Marlène FOUCHEY, psychologue Meyzieu - Patrick DUMAS, psychiatre Meyzieu Cabinet NeuroPsy Meyzieu

psychanalyse

Pourquoi choisir les Thérapies cognitives et comportementales?

Par Le 11/04/2018

InsermL'importance de la transparence des soins me tient particulièrement à coeur dans ma profession de psychologue. Aussi, on me demande souvent pourquoi j'ai choisi de me spécialiser dans les thérapies cognitives et comportementales, ce que l'on peut en attendre et pour quels patients est-elle efficace?

Ces questions ont été l'enjeu d'une étude très importantes en terme de moyens mis en oeuvre réalisée par l'INSERM il y a quelques années. Je vous propose de trouver ci après un résumé de cette étude rédigé par l'inserm mais également l'étude entière à télécharger si vous le souhaitez.

Psychothérapies: trois approches évaluées

Ci-dessous le texte que vous trouverez sur le site de l'INSERM http://www.inserm.fr :

Dans le cadre du Plan santé mentale mis en place par le ministère de la Santé en 2001, la Direction générale de la santé (DGS) a sollicité l'Inserm pour réaliser une expertise collective à partir de la littérature internationale sur l'évaluation de différentes psychothérapies appliquées au soin des troubles mentaux.

Deux associations françaises, l'Union nationale des amis et familles de malades psychiques (UNAFAM) et la Fédération nationale des associations d'(ex)patients de psychiatrie (FNAP-Psy) se sont associées à la DGS dans cette démarche.

L'Inserm a réuni un groupe d'experts (psychiatres, psychologues, épidémiologistes et biostatisticiens) qui ont pris en considération trois approches psychothérapiques :

- l'approche psychodynamique (psychanalytique),
- l'approche cognitivo-comportementale,
- l'approche familiale et de couple.

Durant plus d'une année, les experts ont analysé environ 1 000 articles issus de la littérature scientifique internationale. Pour la première fois en France, une démarche d'évaluation concerne trois approches psychothérapiques utilisées dans le traitement des troubles mentaux, allant de la dépression et des troubles anxieux à la schizophrénie et l'autisme.

Les troubles pris en compte dans cette expertise sont :

Chez l'adulte : les troubles anxieux, les troubles de l'humeur, les schizophrénies, les troubles des comportements alimentaires, les troubles de la personnalité, l'alcoolodépendance.

Chez l'enfant et l'adolescent : l'autisme, l'hyperactivité, les troubles des conduites, les troubles des comportements alimentaires, les troubles de l'humeur, et les troubles anxieux.

Trois approches évaluées

L'approche psychodynamique (psychanalytique)

L'approche psychodynamique s'appuie sur la théorie psychanalytique incluant le transfert* . Née des travaux de Sigmund Freud, elle s'est récemment diversifiée dans sa pratique, avec de nombreuses variantes cliniques (psychanalyse, thérapie psychanalytique, thérapie brève psychodynamique, thérapie interpersonnelle psychodynamique…).
Ces thérapies ont pour objectif des changements profonds et durables chez le patient. Elles cherchent à les susciter par l'utilisation du langage et font donc partie des thérapies dites verbales. Elles sont utilisées comme outil de (re)construction de la personne.
Les psychothérapies psychanalytiques sont des traitements d'au moins un an, avec une ou plusieurs séance(s) par semaine, visant à des changements de la structure et de l'organisation psychique.
Les psychothérapies psychodynamiques brèves, de 40 séances ou moins, sont plus souvent centrées sur un événement. Elles se sont essentiellement développées aux Etats-Unis et sont peu pratiquées actuellement en France.
Chez l'enfant, l'application de la psychanalyse repose sur la valeur symbolique du jeu (dessins, jouets représentant des êtres humains, des animaux…). Le jeu est également un moyen pour l'enfant de se défendre des affects qu'il éprouve dans la situation thérapeutique.
La formation des thérapeutes tient compte de la diversité des techniques. Elle comporte une analyse personnelle, la supervision de plusieurs cas et un enseignement théorique, rarement intégré dans un enseignement universitaire en France. Elle s'adresse à des personnes ayant déjà une formation universitaire et clinique et s'étale sur 5 à 8 ans.

*le transfert désigne le fait qu'une personne se met à actualiser (projeter dans le présent) sur une autre personne, des désirs ou des situations inconscients, liés à son propre passé.

L'approche cognitivo-comportementale

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) se sont appuyées tout d'abord sur les théories de l'apprentissage. Elles ont ensuite pris pour référence les théories cognitives du fonctionnement psychologique, et en particulier le modèle du traitement de l'information.
L'étape préalable est l'analyse des relations entre les " comportements-problèmes ", les pensées, les émotions et l'environnement social et physique. Le thérapeute adapte ensuite au patient les différentes techniques relatives aux théories de cette approche.
La relation thérapeutique se fonde sur " l'ici et maintenant ", la sélection avec le patient de problèmes concrets à résoudre et une démarche thérapeutique établie en commun.
Deux principes sont appliqués pour favoriser la réussite de cette démarche : la segmentation de la difficulté, en classant les étapes à affronter, et la valorisation des comportements positifs du patient par le thérapeute.
Les TCC se pratiquent sur une base de 10 à 25 séances dont la durée varie selon les troubles de 45 minutes à 3 heures.
De nombreuses techniques de TCC ont été adaptées à l'adolescent et l'enfant, selon l'âge et avec le soutien de manuels spécifiques.

Les TCC se sont développées en France à partir des années 1970 grâce à des associations privées qui assurent une formation initiale et continue sous la forme d'ateliers et de congrès. Cette formation est destinée aux psychiatres, médecins généralistes, psychologues, infirmiers spécialisés en psychiatrie et certaines professions paramédicales.
Depuis quelques années, des diplômes universitaires valident un enseignement théorique de trois ans. Cette formation est complétée par la supervision de plusieurs cas et la réalisation d'un mémoire.

L'approche familiale ou de couple

Dans l'approche familiale, la famille est considérée comme une collectivité de personnes présentant des schèmes comportementaux, émotionnels et cognitifs qui peuvent être perturbés par l'existence de troubles mentaux de l'un de ses membres. Les perturbations observées au sein de la famille sont toujours considérées comme secondaires à la maladie, et non pas comme à l'origine du trouble.
Les thérapies familiales ou de couple peuvent s'appuyer sur plusieurs principes : psychodynamique, écosystémique, comportementaux et cognitifs, … Elle intègre diverses techniques dont la psycho-éducation, tant familiale que conjugale : les thérapeutes informent la famille des caractéristiques de la maladie, de son évolution, de son traitement et des attitudes adaptatives à adopter face aux perturbations liées à la maladie.
Les thérapies familiales se sont développées en France dans les années 1970. Les consultations sont ponctuelles ou répétées. Elles réunissent au moins deux personnes faisant partie du contexte de vie d'un ou plusieurs patients. Le thérapeute privilégie l'objectivation des symptômes, des conduites et des émotions, le partage des expériences de vie, ou l'élargissement des réseaux familiaux.
Dans certaines thérapies de type cognitivo-comportementale, il s'agit d'élaborer des formes de rencontres (individu, couple, famille, …) ajustées à chaque objectif à traiter. Dans d'autres thérapies de type écosystémique, il s'agit de co-création entre les membres de la famille et le thérapeute, qui ne peuvent se réduire à des programmes préalablement formatés.
Les thérapeutes souhaitant être membre titulaire de la Société française de thérapie familiale doivent justifier de 4 années de formation théorique (200 heures par an) et de pratique en thérapie familiale ou de couple. Cette formation est ouverte aux psychiatres, médecins généralistes, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux et éducateurs spécialisés. Certaines universités proposent des modules d'enseignement de thérapie familiale en fin de cursus d'études en psychiatrie ou psychologie clinique.
Peut-on évaluer les psychothérapies et comment ?

Le groupe d'experts réunis par l'Inserm s'est interrogé sur la pertinence de l'évaluation des psychothérapies à travers trois questions :

- quelle est la définition de la population de patients à traiter ?
- comment mesurer l'efficacité de la thérapeutique ?
- comment prouver cette efficacité ?

La définition des " patients à traiter " n'est pas toujours consensuelle et peut parfois entraver l'exploitation clinique des résultats. Cependant, dans la littérature scientifique que les experts ont analysée, les patients à traiter répondent le plus souvent aux troubles définis par la classification internationale des maladies, troubles mentaux et troubles du comportement (CIM-10) qui présente une grande similitude avec la classification américaine DSM (DSM-IV). Cette segmentation des troubles, indispensable pour avoir une vue d'ensemble, ne signifie pas pour autant que l'on ignore que chaque patient peut ressentir des souffrances non catégorisables.
En psychothérapie, les mesures de l'efficacité d'une thérapie portent souvent sur des caractéristiques subjectives. Même pour des caractéristiques subjectives, on peut recourir à un système numérique permettant de quantifier une amélioration clinique (à partir de questionnaires ou d'échelles). Il est vrai que la validité de ces mesures est plus facile à démontrer si ces dernières ont été adaptées à la psychothérapie étudiée.
Le critère d'évaluation le plus souvent utilisé dans la littérature analysée concerne l'amélioration des symptômes dans le cadre d'un trouble. De manière moins fréquente, les études ont parfois évalué l'amélioration de la qualité de vie et de l'adaptation sociale du patient. Si évaluer l'efficacité d'une psychothérapie à partir de l'amélioration d'un symptôme ne constitue qu'un élément limité d'appréciation, cependant le symptôme est un élément incontournable de l'état de santé mentale des patients.
Dans le domaine de l'évaluation des thérapeutiques, se pose aussi la question de la singularité du couple patient/soignant. La reproductibilité des études est ainsi affaiblie par rapport aux études dans le domaine de la physique, de la chimie ou de la biologie. L'avancée des connaissances en thérapeutique prouve néanmoins qu'une évaluation scientifique est possible. L'évaluation de l'efficacité d'une thérapeutique s'appuie sur les résultats des études randomisées (tirage au sort) contrôlées* .
Les études randomisées contrôlées peuvent être rassemblées dans des méta-analyses (cf. encadré) ou dans des revues systématiques. Pour apprécier la qualité méthodologique des publications, les experts ont noté les méta-analyses sur 7 critères de qualité et les études contrôlées sur 10 critères de qualité (cf. tableau).

* Ces études comparent un groupe traité à un groupe comparatif.
La méta-analyse est une approche quantitative de la revue de la littérature qui permet d'estimer, par le calcul d'une taille d'effet, la magnitude de l'effet obtenu chez le " sujet traité " par rapport au " sujet contrôle ". Le principe repose donc sur l'idée que l'ensemble des études représente une quantité d'informations en liaison avec l'objectif de la recherche, chaque étude y apportant sa contribution. On prend alors pour hypothèse, que l'ensemble des études est un échantillon de toutes les études possibles.

L'efficacité de chacune des trois approches vis-à-vis des troubles a été évaluée par les experts selon deux niveaux de preuves.

- La preuve d'efficacité est établie lorsque l'on retrouve une ou plusieurs méta-analyses ou lorsque des études contrôlées randomisées sont convergentes et de forte puissance statistique.
- La présomption d'efficacité est établie lorsqu'on retrouve une ou plusieurs méta-analyses ou études contrôlées randomisées pouvant se contredire et nécessiter confirmation.

Critères d'évaluation des études contrôlées

Les critères d'évaluation Les notations / 10

1 Symptômes clairement définis 0 - 0,5 - 1
2 Mesures validées 0 - 0,5 - 1
3 Évaluateur indépendant et aveugle 0 - 0,5 - 1
4 Évaluateur entraîné et fiable 0 - 0,5 - 1
5 Traitement présenté dans un manuel 0 - 0,5 - 1
6 Randomisation 0 - 0,5 - 1
7 Fidélité au traitement 0 - 0,5 - 1
8 Pas d'autre traitement concomitant 0 - 0,5 - 1
9 Mesures et entretiens d'évaluation multimodaux 0 - 0,5 - 1
10 Durée du traitement optimale 0 - 0,5 - 1

Critères d'évaluation des méta-analyses

Les critères de qualité Les notations / 7

1 Inclusion de tous les essais de qualité sur le sujet 0 - 0,5 - 1
2 Critères de jugement clairement définis 0 - 0,5 - 1
3 Utilisation de méthodes statistiques adéquates 0 - 0,5 - 1
4 Prise en compte de la puissance statistique 0 - 0,5 - 1
5 Comparaison des tailles d'effet 0 - 0,5 - 1
6 Test de l'homogénéité des études 0 - 0,5 - 1
7 Estimation des études non publiées 0 - 0,5 - 1

Efficacité des trois approches par pathologie

Pour les personnes atteintes de schizophrénie en phase aiguë ou hospitalisées sous antipsychotiques, les données de la littérature ont mis en évidence :

- une efficacité des thérapies familiales sur le taux de rechute à deux ans ;
- une efficacité modérée et à court terme des thérapies cognitives ;
- pas d'efficacité des thérapies psychodynamiques.

Pour les patients schizophrènes stabilisés, suivis en ambulatoire et traités par médicament, une efficacité est établie pour l'approche cognitivo-comportementale par l'acquisition d'habiletés sociales et une meilleure gestion des émotions. La thérapie familiale est également efficace sur le taux de rechute à deux ans.
Les comparaisons directes entre les approches permettent d'établir une efficacité supérieure de l'approche psycho-éducative familiale et des thérapies cognitivo-comportementales.

Pour le trouble bipolaire (maniaco-dépressif), appartenant aux troubles de l'humeur, les données disponibles montrent une efficacité de l'approche psycho-éducative conjugale associée à un traitement médicamenteux. Cette efficacité est mise en évidence sur le fonctionnement global, l'observance du traitement et la survenue des rechutes uniquement maniaques.

Pour les troubles dépressifs majeurs chez des patients hospitalisés sous antidépresseurs, les TCC sont efficaces. Les études contrôlées comparant approches psychodynamique et cognitivo-comportementale concluent à la supériorité de la seconde. La psycho-éducation familiale a un effet à court terme sur le fonctionnement global des patients et les thérapies psychodynamiques un effet sur l'adaptation sociale et la durée d'hospitalisation des patients.
Pour des troubles dépressifs d'intensité moyenne ou légère traités en ambulatoire, les thérapies cognitives sont plus efficaces que les traitements antidépresseurs. Les thérapies psychodynamiques n'ont pas montré une efficacité équivalente à celles des TCC.

Les thérapies cognitivo-comportementales ont été largement étudiées dans les troubles anxieux. Leur efficacité est la mieux établie en association ou non au traitement médicamenteux dans le trouble panique et dans le trouble anxieux généralisé. Elles sont également efficaces dans l'état de stress post-traumatique, dans les troubles obsessionnels compulsifs, dans les phobies sociales et diverses phobies spécifiques.
D'après une étude contrôlée, les thérapies psychodynamiques brèves sont efficaces dans le traitement du trouble panique en association avec un antidépresseur pour prévenir les rechutes. Elles pourraient être également efficaces dans l'état de stress post-traumatique, et n'ont pas été étudiées dans d'autres troubles anxieux.

Dans les troubles des comportements alimentaires, les travaux montrent que plusieurs thérapies sont efficaces. Les résultats des études comparatives ne permettent pas de tirer une conclusion générale sur la supériorité d'une approche sur une autre.
Dans la boulimie, les thérapies cognitivo-comportementales, associées ou non à la pharmacothérapie, ont montré leur efficacité.
Dans l'anorexie mentale, les thérapies familiales ont fait preuve d'efficacité jusqu'à 5 ans de suivi, mais seulement chez des patientes pour lesquelles l'anorexie a débuté avant l'âge de 19 ans et ayant moins de 3 ans d'évolution de leur trouble. L'approche cognitivo-comportementale n'a pas montré d'efficacité sur les symptômes mais une présomption d'efficacité peut être évoquée pour la prévention des rechutes.

Parmi les troubles de la personnalité, la personnalité borderline a été la plus étudiée et les thérapies psychodynamiques ont montré leur efficacité, de 18 mois à 4 ans de suivi. Les thérapies cognitivo-comportementales ont également montré leur efficacité à 1 an de suivi.
Pour la personnalité antisociale, une étude a montré que les thérapies psychodynamiques et les thérapies cognitivo-comportementales sont efficaces à 7 mois de suivi, lorsque les sujets sont également déprimés.

Dans la dépendance à l'alcool, l'efficacité des thérapies familiales et des thérapies cognitivo-comportementales reste encore à confirmer. Les thérapies psychodynamiques n'ont pas été étudiées dans cette indication.

Concernant les enfants et les adolescents, les seules études disponibles relatives aux thérapies psychodynamiques ont été menées de manière rétrospective et sans comparaison avec un groupe témoin. Elles ne permettent donc pas de conclure sur leur efficacité.

Dans les cas de troubles envahissants du développement et en particulier de l'autisme, des programmes éducatifs et comportementaux intensifs dispensés par les parents ou menés dans des centres spécialisés ont montré leur efficacité s'ils sont administrés à un stade précoce. Ils conduisent à une amélioration du quotient intellectuel, des performances scolaires et des conduites sociales.

Différentes techniques de TCC ont été testées dans les troubles anxieux de l'enfant. Une présomption d'efficacité peut être évoquée pour plusieurs types de troubles anxieux (anxiété de séparation, hyperanxiété, trouble obsessionnel compulsif, phobie scolaire et peurs). Une étude montre que la participation des parents comme " co-thérapeutes " conforte l'efficacité de ces thérapies cognitivo-comportementales.

Concernant les troubles dépressifs d'intensité modérée, il existe une présomption d'efficacité des TCC. Dans ce cas, la participation des parents au traitement ne semble pas améliorer les résultats.

Pour l'hyperactivité, les thérapies familiales sont efficaces sous forme de traitement combiné incluant médicaments et prise en charge intensive avec une formation comportementale des parents.

Pour les troubles des conduites, les thérapies familiales combinant le traitement par l'apprentissage parental (apprendre les bons comportements à l'enfant) et l'entraînement de l'enfant à la résolution de ses problèmes sont plus efficaces qu'un seul des deux traitements.
Il est important de souligner que dans toutes les études analysées par cette expertise, il n'a pas été relevé d'apparition de nouveaux symptômes venant se substituer à court ou long terme à ceux pris en charge par la thérapie, quels que soient la thérapie ou le trouble examinés.

Les conclusions qui découlent de l'analyse et de la synthèse des études d'évaluation répertoriées dans la littérature constituent un éclairage utile aux professionnels et aux usagers. Si la relation singulière entre une personne en souffrance et un thérapeute reste un élément déterminant dans le choix et la conduite d'une thérapie, l'information des usagers et la formation des thérapeutes doivent se faire en relation avec les preuves scientifiques disponibles, elles sont deux points majeurs pour améliorer l'offre de soin et le travail en réseau des différents acteurs de santé.

Qu'est-ce que l'expertise collective?

L'Expertise Collective Inserm a pour objectif de faire le point, dans un domaine précis, sur l'ensemble des connaissances scientifiques et médicales à partir de l''analyse de la littérature scientifique internationale.Pour répondre à la question posée, l'Inserm réunit un groupe pluridisciplinaire composé de scientifiques et de médecins. Ces experts rassemblent, analysent les publications scientifiques et en font une synthèse.Des «lignes forces» sont dégagées et des recommandations élaborées afin d'aider le commanditaire de l'expertise dans sa prise de décision.

Qui a réalisé cette expertise?

- Les experts

Olivier Canceil, service hospitalo-universitaire de santé mentale et thérapeutique, secteur 75G14, Centre hospitalier Saint-Anne, Paris
Jean Cottraux, unité de traitement de l'anxiété, Hôpital neurologique
Pierre Wertheimer, centre hospitalier universitaire de Lyon
Bruno Falissard, laboratoire «innovation méthodologique en santé mentale», Université Paris XI, AP-HP, Villejuif
Martine Flament, institut de recherche en santé mentale de l'Université d'Ottawa Ottawa, Canada
Jacques Miermont, fédération de services en thérapie familiale, centre hospitalier spécialisé Paul Guiraud, Villejuif
Joel Swendsen, laboratoire de psychologie clinique et psychopathologie, institut universitaire de France, Université Victor Ségalen, Bordeaux 2
Mardjane Teherani, service de psychiatrie, centre Hospitalier universitaire Xavier Bichat-Claude Bernard Paris
Jean-Michel Thurin, psychiatre, Paris

La coordination scientifique

Centre d'expertise collective de l'Inserm, Paris, sous la responsabilité de Jeanne Etiemble      

 

etrouvez l'ensemble du rapport à télécharger ici: Expcol 2004 psychotherapieexpcol-2004-psychotherapie.pdf (3.49 Mo)

 

MArlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

 

 

La personnalité paranoïaque

Par Le 14/06/2017

Le terme paranoïa est un mot grec signifiant folie, dérèglement de l’esprit.

Dans la psychiatrie allemande du XIXème siècle, le terme paranoïa englobait l’ensemble des délires. Il a vu son sens se préciser et son champ se limiter au XXème sous l’influence de Kraepelin.


Dans sa période pré-Kraepelinienne, Freud considérait la paranoïa comme une identité très large qui regroupait la plupart des formes de délires chroniques. A partir de 1911, il adopte la grande distinction de Kraepelin entre paranoïa et démence précoce. Freud ainsi que Kraepelin englobe sous le terme paranoïa l’ensemble des délires systématisés comme le délire de persécution mais également l’érotomanie, le délire de jalousie et le délire de grandeur.
 

Les critères du DSM IV

A. Méfiance soupçonneuse, envahissante envers les autres, dont les intentions sont interprétées de manière malveillante, qui apparait au début de l'âge adulte et est présente dans divers contextes, comme en témoignentt au moins 4 des 7 manifestations suivantes :

- le sujet s’attend sans raison suffisante à ce que les autres l’exploitent, lui nuisent ou le trompent.

- Il est préoccupé par des doutes injustifiés concernant la loyauté ou la fidélité de ses amis ou associés

- Le sujet est retissant à se confier à autrui car il craint de façon injustifiée que l’information soit utilisée de manière perfide contre lui

- Le sujet discerne des significations cachées, humiliantes ou menaçantes dans des commentaires ou des événements anodins

- Il garde rancune, c'est à dire qu'il ne pardonne pas d’être blessé, insulté ou dédaigné

- Il perçoit des attaques contre sa personne ou sa réputation auxquelles il va réagir par la contre attaque ou la colère

- Il met en doute de façon répétée et sans justification la fidélité de son conjoint ou de son partenaire sexuel

B. Ne survient pas exclusivement pendant l'évolution d'une schizophrénie, d'un trouble de l'humeur avec caractéristiques psychotiques ou d'un autre trouble psychotique et n'est pas dû aux effets psychologiques directs d'une affection médicale générale.
 

Données épidémiologiques

On estime ce trouble à 0,4 % à 3,3 % de la population. Il est deux fois plus fréquent chez l’homme que chez la femme. Il est plus fréquent chez les proches de patients schizophrènes.
 

Caractéristiques psychopathologiques

Le comportement majeur du paranoïaque est la défense avec promptitude à l’attaque, attitude qui est sous-tendue par un sentiment de méfiance qui se développe généralement dans tous les domaines de la vie du sujet. La personnalité paranoïaque va tout autant se méfier de celui qu’elle considère comme plus puissant qu’elle, qui le menace, que de celui qu’elle considère comme plus médiocre, plus petit et qu’elle méprise généralement. Il y a trois traits caractéristiques de la personnalité paranoïaque :

  • l’hypertrophie du Moi

Existence d’une surestimation de soi même qui s’exprime par un autoritarisme prononcé. Les sujets sont alors décrits comme égocentriques, orgueilleux, toujours sur de leur bon droit et de leur opinion qu’ils veulent imposer aux autres. Ils pensent posséder des talents inhabituels et être capables de grandes réalisations. En dépit de la modestie des résultats, ces personnes ne remettent pas en cause leurs potentialités irréalistes qu'elles estiments entravées par autrui. Ces individus sont décrits comme peu affectifs, ils mettent d’ailleurs eux mêmes un point d’honneur à se décrire comme objectifs, froids et rationnels.

L’hypertrophie du Moi est une attitude réactionnelle contre une constante mise en question, qui est interne et externe.

  • La fausseté du jugement

elle explique que l’on trouve souvent chez les paranoïaques une absence d’autocritique. leur raisonnement se veut être logique, mais leurs idées s’appuient en réalité sur des à priori subjectifs qui les conduisent à ne pas tenir compte du contexte général de la situation et des arguments d’autrui. les augments positifs ou négatifs avancés par les autres sont généralement rejetés ce qui conduit les psychopathologues à parler de psychorigidité de la pensée.

  • Méfiance et susceptibilité

la personnalité paranoïaque vit dans l’attente d’être trompée ce qui explique pourquoi elle se sent facilement dédaignée, rejetée, non évaluée à sa juste valeur et pourquoi elle se froisse rapidement (ce qui est le signe de sa grande susceptibilité).

Affirmation de soi, remise en question de l’intérieur, projection, méfiance et psychorigidité avec rétention des affects définissent la personnalité paranoïaque.
 

au sein des personnalités paranoïaques, on distingue ce que l'on appelle les personnalité de combat et les personnalités de souhait.

  • chez les personnalités de combat, l'aspect opiniâtre, fanatique et querelleur domine, la surestimation de soi et la méfiance étant des traits secondaires
  • chez les personnailtés paranoïaques de souhait, l'idéal et la réalité coïncident. Ce sont des originaux avec peu de contact avec le monde. Ils défendent un idéal mais sans que cela devienne une cause personnelle et sans se battre.
     

Relations interpersonnelles et expression affective

Les relations interpersonnelles sont très difficiles pour le patient et pour l’entourage étant données les caractéristiques de la personnalité paranoïaque. Les autres vont modifier leur comportement face au patient ; ils vont lui dire le moins de chose possible afin qu’il est moins d’élément à interpréter de manière malveillante. Cette attitude de protection ne va que renforcer la conviction du paranoïaque qu’on lui cache des choses, donc qu’on lui en veut. Exclu ou s’excluant, ils se retrouvent souvent isolés. Les conflits avec les autorités sont fréquents.

La méfiance et le soupçon amènent le paranoïaque à supposer qu’au delà de l’apparence première, il existe une autre réalité, menaçante, mauvaise, le conduisant à une investigation obstinée et pointilleuse. Le moindre détail suspect est grossi et généralisé (distorsion cognitive de la surgénéralisation et de l’abstraction sélective).

Le paranoïaque a des difficultés à gérer l’ambiguïté, qui est en fait à l’intérieur de lui même et qu’il projette à l’extérieur.

La personnalité paranoïaque cache ses réactions émotionnelles car elles sont pour elle le signe d’une faiblesse qui pourrait être utilisée contre elle. Elle va éviter toute situation qui l’amènerait à se trouver vers les autres et à leur faire confiance. Il cache ses émotions, ne se confie pas et ne se laisse pas aller. Il redoute l’expression affective, par conséquence la sexualité, l’amour et la création artistique.

Style cognitif

Il se caractérise par un état de vigilance extrême, tourné vers le dehors (le sujet va être à l’afus des informations). Ils sont décrits comme manquant d’introspection, c’est à dire une incapacité à se remettre en cause et à questionner leur propre fonctionnement.

Les schémas cognitifs qui gouvernent l’attitude paranoïaque sont de la forme :

- il faut être sur ses gardes

- on ne peut pas faire confiance aux gens

- je ne dois pas me laisser faire

- si les gens agissent de manière aimable, ils peuvent être en train de vous exploiter

- si on arrive à connaître des choses sur moi, on s’en servira contre moi

Il se génère un univers instable en perpétuelle recomposition, provoquant des remise en question constante de l’extérieur : « si les choses étaient autrement qu’elles paraissent. »
 

Adaptation et évolution

L’adaptation socioprofessionnelle peut être satisfaisante mais elle est régulièrement ponctuée de difficultés professionnelles qui concernent le plus souvent des conflits avec des collègues, et surtout avec les supérieurs hiérarchiques.

L’adaptation familiale pose régulièrement des problèmes étant donné le contexte d’autoritarisme, de méfiance et de susceptibilité.

Les deux plus fréquentes évolutions sont :

- la survenue d’un épisode dépressif majeur à forte connotation de persécution

- un délire chronique paranoïaque. Certains auteurs pensent que la personnalité paranoïaque constitue un facteur de prédisposition à la survenue d’un délire paranoïaque. En effet, selon certains auteurs, le personnalité paranoïaque représenterait un terrain sur lequel peut se développer le délire, mais toutes les personnalités paranoïaques ne sont pas amenées à délirer un jour.

La majorité des personnalités paranoïaques gardent cette personnalité.
 

Hypothèses explicatives

Hypothèse à orientation psychodynamique

Freud a travaillé sur la Paranoïa et a interprété le « caractère paranoïaque » comme un système de défense, comme une homosexualité latente. Il a interprété le sentiment de persécution comme des projections sur les autres de désirs inacceptables pour le Moi du sujet.

D’autres hypothèses mettent l’accent sur l’existence d’un traumatisme infantile qui aurait engendré pour le sujet une déception profonde quant à la réalité sociale et familiale. Durand leur enfance, ces individus auraient subi des carences affectives, des humiliations engendrant chez eux une forte culpabilité qu’ils vont avoir tendance à reporter vers l’extérieur. Cela expliquerait que la personnalité paranoïaque n’attend des autres que de l’agressivité et qu’elle se tienne en permanence sur ses gardes.

Selon Colby (1981), l’attitude paranoïaque serait destinée à éviter la honte et l’humiliation qui auraient été subies à une période précoce de l’existence. Dans le même axe, le modèle de Cameron (1974) postule que dans des circonstances de carence affective, d’humiliation, de mauvais traitements, le sujet a cessé de croire en l’amour. il n’attend plus des autres que de l’agressivité.

Une autre hypothèse psychodynamique met l’accent sur le rôle des parents. Le futur paranoïaque aurait été surinvesti par ses parents qui l’ont considéré comme un être exceptionnel. L’enfant aurait intégré cette vision ce qui l’a conduit à développer une attitude dominatrice engendrant des difficultés sociales et le rejet de la part des autres. Une identification massive à un père puissant peut jouer le même röle; à partir d'une telle vision de lui même, le sujet développe une attitude altière et dominatrice.

Des événements culturels et sociaux ont été mentionné pour erndre compte du développement de cette personnalité. On aurait plus de chance de développer une paranoïa dès lors que l’on appartient à une minorité (ethnique, sociale…).
 

Hypothèse biologique

La seule donnée concerne la parenté avec un parent schizophrène ou ayant des troubles dysthymiques. Il existe également une comorbidité fréquente avec les troubles paniques et l’alcoolisme.
 

Prise en charge

Ce sont des patients que l’on voit rarement en psychiatrie car ce trouble n’est pas très fréquent et que les patients ne pensent pas être malades. Ils sont donc rarement demandeurs de prise en charge.

Objectif thérapeutique

Il est indispensable d’apprendre à lutter contre ce sentiment d’insécurité permanent qui envahit la personne paranoïaque. Il faut lui apprendre à se mettre à la place des autres, éprouver de l’empathie et à interpréter moins négativement les comportements d’autrui, à ne pas systématiquement percevoir des intentions malveillantes dans le comportement des autres. Pour le sentiment d’infériorité sous-jacent, il peut être intéressant d’utiliser les mêmes techniques que pour lutter contre la dépression comme le tableau de Beck.
 

Sources

Vocabulaire de la psychanalyse. J. Laplanche; J.B. Pontalis

Les personnalités pathologiques - Approche cognitive et thérapeutique. Q. Debray. D.Nollet

Psychiatrie de l'enfant, de l'adolescent et de l'adulte. I. Gasman. J.F. Allilaire

Traité de psychiatrie. M. Gelder. R. Mayou. P. Cowen

Mini DSM-IV-TR. Critères diagnostiques

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité vue à travers différents courants psychologiques

Par Le 14/06/2017

Nous aborderons diverses conceptions de la personnalité à travers la théorie psychanalytique, comportementaliste et ethnologiste.

1.La théorie psychanalytique
 

Il existe autant de définitions de la personnalité que de théories psychologiques. Cependant, elles ‘accordent toutes sur un certain nombre de notions mêmes si elles leur donnent des interprétations différentes.

D’une manière générale, il s’agit d’un concept global qui procède certain caractères de permanence. Elle évolue avec l’âge jusqu’à la fin de la vie. La personnalité se forge au fur et à mesure des évènements de vie rencontrés (elle est par là différente du tempérament). Elle correspond à l’organisation affective du sujet, l’affectivité déterminant le plus les actions.

Pour certain, la personnalité est structurée, organisée. Du point de vue structural, elle signifie que chacun a des éléments de personnalité qui ne prennent leur valeur que par rapport aux autres. Du point de vue associationniste, ces éléments sont juxtaposés les uns aux autres et restent relativement indépendants. La personnalité est dynamique : les éléments qui la constituent sont soumis à des forces dues à des stimulations d’origine interne et/ou externe. Ces éléments interagissent entre eux.
 

1.1.Structure de la personnalité
 

Freud a qualifié l’étude de la personnalité comme étant « structurale ». Il parle en termes de « topiques » (mot venant du latin « topos » qui signifie « lieu »). Il a proposé deux modèles de structure de la personnalité :

  • En 1900 : la première topique
  • En 1920 : la deuxième topique
     

Dans la première topique, Freud distingue dans la personnalité l’inconscient, le préconscient et le conscient. Dans la deuxième topique, il distingue trois instances : le ça, le moi et le surmoi.

Le ça constitue le réservoir des dispositions héréditaires et de l’énergie pulsionnelle. Le surmoi se constitue par l’intériorisation de tout ce que l’éducation apporte à l’enfant (les interdits, les valeurs morales et leur hiérarchie). Le moi est une instance médiatrice qui harmonise les influences opposées du ça et du surmoi et qui adapte la personnalité à la réalité extérieure.

Ces deux topiques sont complémentaires, l’une n’excluant pas l’autre.
 

1.2.Dynamique de la personnalité
 

Qu’il s’agisse de la première ou de la deuxième topique, les lieux psychiques qui constituent la personnalité ne sont pas juxtaposés et neutres les uns par rapport aux autres. Ils sont le siège de forces qui s’affrontent. Les instances s’opposent entre elles ce qui peut entrainer l’apparition de conflits psychiques. Ces fonctionnements en perpétuelles tensions représentent la dynamique de la personnalité.
 

1.3.Economie de la personnalité
 

Il existe des équilibres, des échanges, des augmentations, des circulations, des écoulements d’énergie quantifiables. Ce sont des mécanismes que Freud qualifie « d’économiques » ; par exemple, la femme enceinte à plus facilement accès à son inconscient parce qu’il y a une plus grande souplesse dans les mécanismes de défense.
 

1.4.Développement de la personnalité
 

Les développements de la structure et de la dynamique de la personnalité sont étudiés conjointement parce qu’ils sont liés. L’inconscient comporterait selon Freud un refoulé originaire, une sorte de contenu phylogénétiques acquis et qui s’enrichirait au fur et à mesure des expériences de l’enfant, des représentations fortement chargées en énergies pulsionnelles qui se « condensent » entre elles et qui, ensuite, attirent des représentations refoulées tout au long de la vie.

Selon Freud, les trois instances, le ça, le moi et le surmoi, existeraient dès l’origine. Le moi et surtout le surmoi ne se constituent et ne se différencient que progressivement en fonction de tout ce que l’enfant rencontre dans la réalité extérieure. Le développement de l’économie de la personnalité se fait selon une évolution appelée « libidinale » qui comporte des stades de développement de la personnalité.
 

1.5.Sexualité en psychanalyse
 

Ce terme n’a pas la même signification en psychanalyse que dans le vocabulaire collectif. En référence à Laplanche et Pontalis, la sexualité ne désigne pas seulement les activités et le plaisir qui dépend du fonctionnement de l’appareil génital, mais toute une série d’excitations et d’activités présentes dès l’enfance et qui procurent un plaisir irréductible par l’assouvissement d’un besoin physiologique fondamental (respiration, faim, fonction d’excrétion…).

Une pulsion désigne un processus dynamique qui consiste en une poussée qui fait tendre l’organisme vers un but. Selon Freud, une pulsion prend sa source dans une excitation corporelle créant un état de tension. Son but sera alors de supprimer cette tension, cette suppression faisant appel à un objet. La pulsion, pendant la constitution de l’objet libidinal, s’élabore en pulsions partielles ; elles fonctionnent dans un premier temps de manière indépendant puis elles tendent à s’unir dans les différentes organisations libidinales.
 

2.Les théories de l’apprentissage
 

Sous ce terme sont rassemblées des théories qui ont en commun :

  • De dire que le mécanisme essentiel du développement et du fonctionnement de la personnalité est la réaction à des stimulations
  • D’admettre une approche objective de la personnalité, c'est-à-dire l’étude de ses réactions observables en en prenant pas en compte l’étude du vécu du sujet

Ces théories renvoient à celles de Pavlov (la réflexologie), de Watson (béhaviorisme), à toutes les théories du conditionnement, comportementalistes.
 

L’apprentissage est défini comme la modification adaptative du comportement au cours d’épreuves répétées. Le terme « modification » implique le changement, « adaptative » implique un ajustement à l’environnement. Les épreuves répétées vont entretenir l’apprentissage et le conditionnement.

Dans ces théories, l’objet d’étude n’est pas les effets de l’apprentissage sur les idées, les sentiments, les émotions mais uniquement ses effets sur les modalités d’action observables.
 

2.1.Structure de la personnalité
 

La notion centrale des théories de l’apprentissage est que la personnalité est faite d’éléments simples, des stimulus-réponse qui sont associés. Pour exemple, Skinner a étudiée la relation existante entre stimulus et réponse ; Watson a étudié le stimulus et la réponse mais pas la relation qu’ils entretiennent. Ces deux éléments sont associés par simple contigüité ou par une relation hiérarchisée de façon plus ou moins complexe. Ils ont une certaine stabilité ce traduisant dans le comportement par des habitudes.
 

2.2.La dynamique de la personnalité
 

Les modèles du fonctionnement de la personnalité s’inspirent des lois de la physique et surtout de la mécanique avec des notions de continuité dans le temps et dans l’espace, avec l’idée de forces qui s’opposent et qui s’attirent.

Dans les théories de l’apprentissage, la dynamique de la personnalité est expliquée par un mécanisme unique qui est le conditionnement.
 

Lois communes à tous les conditionnements :

Il s’agit d’un mode de réaction stable. Certain ont tendance à disparaitre d’où la nécessité de renforcer les conditionnements avec :

  • Des renforcements positifs : les récompenses (les bon-points à l’école par exemple)
  • Des renforcements négatifs : les punitions

Les renforcements jouent un rôle dans l’entretien des conditionnements.
 

2.3.Economie de la personnalité
 

Ces conditionnements ne sont possibles que parce qu’il y a des êtres vivants qui cherchent le plaisir et cherchent à éviter le déplaisir. On retrouve ici le principe de plaisir de Freud. L’activité de tout être vivant n’est pas limitée à sa réaction face à un stimulus ; il y a en eux une force spontanée qui est le moteur du comportement. Les théoriciens de l’apprentissage utilisent le concept de « tendance » (tendance primaire de la soif par exemple) plutôt que celui d’énergie.
 

2.4.Développement de la personnalité
 

Les théories de l’apprentissage donnent une large place à l’apprentissage dans la mesure où elles interprètent la plupart des changements psychiques comme la conséquence de la mise en place d’un mécanisme de conditionnement. Ces théories sont utilisées pour expliquer la genèse des troubles mentaux et pour élaborer des modèles thérapeutiques (thérapies comportementales).
 

3.Les théories culturalistes
 

Les théories culturalistes adoptent un point de vue différent par rapport aux théories précédentes ; elles ne s’intéressent pas aux mécanismes généraux communs à tous les êtres vivants mais à ce qui peut entrainer des différences entre eux. Elles limitent leur étude à la culture et a son influence sur la personnalité.
 

3.1.L’ethnopsychiatrie
 

L’ethnopsychiatrie réserve une part égale à la dimension culturelle des désordres psychiques, de sa prise en compte et de l’analyse des fonctionnements psychiques.
 

3.2.L’ethnopsychiatrie d’inspiration psychanalytique : MORO
 

Moro a beaucoup travaillé avec des mères migrantes avec leur bébé. Sa théorie repose sur l’analyse de leur culture d’appartenance, sur leurs représentations culturelles.
 

Devereux (1930) fut le pionnier en France d’une psychiatrie métaculturelle fondée sur la culture en soi. Il postule l’universalité des lois du fonctionnement psychique tout en tenant compte de sa dimension culturelle, sans isoler un particularisme à chaque culture. Cette pratique s’inspire du modèle psychanalytique classique, de l’ethnologie, des sciences cognitives et systémiques.
 

Nathan en 1970 a mis l’accent sur les particularités culturelles de chaque ethnie. Il propose des cures directement inspirées des traditions, des croyances et des mythes.
 

Pour Moro et Nathan, le travail sur les mécanismes psychiques internes ne suffit pas pour instaurer des soins suffisants aux enfants ayant des parents immigrants. Il faut utiliser les ressources de leur culture d’origine et les importer dans leur culture d’accueil afin d’éviter tout risque d’acculturation. Le dispositif se présente sous la forme d’une réunion de plusieurs thérapeutes avec l’enfant et sa famille. La dynamique en jeu doit rétablir le patient dans sa culture pour le guérir.
 

Lebouici ne partage pas cette politique selon laquelle l’affiliation (l’appartenance culturelle) précède la filiation (l’appartenance familiale). Il s’oppose à cette proéminence accordée au système culturel au détriment de l’histoire personnelle.
 

3.3.L’anthropologie culturelle
 

Le culturalisme est également appelé anthropologie culturelle. Une étude sociologique américaine s’est attaché à décrire les cultures en les considérant chacune comme étant spécifique, non comparables les unes aux autres mais de même valeur. Elle vise à étudier l’impact de la culture sur les individus. L’emprunte commune à tous les membres d’un groupe est appelée « personnalité de base ». Kardiner l’a définie comme la personnalité type qui est rencontrée chez tous les membres d’un groupe et qui est la plus adaptée à une culture donnée. C’est une sorte « d’assise psychique » commune à tous sur laquelle se greffent les traits individuels. Il y a une influence de la culture sur le développement de la personnalité : elle impose une pression sur les individus en leur assurant une socialisation. Cela permet à l’individu de s’identifier aux autres membres du groupe et de se faire accepter par eux.
 

Cette approche culturaliste est très utilisée en psychopathologie. On l’appelle aussi psychiatrie culturelle ou transculturelle ; elle vise l’étude des différences entre les troubles mentaux selon les cultures.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

Les différents courants théoriques: quelques exemples

Par Le 13/06/2017

On définit la psychopathologie comme l’étude des troubles psychopathologiques qui se fait à l’aide de méthodes scientifiques. Il s’agit d’effectuer une approche scientifique d’un travail clinique. Cela implique pour le psychologue de se tenir informé des développements scientifiques les plus récents mais également actualiser ses méthodes d’investigation et de prise en charge des troubles mentaux. Par exemple, à partir des connaissances biologiques et neuropsychologiques recueillies sur les troubles de l’humeur, on ne pleut plus traiter la dépression à partir d’une seule approche psychologique d’orientation psychanalytique.



Le travail du clinicien est totalement modulé par le courant théorique qu’il utilise pour aborder les troubles mentaux. On fait le choix du courant selon sa croyance. La formation universitaire est un élément important dans le choix du courant ainsi que l’environnement scientifique du clinicien et de son parcours personnel. Ce choix est nécessaire afin d’avoir une démarche cohérente. Mais on peut s’informer des avancées des autres courants et juger de l’intérêt de ceux-ci.

Aujourd’hui, on tend à intégrer ces modèles entre eux. On considère que l’avenir du courant issu de la génétique ou celui issu des neurosciences n’est possible que s’il est en mesure de prendre en compte, dans son analyse, des facteurs d’origine psychologique et sociale comme étant des facteurs intervenant, et quelques fois affectant la neurotransmission ou l’expression génétique du comportement.

Le courant cognitiviste, en psychopathologie, intègre dans son analyse et dans son explication des troubles mentaux un organe censé être à l’origine du fonctionnement cognitif, le cerveau.
 

Le courant psychanalytique
 

C’est un modèle majeur des explications des troubles mentaux, le plus ancien modèle explicatif de la psychopathologie.

Il concerne essentiellement la théorie freudienne. Freud a développé un système de compréhension, d’explication et de prise en charge des troubles mentaux qui, à l’origine, s’adressait avant tout à des patients névrotiques. Ce modèle a été développé par ses successeurs (ex Lacan) à d’autres types de pathologies comme les troubles psychotiques.

La théorie élaborée par Freud repose sur l’élaboration d’une métapsychologie qui a pris deux formes :

  1. - la première topique : conscient, préconscient, inconscient
  2. - la deuxième topique : ça, moi, surmoi

L’explication des phénomènes psychopathologiques fournie par cette théorie repose sur l’interprétation d’évènements vécus pendant l’enfance. ces évènements peuvent ressurgir à d’autres périodes du développement sous des formes variées telles que les lapsus, les rêves, les actes manqués. D’autres manifestations sont les symptômes, ce à quoi va s’attacher le psychanalyste pour expliquer ces phénomènes concernant la dimension inconsciente, c’est à dire la signification cachée.

Cette manière de concevoir le psychisme humain et ses dysfonctionnements a conduit Freud a l’élaboration de la cure psychanalytique qui repose sur deux principes fondamentaux : la règle de la libre association et l’élaboration d’un transfert.

La cure psychanalytique a fait l’objet d’un certain nombre d’aménagement thérapeutiques afin que cette technique de prise en charge soit proposée à des patients autres que hystériques. En effet, au début de sa mise en place, la cure analytique était proposée uniquement à des personnes hystériques. Elle a été aménagée pour les psychotiques, les dépressifs, les patients ayant des troubles anxieux, pour qui la cure ne peut pas durer 10 ans. Ces techniques sont les thérapies d’inspiration psychanalytique. Les principaux aménagements ont été la suppression du divan, la situation de face à face, le thérapeute est plus intervenant (en effet, le silence peut angoisser certains patients).
 

Le courant cognitiviste
 

C’est un courant plus récent, qui se développe de plus en plus. Il a pris ses racines dans la théorie comportemental, béhavioriste (en référence aux travaux sur le conditionnement classique, de Pavlov et opérant, de Skinner). Il s’est développé dans les années 40, en psychopathologie, quand certains auteurs se sont rendus compte de l’insuffisance du modèle analytique. Ils se sont appuyés sur les travaux réalisés notamment par Pavlov pour expliquer les comportements anxieux (notamment phobiques). Ils s’appuient sur le modèle S → R, à savoir que le comportement pathologique ( R) est déclenché par un stimulus particulier (S).

Une évolution de ce modèle a eu lieu dans les années 60 aux états unis. En effet, on ne parle plus de modèle comportemental mais du niveau cognitivo-comportemental. Les cognitivistes ont ajouté un niveau d’analyse supplémentaire, celui de la cognition.

Cognition → Cerveau ↓ ↓ S → R

L’être humain est assimilé à un système de traitement de l’information.

De manière plus récente, l’étude de la cognition s’est enrichie des apports de la neuroscience en s’intéressant à l’organe qui sous tend les processus cognitifs, le cerveau.

Ce modèle cognitif de la psychopathologie a été élaboré pour la première fois par Beck. Concernant par exemple la dépression, dans ce modèle, on suppose que le patient déprimé présente des erreurs dans le traitement de l’information, erreurs qui entraient chez le patient une vision négative de lui même, du monde environnant et du futur.

Contrairement à l’approche psychanalytique, la thérapie comportementale a pour objectif d’éliminer d’emblée les symptômes présentés par le patient. Le thérapeute va agir à trois niveaux :

  • le comportement : le plus souvent, à l’aide des méthodes développées par le modèle comportemental (techniques basées sur l’apprentissage)
  • la modification de la pensée, du fonctionnement cognitif avec, pour objectif, d’apprendre au patient à construire des interprétations alternatives en références aux évènements qu’il vit.
  • Le niveau émotionnel en modifiant les deux paramètres ci-dessus, cela entraîne des modifications au niveau des émotions.
     

Le modèle familial, systémique
 

Ce modèle a une origine anglo-saxone. Dans les années 50, Bateson réalise des travaux sur l’analyse systémique des troubles schizophréniques. L’originalité de ce modèle concerne le niveau d’analyse auquel il s’intéresse. dans ce modèle, l’analyse de la pathologie ne se fait plus uniquement à partir de l’observation du patient (et, du fait de la description de ses symptômes) mais elle se fait aussi autour d’une modalité de communication et d’interaction qui structure la cellule familiale dans laquelle le patient évolue.

Ce modèle considère que le patient est victime d’un système familial qui est pathologique. Il met l’accent sur le rôle de l’environnement réduit à l’étude du système familial dans le développement des troubles mentaux. Dans ce modèle, le facteur clé du développement d’une pathologie est le système de communication, d’interaction entre les membres d’une même famille.

Les travaux réalisés par Baterson et ses successeurs (école de Palo-Alto) prennent appui sur la théorie de la communication dont les trois principes intéressants dans l’analyse des pathologies mentales sont :

  • - Prendre en compte la communication digitale et la communication analogique (communication verbale et non verbale)
  • - il est impossible de ne pas communiquer. Dans une situation de communication, même le silence a une valeur significative, interprétative pour l’interlocuteur. il est chargé d’un sens plus ou moins explicite dont l’interprétation va être laissée à celui à qui il s’adresse.
  • - la méta communication : il s’agit de la capacité de communiquer sur la communication. Elle va être plus souvent sollicitée dans des conditions particulières d’interaction où on va détecter une ambiguïté. Celle-ci est souvent relative à l’intention communicative du locuteur. On utilise cette capacité de méta communication quand on a des doutes sur ce que l’autre veut dire. C’est un concept important car selon Baterson, quand cette méta communication dysfonctionne, les patients n’ont pas la capacité de tenir un discours cohérent, logique voire compréhensible. Ce serait le cas des patients schizophrènes.

Ce modèle est à l’origine de la création des thérapies familiales. Elles ont comme particularités d’être des thérapies qui nécessitent l’intervention de la famille (au sens personnes vivant sous un même toit). Le modèle s’est élargi aux conduites addictives, des troubles des conduites alimentaires et leur prise en charge.
 

Le modèle neuropsychologique, neurobiologique
 

Ce modèle s’inscrit dans la tradition cognitiviste. Sa particularité est de s’intéresser au fonctionnement cérébral en lien avec la mise en place de processus cognitifs. On peut décrire deux tendances liées à l’élaboration de deux techniques d’investigation du fonctionnement cérébral :

  • la neuropsychologie comportementale
  • la neuropsychologie cognitive
     

La neuropsychologie comportementale
 

On va s’intéresser indirectement au fonctionnement du cerveau car on va inférer l’existence d’un éventuel dysfonctionnement cérébral à partir des seules performances cognitives du patient. On suppose que certaines épreuves vont étudier telle ou telle région cérébrale. Par exemple, on suppose que le test du Wisconsin met en jeu le cortex cérébral préfrontal. On analyse le fonctionnement cérébral à partir de l’analyse des réponses du sujet.
 

La neuropsychologie cognitive
 

Elle s’intéresse directement au cerveau en utilisant des techniques élaborées dans le champ des neurosciences : IRM, IRMf, TEP, PE… L’une des dernières démarches fut d’analyser la structure de cerveaux de patients porteurs d’une pathologie psychiatrique. Dans les années, 70, l’hypothèse qui dominait pour la schizophrénie était celle de lésions dans le cortex préfrontal. Elle fut vérifiée par les études post-mortem.

La démarche anatomique fut abandonnée au profit d’une démarche fonctionnelle où l’idée est d’étudier le fonctionnement du cerveau alors que le sujet est en train de réaliser un travail cognitif. Si on suppose par exemple une altération de la mémoire dans la dépression, on va, au cours d’une IRMf, demander à des sujets déprimés de réaliser une tache de mémoire. On va regarder quelles sont les zones cérébrales qui s’activent en réponse à la mise en place de certains processus cognitifs. Ces activations devraient être moins importantes chez des patients présentant des déficits mnésiques.

Les principales pathologies étudiées sous cet angle sont la schizophrénie, les pathologies dépressives, les troubles des conduites alimentaires et les troubles obsessionnels compulsifs. Des études récentes ont montré chez des patients présentant des troubles obsessionnels compulsifs une augmentation de l’activité cérébrale au niveau de certaines zones du cortex frontal. Il a été décrit chez des patients ayant subi une ablation d’une tumeur cérébrale localisée au niveau du cortex frontal l’apparition de TOC.

Ce modèle comporte cependant quelques limites :

  • il demande l’utilisation de techniques qui peuvent être invasives par rapport aux autres modèles
  • les techniques de prises en charge en lien avec ce modèle en sont au stade expérimental
  • enfin, par rapport aux études en imagerie, rien ne permet de dire que le dysfonctionnement cérébral observé est la cause du trouble psychologique. On pourrait très bien imaginer que, pour s’adapter aux symptômes, le cerveau verrait son activité cérébrale se modifier et non l’inverse (une modification cérébrale provoque l’apparition des symptômes).
     

Le modèle biologique
 

Ici, on va d’avantage s’intéresser au rôle des modifications de la transmission nerveuse au niveau des neuromédiateurs dans la survenue de pathologies mentales. A ce jour, les deux neurotransmetteurs qui ont fait l’objet de beaucoup de travaux sont la sérotonine et la dopamine. Ils sont largement cités dans la survenue de troubles de l’humeur, de la schizophrénie, de troubles obsessionnels compulsifs et des troubles des conduites alimentaires. Ce modèle s’est surtout développé à partir des années 50, à partir du moment où on a disposé de traitement médicamenteux avec des psychotropes. L’objectif de ce modèle est d’expliquer l’action de ces médicaments, en supposant que les symptômes des pathologies sont sous tendus par des dysfonctionnement d’origine biologique.
 

Le modèle génétique
 

Il s’appuie sur un constat en psychopathologie qui est que l’on observe souvent une constellation familiale des mêmes troubles ou des troubles apparentés.

En terme statistique, quand un individu est apparenté à un patient schizophrène ou déprimé, il a plus de risque qu’un sujet non apparenté de développer un trouble similaire ou très proche. Cette probabilité statistique est appelée en psychopathologie un taux de concordance. Il va être analyser à partir des constellations familiales, surtout à partir des études sur des jumeaux (monozygotes et hétérozygotes).

La question posée par ce modèle est de déterminer le poids de la transmission génétique et celui des facteurs environnementaux. Il faut en effet garder à l’esprit que deux individus apparentés sur le plan biologique partagent en plus de leur patrimoine génétique un patrimoine environnemental. Les expériences qui étudient le poids génétique concernent les jumeaux monozygotes (même patrimoine génétique) adoptés (environnement différent, mais là encore, on peut supposer que leur famille d’adoption ne sont pas choisies au hasard et qu’elles partagent certaines similarités comme le niveau de vie).

A l’heure actuelle, on ne connaît aucun trouble dont la cause serait purement génétique. On ne connaît aucun gène responsable d’un trouble mental particulier. Pour que l’origine d’un trouble mental soit considérée comme génétique, il faudrait un taux de concordance de 100% chez des jumeaux monozygotes, ce qui n’a pas été observé. Le seul résultat qui revient dans les études concerne l’augmentation du taux de concordance en fonction de la proximité du lien de parenté entretenu avec le patient atteint d’un trouble mental. Ces taux diffèrent selon la pathologie mise en cause. On a montré un taux de concordance plus élevé dans l’autisme (où on suppose l’implication de 4 ou 5 gènes particuliers) que dans les troubles de l’humeur par exemple.

Le modèle génétique actuel propose de travailler sur les interactions gènes – environnement. Plutôt que de penser que l’on hérite d’une pathologie mentale, les modèles génétiques supposent l’héritage d’une vulnérabilité qui, sous l’effet de certains événements, va pouvoir engendrer la survenue d’un trouble mental. Une pathologie va survenir qu’à condition que le sujet rencontre un événement stressant, révélateur de cette vulnérabilité. D’autres modèles toujours génétiques supposent qu’une dotation génétique particulière peut augmenter la probabilité qu’à un individu de rencontrer des événements stressants qui vont eux mêmes avoir comme effet de révéler cette vulnérabilité.

L’idée actuelle est de proposer une lecture intégrative des troubles mentaux qui prend appui sur les principaux modèles explicatifs et qui serait bio-psycho-sociale. Adopter une telle démarche, c’est se démarquer des modèles écologiques pour adopter une démarche étiopathologique (modèles qui ne s’intéressent pas au « pourquoi » des troubles mais au « comment ». l’objectif est de préciser les mécanismes qui seraient à l’origine du développement de symptômes chez un individu.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)