Marlène FOUCHEY, psychologue Meyzieu - Patrick DUMAS, psychiatre Meyzieu Cabinet NeuroPsy Meyzieu

Généralités sur les personnalités pathologiques

marlenearts Par Le 14/06/2017

Dans Les troubles de la personnalité

Quelques définitions de personnalité, caractère, tempérament avant d'aborder la personnalité pathologique

Définitions...

Avant d’aborder les personnalités pathologiques, il semble nécessaire de s’arrêter un temps sur la définition même de la personnalité. En effet, déjà pendant l’Antiquité, l’homme avait conscience qui était porteur de certaines régularités psychologiques. Leur description a varié selon les époques en s’attachant soit à l’intelligence, au physique, au comportement ou encore aux sentiments. Il existe un ensemble de termes variés qui définissent ses régularités psychologiques :

  • le caractère désigne les aspects invariants du comportement. Ce sont les manières, les façons de réagir, les attitudes qui sont propres à un individu et qui permettent de le distinguer des autres. Aujourd’hui , par extension, le caractère englobe également les régularités affectives et de l’humeur d’un sujet. Widlöcher et Basquin définissent le caractère comme « l’ensemble des traits gravés observables qui, chez un individu ou dans un groupe, définissent une manière habituelle de se comporter dans un certain type de situation ou vis-à-vis de certains objets ».
  • Le tempérament fait référence aux correspondances physiques du caractère. Galien au 2ème siècle décrivait quatre tempéraments : le sanguin, le colérique, le mélancolique et le lymphatique. Millon et Davis (1996) définissent le tempérament comme "la disposition constitutionnelle d'un individu par rapport à l'activité et l'émotivité".
  • La personnalité reste difficile à définir. En effet, ce terme a changé plusieurs fois de définition. Ce mot provient du latin "persona" qui désigne le masque de théâtre. C’est la façon dont on se montre, le personnage social que l’on réalise, l’apparence externe, tournée vers les autres. Sous l’influence du christianisme, la personnalité pris un sens inverse, tourné vers l’intérieur. il désigne dans ce cadre l’unicité de l’individu centré sur son âme. Enfin, avec l’avènement de la psychologie, la personnalité fut décrite comme la somme des différentes facultés d’un individu.

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La personnalité renvoit à un système stable et répétitif; Piaget parlait de programme d'éxistence pour désigner la personnalité. Elle désigne l'intégration stable et individualisée d'un ensemble d'émotions, de cognitions et de comportements. Elle correspond aux modes de réactions (à l'environnement) émotives, cognitives et comportementales qui caractérisent chaque individu.

  • Le terme type désigne un modèle ou une forme qui se reproduit de façon identique à plusieurs exemplaires.

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Qu'est ce qu'une personnalité pathologique?

Les personnalités pathologiques regroupent des entités pathologiques stables et durables tout au long de la vie d’un individu. Elles sont habituellement repérables dès la fin de l’adolescence ( au début de l’âge adulte). Le diagnostic de trouble de la personnalité doit se faire généralement en dehors de la présence d’un trouble mental avéré qui peut transitoirement altérer le fonctionnement de la personne.

L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) définit les troubles de la personnalité comme "des patterns comportementaux profondément implantés ou stables qui se manifestent comme des réponses rigides à une grande variété de situations sociales et personnelles. Ils représentent une déviation extrême ou importante par rapport à la manière dont l'individu moyen dans une culture donnée perçoit, pense, sent et, en particulier, établit des relations avec les autres. Un tel pattern comportemental tend à être stable et à inclure de nombreux domaines de fonctionnement comportemental et psychologique. Ils sont fréquemment, mais pas toujours, associés à des degrés divers de detresse subjective et à des problèmes dans le fonctionnement social."

41VDMEF8JGL__SY445_.jpgDans leur ouvrage "Comment gérer les personnalités difficiles", Lelord et André expliquent "Une personnalité devient difficile quand certains traits de son caractère sont trop marqués ou trop figés, inadaptés aux situations et qu'ils entrainent souffrance pour soi-même ou pour autrui (ou pour les deux). Cette souffrance est un bon critère pour porter le diagnostic de personnalité difficile".

L’épidémiologie des troubles de la personnalité a été très étudiée dans certaines personnalités pathologiques et très peu dans d’autres. on assiste souvent à une grande variabilité statistique qui est surtout due aux outils utilisés pour poser le diagnostic de personnalité pathologique. On estime à l’heure actuelle que les troubles de la personnalité touchent 2,7 % à 3,5 % de la population générale. On observe une augmentation de la prévalence de ces troubles dans des groupes pathologiques puisqu’on estime que, pour les déprimés, 33 % à 62 % d’entre eux présentent une personnalité pathologique ; ces estimations sont de 27 % à 56 % pour les patients anxieux.

 


 

Critères diagnostics du DSM pour les troubles de la personnalité

A. Les troubles de la personnalité constituent une modalité durable de l’expérience vécue et des conduites qui dévient notablement de ce qui est attendu dans la culture de l’individu. cette déviation doit se manifester dans au moins deux des quatre domaines suivant :

  • pla cognition : perception, vision de soi même, des autres et des événements
  • l’affectivité : la diversité, l’intensité, la labilité et l’adéquation des réponses émotionnelles
  • le fonctionnement interpersonnel
  • le contrôle des impulsions

B. ces modalités durables sont rigides et envahissent des situations personnelles et sociales très diverses.

C. Ce mode durable entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.

D. Ce mode est stable et prolongé et ses premières manifestations sont décelables au plus tard à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

E. Ce tableau n’est pas mieux expliqué par les manifestations ou les conséquences d’un autre trouble mental.

F. Ce mode durable n’est pas dû aux effets physiologiques d’une substance ou d’une affection médicale générale (par exemple un traumatisme crânien).
 

Hypothèses explicatives

A l’heure actuelle, aucune hypothèse étiologique définitive ne peut être retenue pour expliquer l’apparition d’un trouble de la personnalité. Ce sont des traits de personnalité qui s’installent progressivement chez un individu tout au long de son développement et s’organisent en personnalité pathologique à la fin de l’adolescence ou au début de l’âge adulte.
 

Prises en charge

Etablir le diagnostic de trouble de la personnalité

Au cours des premiers entretiens, certains indices cliniques doivent faire penser que l'on est en présence d'un trouble de la personnalité à savoir:

  • le patient et/ou son entourage se plaignent de réactions comportementales chroniques, excessives, inadaptées à la situation
  • le patient a déjà essayé de nombreuses thérapies auparavant (généralement sans succès, elles seront d'ailleurs souvent critiquées par ce même patient)
  • le patient souffre d'un manque de références internes adaptées
  • le monitorage de soi est pauvre et médiocre
  • le monitorage des autres est déféctueux
  • la thérapie est caractérisée par des séries de crises
  • il existe une non compliance thérapeutique
  • les comportements sont rigides et compulsifs
  • le patient critique la thérapie, le fait de ne pas observer de changement
  • les croyances sont rigides et la perception des évènements est massivement baisée avec des difficultés à en avoir une autre lecture que la sienne propre
     
Durant la thérapie

Les prises en charge sont souvent délicates et les résultats peu spectaculaires. En effet, souvent, le sujet ne ressent pas immédiatement une souffrance et n’est donc pas motivé à consulter. C’est souvent à la demande de son entourage qu’il le fait. Le fonctionnement de la personnalité pathologique est souvent rigide et peu accessible aux modalités de prise en charge. Il n’y a pas de véritable symptôme sur lequel travailler. La thérapie doit viser à aménager les défenses de l’individu pour les rendre plus souples, moins rigides. Elle doit également travailler sur les différents modes relationnels que le sujet entretien avec les autres, et aussi aborder les représentations cognitives que le sujet possède, non seulement de son fonctionnement mais également de celui des autres. Dans certains cas, la thérapie doit permettre au sujet d’avoir plus d’autonomie, de confiance en lui même et de devenir moins dépendant d’autrui.

Au cours des différentes séances, on constatera:

  • une très grande difficulté chez le patient à rapporter ses sentiments et ses émotions
  • Les patients se montrent incapables de repérer les images mentales ou d'accéder aux pensées automatiques
  • Ils attribuent assez peu ce qui leur arrive comme un phénomène interne; la cause rapportée est généralement externe d'où des difficultés de remise en question
  • Difficultés à cibler une problématique. Le patient décrit de façon vague son problème, il parlera de malaise général.
  • Il peut y avoir une dépendance au thérapeute.
  • Le patient manifeste un sentiement d'impuissance avec l'impression que les choses ne peuvent pas changer.
  • Le noyau du problème est souvent centré sur les relations interpersonnelles
  • Le travail collaboratif est pratiquement impossible
  • Le patient aura une compréhension intellectuel du problème mais ses sentiments, ses croyances et ses comportements restent inchangés.
     

Les différentes personnalités pathologiques selon le DSM IV TR

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

 

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