique. En travaillant comme médecin pendant les guerres napoléoniennes, il a constaté que les soldats étaient paralysés par la peur, effrayés, faisaient des cauchemars. Il dit que la pathologie est liée à des chocs psychiques (ici l’effroi) et non physique.

La psychiatrie devient une discipline à part entière.

Esquirol, élève de Pinel, reste très fidèle aux théories de celui-ci. Ce qui l’intéresse est le traitement moral, notion clé de la psychiatrie naissante. La maison d’aliénés est un instrument de guérison, c’est l’agent thérapeutique le plus puissant contre les maladies mentales. Esquirol est à l’origine de la loi de 1838 qui régit les modalités d’internement. caque département est tenu d’avoir un asile d’aliénés. c’est à partir de cette loi qui naissent un grand nombre d’établissements psychiatriques dans toute l’Europe donnant l’occasion aux psychiatres de faire des observations cliniques sur un grand nombre de patients. Vont se développer les consultations privées (Freud, Janet…).

Les psychiatres vont commencer à observer différentes maladies. Ils font au début référence aux théories organicistes ; les psychiatres cherches une cause organique aux troubles mentaux. Pour chaque trouble, on cherche une lésion correspondante. S’en suit un certain nombre de découvertes comme celle de Bayle (1822) qui fait le lien entre la méningite chronique et un délire de grandeur. Cependant, aujourd’hui on sait qu’il ne s’agissait pas de la méningite mais de la syphilis. Paul Broca va lui faire le lien en 1861 entre une lésion localisée dans le cerveau (hémisphère gauche) et l’aphasie (trouble du langage). Ces différentes découvertes vont stimuler les psychiatres qui vont avoir tendance à toujours chercher une cause organique aux troubles mentaux. Par exemple, pour des soldats présentant des troubles anxieux, les médecins ont proposé que la cause soit une vibration électrique d’une zone cérébrale provoquée par des éclats d’obus. on sait aujourd’hui que l’anxiété est due à un état d’effroi ressenti face à la guerre.

A cette époque, on se référait également aux théories de la dégénérescence dans lesquelles on fait appel à l’hérédité, aux aspects constitutionnels. Par exemple, la perversion et la paranoïa étaient perçus comme des troubles constitutionnels. Toutes affections anormales étaient reliées à des aspects héréditaires. Cependant, faire appel à l’hérédité entraîne des jugements moraux ayant pour conséquence la marginalisation des malades mentaux.

Enfin, les théories psychogènes vont mettre l’accent sur des facteurs psychologiques. Ces théories signent la naissance de la psychopathologie.
 

La psychopathologie

Ce terme est employé pour la première fois en 1878, en allemand, par Emmingaus pour désigner une psychiatrie clinique qui s’intéresse à des individus malades mais de manière singulière.

Celui qui marque la naissance de la psychopathologie en France est Ribot. Il va créer un enseignement de psychopathologie au début du 20ème siècle, au moment où la psychologie commence à être séparée de la philosophie sur le plan de l’enseignement. Ribot va surtout développer un enseignement sur la méthode pathologique. Il veut comprendre les troubles de la personnalité dans le but de comprendre le fonctionnement normal. Sa méthode concerne l’étude de tous les traits psychologiques : la perception, la mémoire, la volonté, les sentiments, le langage... Il veut étudier tous les comportements pathologiques qui peuvent apparaître à ces niveaux. La maladie est vue comme une situation expérimentale. Selon Ribot, la psychologie morbide est une façon d’accéder à la psychologie normale. Ribot voit en la psychopathologie un continuum entre l’esprit sain et malade.

Janet, élève de Ribot, a enseigné au Collège de France en 1895. Son œuvre est considérable dans la compréhension de l’hystérie. il fut l’un des premiers à parler de subconscient (l’inconscient de Freud) 6 ans avant Freud. Il consultait principalement en cabinet et proposait aux hystériques des traitements basés sur l’hypnose. Il s’est surtout intéressé aux amnésies hystériques. Pour lui, elles sont liées à des souvenirs localisés au niveau du subconscient. Cette idée va être reprise par Freud quand il parle de refoulement des souvenirs traumatiques.

180px-Pr_Charcot_DSC09405.jpgCharcot a tout d’abord étudié un grand nombre de maladies neurologiques, comme la sclérose en plaques. A la fin de sa carrière, il s’est intéressé à l’hystérie. Il a donné des cours devant une assistance variée en présence de malades. Selon lui, on peut reproduire les symptômes hystériques par l’hypnose. pendant ses cours, il hypnotisait des malades qui faisaient des « crises d’hystérie ».
 

Freud et la psychanalyse

La psychopathologie va consister à expliquer le comportement normal d’un individu d’après ses déviations. La psychanalyse serait une forme particulière de la psychopathologie, un modèle explicatif de la psychopathologie.

150px-Sigmund_Freud-loc.jpgFreud est né à Freiberg en 1856. Il a d’abord suivi une formation médicale puis a entrepris des recherches en physiologie. En 1880, il devient docteur en médecine. Avec Meynert, il travaille dans un service de neurologie où il va acquérir ses premières expériences cliniques. En 1885, Freud vient suivre l’enseignement de Charcot. Il va rester 4 mois en stage à la Salpétrière où il assiste aux présentation de cas d’hystérie par Charcot. Il ouvre à Vienne son premier cabinet libéral. Il reprend les hypothèses de Charcot sur la suggestion hypnotique des hystériques. Il veut comprendre les maladies nerveuses, l’origine des troubles et les soigner. Il utilisera d’abord l’électrothérapie, méthode utilisée jusque dans les année 60. Comme cette méthode ne permettait pas de comprendre les individus, il s’est orienté vers l’hypnose et la suggestion.

Au début, Freud travaille avec Breuer. Pour Freud, à l’origine de l’hystérie, il y a toujours un événement traumatique dans l’histoire du patient, événement qui a provoqué une émotion pénible. L’origine de l’hystérie est liée à un choc émotionnel, c’est à dire un événement qui a provoqué de la honte, de la colère, de la peur… Au début, Freud pensait qu’il pouvait s’agir de n’importe quel événement puis il a développé l’idée qu’il s’agissait de traumas sexuels, en particulier des séductions, agressions sexuelles d’un adulte sur un enfant. Le sujet va avoir tendance à refouler le souvenir de cet événement, à l’oublier pour ne pas souffrir. Cependant, l’affect lié à l’événement ne peut pas être refoulé. L’émotion va se convertir sur un plan somatique ; elle va apparaître sous forme de douleurs, de paralysies, de symptômes hystériques. Il y a une séparation entre le symptôme et le souvenir. Freud pense alors que si on retrouve l’événement traumatique, on va pouvoir associer souvenir et affect et ainsi guérir. Il s’agit de la méthode de la catharsis (décharge émotionnelle) censée libérer le sujet. Pour arriver à la catharsis, Freud emploie d’abord l’hypnose : pendant que le sujet est endormi, il lui demande de se rappeler l’événement qui s’est produit lorsque les premiers symptômes sont apparus. Freud abandonne l’hypnose car, quand le sujet se réveille, il ne se souvient pas de ce qu’il a pu dire sous hypnose. Cela maintient toujours le clivage. Il va alors développer la méthode de l’association libre : le sujet est allongé et on lui demande de dire tout ce qui lui passe par la tète sans émettre aucune résistance, aucune barrière. Petit à petit, le sujet va lui même arriver au souvenir traumatique et avoir une décharge émotionnelle consciente.

En 1887, Freud pense que ces traumatismes ne sont pas liés à des événements réels mais à des fantasmes qui correspondent au Complexe d’Œdipe (attirance pour le père et rivalité avec la mère). Le patient névrosé n’aurait pas dépassé cette rivalité et il y aurait une dépendance trop forte au père. Aujourd’hui, il y a un débat autour de cette idée car certain disent que ces agressions sont réelles. D’autres disent que l’important n’est pas ce qui arrive mais comment le sujet je perçoit.

La psychanalyse est aussi une technique d’investigation du fonctionnement psychologique.

Jaspers est l’un des premiers à avoir parlé de psychopathologie au sens actuel du terme en 1913. Il était psychiatre et s’intéressait à la nosographie (description des troubles). Son but était de comprendre la psychologie des sujets. Il voulait étudier les états d’âme des sujets malades, leur vécu psychique, leur discours, les circonstances, causes des troubles mentaux. Il voulait étudier tous les facteurs psychologiques qui peuvent mieux faire comprendre le pathologique. Il avait une approche très phénoménologique : il faut être attentif au vécu et aux expériences des patients.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Qu'est ce que la psychopathologie?

Par Le 07/03/2017

La psychopathologie désigne l’ensemble des théories qui proposent une explication et une compréhension des troubles mentaux. Elle désigne également un trouble comme la phobie par exemple.

La psychopathologie est la branche de la psychologie qui est définie par son objet, c’est à dire l’étude des troubles mentaux. On peut par exemple parler de psychopathologie sociale qui étudie les troubles mentaux et le contexte social qui peut favoriser l’émergence de certaines pathologies. On peut également parler de psychopathologie de l’enfant où l’étude porte sur les enfants.
 

La psychopathologie est à distinguer de la psychologie clinique
 

Le mot « clinique » est un terme médical qui signifie en grec (kline) le lit. Un examen clinique est un examen « au lit du malade ». Il y a eu une généralisation de la psychologie clinique. C’est une pratique professionnelle qui intervient dans le champ de la santé, pour les patients mais également pour l’équipe médicale. Elle intervient également en entreprise.

La psychologie clinique correspond à un champ de pratiques professionnels avec deux types d’activités :

  • une activité d’évaluation psychologique (diagnostique, profil de personnalité). Les cliniciens s’aident des méthodes dites cliniques : tests projectifs, échelles cliniques, entretien clinique, observation clinique et épreuves standardisées comme les tests psychométriques.
  • Une activité d’intervention psychologique : activité d’aide, de soins ; l’ensemble des thérapies.

La psychologie clinique correspond à une formation universitaire qui est réalisée en 5 ans. Il y a des lois en cours afin de protéger le tire de psychologue et celui de psychothérapeute.

La psychologie clinique correspond enfin à un champ de recherche.
 

La psychopathologie est à distinguer de la psychiatrie
 

Elles sont très liées sur le plan historique. Jusqu’au 18éme siècle, l’étude des troubles mentaux appartenait aux médecins. La psychiatrie est une branche de la médecine qui est née à la fin du 18ème siècle. Son but essentiel est de traiter. La psychopathologie est un enseignement donné aux médecins. La psychiatrie s’inspire de la physiologie, du droit, de la chimie et de la biologie. Les psychiatres donnent des traitements chimiothérapeutiques. Il y a des psychiatres qui vont de former en dehors de leur formation de médecin à la psychanalyse et à la psychothérapie.
 

La psychopathologie est à distinguer de la psychanalyse
 

La psychanalyse a été crée par Freud à partir de son expérience auprès des patients névrosés. C’est une théorie étiologique (étude des causes) des troubles mentaux, en particulier des névroses. Par exemple, la psychanalyse explique que le névrosé ne dépasse pas le conflit œdipien alors que l’homme sain le dépasse, mais tous deux rencontrent ce conflit.

La psychanalyse est une méthode thérapeutique. Pendant la cure type, le sujet est allongé sur un divan pendant ¾ d’heur, trois à cinq fois par semaine. La consigne est toujours celle de la libre association : elle sert à mieux connaître le psychisme d’un individu et à le libérer de ses conflits, de ses résistances.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)