La tenue vestimentaire
 

Certains patients portent des tenues vestimentaires étonnantes, surprenantes ou bizarres dans la mesure où elles contrastent avec leur âge, leur sexe ou leur statut social. Le relevé sémiologique concernant la tenue vestimentaire ne consiste en aucun cas à porter un jugement de valeur conformiste par rapport à la fantaisie vestimentaire de la mode. Les observations sémiologiques concernent les contrastes, les incohérences, les contradictions, les décalages importants et non les originalités esthétisantes et individualisantes.
 

La mimique et les expressions faciales
 

La mimique est l’ensemble des expression du visage et des expressions du regard. La mimique traduit l’état affectif dans lequel nous sommes. Elle vient appuyer les paroles et les pensées.
 

Les hypermimies
 

Il s’agit d’expressions faciales exagérées. Elles peuvent être généralisées ou polarisées.

Les hypermimies généralisées concernent tous les muscles de la face. Le regard est anormalement mobile, il ne fixe pas, est sans cesse aux aguets (exemple de l’expression d’euphorie chez le maniaque).

Les hypermimies polarisées expriment un seul thème affectif comme âpr exemple l’angoisse (exemple de l’expression de la passion chez le paranoïaque revendicateur).
 

Les hypomimies
 

Elles sont également appelées paucimimies, le préfixe pauci- signifiant peu nombreux. Elles sont caractérisées par la rareté du mouvement du visage et du regard.
 

Les amimies
 

Elles sont caractérisées par l’immobilité complète du visage. Le regard est fixe, vague, vide ou accaparé par un objet (exemple de l’expression de souffrance, de douleur morale et d’inhibition chez le mélancolique).
 

Les dysmimies
 

Une dysmimie signe une discordance, une dissonance, un hiatus, une contradiction, une fausse note entre l’expression faciale et affective. On parle de paramimies ou de mimiques discordantes lorsque l’expression physionomique est en contradiction avec l’expression verbal ou le vécu actuel du sujet.

On parle de mimique d’emprunt lorsqu’il y a la reproduction en miroir des mouvements de l’interlocuteur.
 

L’hypersyntonie
 

Le patient va être syntone à l’ambiance, il va coller à celle-là. Par exemple, s’il est en présence d’une personne qui pleure, il va pleurer également.
 

Les troubles psychomoteurs
 

L’agitation
 

L’agitation survient généralement par crises au cours desquelles l’implication psychologique et son corrélât moteur sont confondus dans des mouvements désordonnés qui s’expriment en actes agressifs, impulsifs, coléreux, menaçants ou spectaculaires. Dans l’hyperactivité, le comportement reste coordonné alors que dans la fureur, le sujet perd tout contrôle de lui même.

L’agitation prend des formes distinctes selon le contexte psychopathologique dans lequel elle s’exprime. elle peut être :

  • euphorique chez les sujets dont l’humeur est expansive, comme les maniaques par exemple
  • destructrice lors des conduites suicidaires ou des comportements d’automutilation
  • imprévisible, discordante dans certaines formes de schizophrénie
  • théâtrale, visant à lancer un appel au secours à l’entourage chez certains patients hystériques
  • anxieuse chez certains patients souffrants d’attaques de panique
     

L’impulsion et le raptus
 

L’impulsion désigne le besoin impérieux d’accomplir soudainement un geste ou un acte. Cette urgence à accomplir un acte échappe au contrôle volontaire de la personne. Les impulsions peuvent être :

  • des actes d’hétéro-agrassion ou d’auto-agression
  • des comportements inadaptés : fugues…
  • des satisfactions instinctives : conduites sexuelles compulsives, excès de boisson…

Les impulsions traduisent l’irruption de pulsions internes ou répondent à des exigences délirantes.

Les impulsions violentes immédiatement agis telles que le suicide, l’agression ou le meurtre sont appelées raptus.
 

Les parakinésies
 

Il s’agit de gestes automatiques, de mouvements répétés inlassablement et reproduits invariablement par le patient. Les plus fréquents sont les stéréotypies, comme par exemples celles de certains schizophrènes où de certains déments (grattage, balancement, rotation, contorsion répétitive de la main…).

Elles ne doivent pas être confondues avec les dyskinésies qui s’observent souvent en psychiatrie du fait de l’utilisation extensive des traitements neuroleptiques.
 

Les tics
 

Les tics sont des mouvements ou des vocalisations, soudains, rapides, involontaires, récurrents, brusques, stéréotypés, conscients, non rythmiques, sans but précis, qui viennent surcharger une motricité normale par ailleurs. Chez un même sujet, le tic dominant est généralement toujours le même, s’amplifiant avec l’anxiété, les émotions, diminuant dans les situations de détente et susceptible de déplacements topographiques avec le temps.

Lorsque le tics moteurs sont multiples est associés à des troubles du langage, ils constituent la maladie de Gilles de la Tourette. En 1885, Gilles de la Tourette la décrivit ainsi : « précipitation exagérée de mouvements et d’idées étranges : tics, grimaces, bruits, jurons, imitations et compulsions involontaires de toutes sortes, s’accompagnant d’un humour espiègle et d’une tendance à la bouffonnerie et aux incongruités. » elle peut être associée à une coprolalie (énoncé de mots grossiers), d’une écholalie (mimétisme verbal) et à une échomimie (mimétisme mimique et/ou gestuel).
 

La bradykinésie
 

La bradykinésie consiste en un ralentissement moteur, une baisse de l’activité. elle peut aller jusqu’à l’apragmatisme où le patient n’arrive plus à faire les gestes de la vie quotidienne (soins corporelles, repas…). Elle est généralement présente dans les états dépressifs.
 

La stupeur
 

La stupeur est un état de suspension de toute activité motrice : mimique, gestes, langage. Elle se traduit par l’immobilité, la sidération motrice. Elle s’accompagne souvent d’un mutisme, d’un refus de s’alimenter, d’un arrêt de toute activité, y compris de l’activité intellectuelle.
 

La catalepsie
 

La catalepsie est un trouble aigu du tonus et de l’initiative motrice. Il s’agit d’une conservation indéfinie des attitudes imposées passivement au malade, par perte momentanée de la contraction volontaire des muscles. Elle s’observe dans les états hypnotiques, dans la schizophrénie et dans certaines affections du système nerveux central.
 

Les troubles du langage
 

On distingue les troubles qui touchent la dynamique du discours de ceux touchant le contenu du discours.
 

La dynamique du discours
 

Ces troubles accompagnent les troubles de l’agitation ou du ralentissement décrits auparavant.

Dans le contexte d’une agitation psychomotrice, on retrouve une logorrhée verbale qui consiste en une accélération du débit verbal. Elle est caractérisée par une surabondance de paroles. Le discours est très difficile à suivre du fait de sa rapidité et de son manque d’organisation. cet état caractérise le discours du patient en phase maniaque.

A l’opposé, on parle de bradyphémie dans le contexte d’un ralentissement psychomoteur. Il s’agit d’un ralentissement du flux verbal d’un discours généralement monothématique. Elle caractérise le discours du patient déprimé.

D’autres troubles peuvent être relevés tels que :

  • l’écholalie : répétition en échos de mots ou de phrases venant d’être entendues par le patient. Elle ressemble à la façon de communiquer des autistes.
  • Les persévérations verbales : à différents moments du discours, le patient va répéter des mots, des phrases ou une partie de phrase qui appartient à un moment extérieur au dialogue
  • Le mutisme est l’absence totale de production langagière.
     

Le contenu du discours
 

Différents troubles peuvent être observés comme :

  • les néologismes : création d’un mot nouveau sans signification apparente par le patient pour son usage personnel. Le patient peut donner une signification à ce mot.
  • Les paralogismes : utilisation d’un mot connu dans un sens inhabituel.

Ces deux troubles sont présents massivement chez les patients schizophrènes. Le concept de schizophasie désigne le langage incompréhensible produit par un patient schizophrène.