1.La théorie psychanalytique
 

Il existe autant de définitions de la personnalité que de théories psychologiques. Cependant, elles ‘accordent toutes sur un certain nombre de notions mêmes si elles leur donnent des interprétations différentes.

D’une manière générale, il s’agit d’un concept global qui procède certain caractères de permanence. Elle évolue avec l’âge jusqu’à la fin de la vie. La personnalité se forge au fur et à mesure des évènements de vie rencontrés (elle est par là différente du tempérament). Elle correspond à l’organisation affective du sujet, l’affectivité déterminant le plus les actions.

Pour certain, la personnalité est structurée, organisée. Du point de vue structural, elle signifie que chacun a des éléments de personnalité qui ne prennent leur valeur que par rapport aux autres. Du point de vue associationniste, ces éléments sont juxtaposés les uns aux autres et restent relativement indépendants. La personnalité est dynamique : les éléments qui la constituent sont soumis à des forces dues à des stimulations d’origine interne et/ou externe. Ces éléments interagissent entre eux.
 

1.1.Structure de la personnalité
 

Freud a qualifié l’étude de la personnalité comme étant « structurale ». Il parle en termes de « topiques » (mot venant du latin « topos » qui signifie « lieu »). Il a proposé deux modèles de structure de la personnalité :

  • En 1900 : la première topique
  • En 1920 : la deuxième topique
     

Dans la première topique, Freud distingue dans la personnalité l’inconscient, le préconscient et le conscient. Dans la deuxième topique, il distingue trois instances : le ça, le moi et le surmoi.

Le ça constitue le réservoir des dispositions héréditaires et de l’énergie pulsionnelle. Le surmoi se constitue par l’intériorisation de tout ce que l’éducation apporte à l’enfant (les interdits, les valeurs morales et leur hiérarchie). Le moi est une instance médiatrice qui harmonise les influences opposées du ça et du surmoi et qui adapte la personnalité à la réalité extérieure.

Ces deux topiques sont complémentaires, l’une n’excluant pas l’autre.
 

1.2.Dynamique de la personnalité
 

Qu’il s’agisse de la première ou de la deuxième topique, les lieux psychiques qui constituent la personnalité ne sont pas juxtaposés et neutres les uns par rapport aux autres. Ils sont le siège de forces qui s’affrontent. Les instances s’opposent entre elles ce qui peut entrainer l’apparition de conflits psychiques. Ces fonctionnements en perpétuelles tensions représentent la dynamique de la personnalité.
 

1.3.Economie de la personnalité
 

Il existe des équilibres, des échanges, des augmentations, des circulations, des écoulements d’énergie quantifiables. Ce sont des mécanismes que Freud qualifie « d’économiques » ; par exemple, la femme enceinte à plus facilement accès à son inconscient parce qu’il y a une plus grande souplesse dans les mécanismes de défense.
 

1.4.Développement de la personnalité
 

Les développements de la structure et de la dynamique de la personnalité sont étudiés conjointement parce qu’ils sont liés. L’inconscient comporterait selon Freud un refoulé originaire, une sorte de contenu phylogénétiques acquis et qui s’enrichirait au fur et à mesure des expériences de l’enfant, des représentations fortement chargées en énergies pulsionnelles qui se « condensent » entre elles et qui, ensuite, attirent des représentations refoulées tout au long de la vie.

Selon Freud, les trois instances, le ça, le moi et le surmoi, existeraient dès l’origine. Le moi et surtout le surmoi ne se constituent et ne se différencient que progressivement en fonction de tout ce que l’enfant rencontre dans la réalité extérieure. Le développement de l’économie de la personnalité se fait selon une évolution appelée « libidinale » qui comporte des stades de développement de la personnalité.
 

1.5.Sexualité en psychanalyse
 

Ce terme n’a pas la même signification en psychanalyse que dans le vocabulaire collectif. En référence à Laplanche et Pontalis, la sexualité ne désigne pas seulement les activités et le plaisir qui dépend du fonctionnement de l’appareil génital, mais toute une série d’excitations et d’activités présentes dès l’enfance et qui procurent un plaisir irréductible par l’assouvissement d’un besoin physiologique fondamental (respiration, faim, fonction d’excrétion…).

Une pulsion désigne un processus dynamique qui consiste en une poussée qui fait tendre l’organisme vers un but. Selon Freud, une pulsion prend sa source dans une excitation corporelle créant un état de tension. Son but sera alors de supprimer cette tension, cette suppression faisant appel à un objet. La pulsion, pendant la constitution de l’objet libidinal, s’élabore en pulsions partielles ; elles fonctionnent dans un premier temps de manière indépendant puis elles tendent à s’unir dans les différentes organisations libidinales.
 

2.Les théories de l’apprentissage
 

Sous ce terme sont rassemblées des théories qui ont en commun :

  • De dire que le mécanisme essentiel du développement et du fonctionnement de la personnalité est la réaction à des stimulations
  • D’admettre une approche objective de la personnalité, c'est-à-dire l’étude de ses réactions observables en en prenant pas en compte l’étude du vécu du sujet

Ces théories renvoient à celles de Pavlov (la réflexologie), de Watson (béhaviorisme), à toutes les théories du conditionnement, comportementalistes.
 

L’apprentissage est défini comme la modification adaptative du comportement au cours d’épreuves répétées. Le terme « modification » implique le changement, « adaptative » implique un ajustement à l’environnement. Les épreuves répétées vont entretenir l’apprentissage et le conditionnement.

Dans ces théories, l’objet d’étude n’est pas les effets de l’apprentissage sur les idées, les sentiments, les émotions mais uniquement ses effets sur les modalités d’action observables.
 

2.1.Structure de la personnalité
 

La notion centrale des théories de l’apprentissage est que la personnalité est faite d’éléments simples, des stimulus-réponse qui sont associés. Pour exemple, Skinner a étudiée la relation existante entre stimulus et réponse ; Watson a étudié le stimulus et la réponse mais pas la relation qu’ils entretiennent. Ces deux éléments sont associés par simple contigüité ou par une relation hiérarchisée de façon plus ou moins complexe. Ils ont une certaine stabilité ce traduisant dans le comportement par des habitudes.
 

2.2.La dynamique de la personnalité
 

Les modèles du fonctionnement de la personnalité s’inspirent des lois de la physique et surtout de la mécanique avec des notions de continuité dans le temps et dans l’espace, avec l’idée de forces qui s’opposent et qui s’attirent.

Dans les théories de l’apprentissage, la dynamique de la personnalité est expliquée par un mécanisme unique qui est le conditionnement.
 

Lois communes à tous les conditionnements :

Il s’agit d’un mode de réaction stable. Certain ont tendance à disparaitre d’où la nécessité de renforcer les conditionnements avec :

  • Des renforcements positifs : les récompenses (les bon-points à l’école par exemple)
  • Des renforcements négatifs : les punitions

Les renforcements jouent un rôle dans l’entretien des conditionnements.
 

2.3.Economie de la personnalité
 

Ces conditionnements ne sont possibles que parce qu’il y a des êtres vivants qui cherchent le plaisir et cherchent à éviter le déplaisir. On retrouve ici le principe de plaisir de Freud. L’activité de tout être vivant n’est pas limitée à sa réaction face à un stimulus ; il y a en eux une force spontanée qui est le moteur du comportement. Les théoriciens de l’apprentissage utilisent le concept de « tendance » (tendance primaire de la soif par exemple) plutôt que celui d’énergie.
 

2.4.Développement de la personnalité
 

Les théories de l’apprentissage donnent une large place à l’apprentissage dans la mesure où elles interprètent la plupart des changements psychiques comme la conséquence de la mise en place d’un mécanisme de conditionnement. Ces théories sont utilisées pour expliquer la genèse des troubles mentaux et pour élaborer des modèles thérapeutiques (thérapies comportementales).
 

3.Les théories culturalistes
 

Les théories culturalistes adoptent un point de vue différent par rapport aux théories précédentes ; elles ne s’intéressent pas aux mécanismes généraux communs à tous les êtres vivants mais à ce qui peut entrainer des différences entre eux. Elles limitent leur étude à la culture et a son influence sur la personnalité.
 

3.1.L’ethnopsychiatrie
 

L’ethnopsychiatrie réserve une part égale à la dimension culturelle des désordres psychiques, de sa prise en compte et de l’analyse des fonctionnements psychiques.
 

3.2.L’ethnopsychiatrie d’inspiration psychanalytique : MORO
 

Moro a beaucoup travaillé avec des mères migrantes avec leur bébé. Sa théorie repose sur l’analyse de leur culture d’appartenance, sur leurs représentations culturelles.
 

Devereux (1930) fut le pionnier en France d’une psychiatrie métaculturelle fondée sur la culture en soi. Il postule l’universalité des lois du fonctionnement psychique tout en tenant compte de sa dimension culturelle, sans isoler un particularisme à chaque culture. Cette pratique s’inspire du modèle psychanalytique classique, de l’ethnologie, des sciences cognitives et systémiques.
 

Nathan en 1970 a mis l’accent sur les particularités culturelles de chaque ethnie. Il propose des cures directement inspirées des traditions, des croyances et des mythes.
 

Pour Moro et Nathan, le travail sur les mécanismes psychiques internes ne suffit pas pour instaurer des soins suffisants aux enfants ayant des parents immigrants. Il faut utiliser les ressources de leur culture d’origine et les importer dans leur culture d’accueil afin d’éviter tout risque d’acculturation. Le dispositif se présente sous la forme d’une réunion de plusieurs thérapeutes avec l’enfant et sa famille. La dynamique en jeu doit rétablir le patient dans sa culture pour le guérir.
 

Lebouici ne partage pas cette politique selon laquelle l’affiliation (l’appartenance culturelle) précède la filiation (l’appartenance familiale). Il s’oppose à cette proéminence accordée au système culturel au détriment de l’histoire personnelle.
 

3.3.L’anthropologie culturelle
 

Le culturalisme est également appelé anthropologie culturelle. Une étude sociologique américaine s’est attaché à décrire les cultures en les considérant chacune comme étant spécifique, non comparables les unes aux autres mais de même valeur. Elle vise à étudier l’impact de la culture sur les individus. L’emprunte commune à tous les membres d’un groupe est appelée « personnalité de base ». Kardiner l’a définie comme la personnalité type qui est rencontrée chez tous les membres d’un groupe et qui est la plus adaptée à une culture donnée. C’est une sorte « d’assise psychique » commune à tous sur laquelle se greffent les traits individuels. Il y a une influence de la culture sur le développement de la personnalité : elle impose une pression sur les individus en leur assurant une socialisation. Cela permet à l’individu de s’identifier aux autres membres du groupe et de se faire accepter par eux.
 

Cette approche culturaliste est très utilisée en psychopathologie. On l’appelle aussi psychiatrie culturelle ou transculturelle ; elle vise l’étude des différences entre les troubles mentaux selon les cultures.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)