Marlène FOUCHEY, psychologue Meyzieu - Patrick DUMAS, psychiatre Meyzieu Cabinet NeuroPsy Meyzieu

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Maladie D'alzheimer - sommaire

Par Le 16/06/2017

La Maladie d’Alzheimer constitue la cause la plus fréquente de démence ; elle constitue un véritable problème de santé publique. Son évolution est propre constituée par une diminution du volume de certaines régions cérébrales.

La définition anatomo-clinique se caractérise par l’association d’un syndrome démentiel d’évolution progressive (avec des troubles mnésiques importants au premier plan) et des lésions cérébrales caractéristiques.

Le diagnostic pré-mortem reste probabiliste, sauf en cas de biopsie cérébrale qui constitue une intervention très lourde.
 

1. Introduction

Historique de la Maladie d'Alzheimer

Epidémiologie de la Maladie d'Alzheimer

2. Caractéristiques de la maladie d'Alzheimer

Aspects cliniques de la Maladie d'Alzheimer

Formes typiques et atypiques de la Maladie d'Alzheimer

3. Evaluation neuropsychologique

Les troubles mnésiques dans la Maladie d'Alzheimer

Les troubles des fonctions éxécutives dans la Maladie d'Alzheimer

Troubles du langage dans la Maladie d'Alzheimer

Troubles des gnosies visuelles dans la Maladie d'Alzheimer

Les troubles praxiques dans la Maladie d'Alzheimer

  •  
4. Diagnostic et prise en charge

Diagnostic différentiel de la Maladie d'Alzheimer

Prise en charge de la Maladie d'Alzheimer

  •  

Prise en charge de la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

Il n’existe aucun traitement curatif de la maladie d’Alzheimer. Il ne faut cependant pas nuire à la personne mais au contraire favoriser la qualité de vie, maintenir la communication, les capacités à interagir, l’intégrité physique et morale de l’individu.




L’important est l’anticipation ; il faut faire un diagnostic précoce et faire accepter l’idée de la maladie au patient et à son entourage. Il existe trois volets de prise en charge :

  • social
  • déficits non cognitifs : prévention des troubles du comportement qui aggravent la maladie et accélèrent l’institutionnalisation.
  • Déficits cognitifs
     

Les aspects sociaux
 

Ils font notamment intervenir les assistantes sociales. Ils concernent le cadre de vie, la qualité de vie, le soulagement de l’entourage qui est très sollicité par le malade et passe en moyenne 70 heures par semaine à s’occuper du malade quand la maladie est avancée. Il faut expliquer aux gens ce qu’ils doivent faire, demander...:

  • Aides administratives et financières qui dépendent de l’autonomie et des ressources du malade
  • Mesures de protection juridique
  • Aides au maintient à domicile
  • Accueil de jour en développement avec le plan Alzheimer II. L’avantage est qu’il permet de libérer l’entourage pendant une demi-journée, voire une journée.
  • Entrée en institution ; aujourd’hui, il faut parfois attendre deux à trois ans avant d’avoir une place et accepter d’aller loin. La plupart des malades (80%) finissent leur vie en institution.
     

Prise en charge des déficits non cognitifs
 

La prise en charge des malades Alzheimer est globale et pluridisciplinaire ; elle fait appel a beaucoup de monde. Cependant on n’observe pas toujours une bonne coordination entre les différents professionnels. Elle doit permettre une amélioration des troubles du comportement. Elle fait intervenir :

  • Médecins généralistes et spécialistes
  • Psychologues
  • Orthophonistes, kinésithérapeutes, infirmières, aides-soignantes, ergothérapeutes
  • Assistante sociale
     

La prise en charge concerne :

  • L’éducation et le soutient aux aidants ; il est importants qu’ils apprennent ce qu’est la maladie, ce qu’ils peuvent et doivent faire… Il faut éviter les dépressions chez l’entourage du malade.
  • Prévention et traitement des troubles psychocomportementaux : il faut repérer les problèmes et agir le plus vite possible.
  • Attention aux médicaments : la marge entre les effets secondaires et les effets bénéfiques est très étroite.
     

Prise en charge des déficits cognitifs
 

Elle peut être médicamenteuse et non médicamenteuse. L’efficacité de la prise en charge est difficile à appréhender car son évaluation se fait sur des groupes très hétérogènes, les différences portant :

  • Sur la sélection des patients
  • L’évolutivité de la maladie : elle est peu importante dans les phases précoce et tardive et importante dans la phase modérée.
  • Cibles et mesures d’efficacité :

- Echelle d’impression clinique (est-ce que le patient est mieux, moins bien qu’à la consultation précédente ?)

- Tests neuropsychologiques globaux (MMS) ou spécifiques

- Activités de vie quotidienne

- Echelles comportementales ; beaucoup de médicaments sont plus actifs sur les troubles du comportement que sur les troubles cognitifs
 

L’effet de la prise en charge médicamenteuse est modeste mais certain. Le bénéfice individuel n’est pas évident, l’effet étant visible statistiquement. Cet effet est environ le même pour tous les médicaments. On retrouve souvent associés :

  • Inhibiteurs centraux des cholinestérases : ils évitent la dégradation de l’acétylcholine mais ont énormément d’effets secondaires pour un bénéfice moindre.
  • Ménantine au stade sévère.

Diagnostic différentiel de la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

La maladie d'Alzheimer entretient certaines similitudes avec d'autres pathologies neuropsychiatriques dont il est essentiel de différencier afin d'apporter une prise en charge adaptée.


La maladie d’Alzheimer est à différencier de la confusion mentale.
 

La dépression
 

Une réaction dépressive est fréquente en début de maladie d’Alzheimer. Parfois, la dépression peut prendre le masque d’une démence (on parle alors de pseudo-démence dépressive).
 

Le vieillissement normal
 

Le vieillissement normal s’accompagne de modifications anatomiques et pathologiques du cerveau proches, bien que d’intensité moindre, de celles retrouvées dans la maladie d’Alzheimer. Le diagnostic différentiel ne peut en fait se poser qu’en début d’évolution de la maladie.

Dans le vieillissement normal, on retrouve essentiellement des difficultés attentionnelles et des troubles de la mémoire de travail, retentissant sur les aspects mnésiques à long terme et sur certains aspects langagiers (difficultés d’évocation mais apprentissage normal), et entrainant des difficultés dans la réalisation de taches complexes et chronométrées. Si ces difficultés peuvent (mais rarement) être suffisamment importantes pour interférer avec les activités, leur profil qualitatif et quantitatif est bien différent de celui retrouvé dans la maladie d’Alzheimer.
 

Démences non dégénératives
 

Les étiologies sont nombreuses mais l’étiologie principale reste vasculaire. L’étiologie non dégénérative d’une démence peut être suspectée sur plusieurs facteurs :

  • contexte clinique particulier (notion d’AVC, prise de toxiques, contexte infectieux, altération de l’état général…)
  • notion d’une focalisation à l’examen neurologique
  • présence d’anomalies focales ou diffuses sur l’examen TDM/IRM de l’encéphale.

Bien qu’il y ait peu de consensus sur la définition de la démence vasculaire, le tableau clinique est habituellement différent de celui de la maladie d’Alzheimer, prenant plutôt l’aspect d’une démence sous-corticale ou d’un syndrome pseudo-bulbaire.

Il est établi à l’heure actuelle que l’hypertension artérielle ou le fait de faire un AVC favorise la survenue d’une maladie d’Alzheimer et/ou en aggrave l’évolution.

Les troubles praxiques dans la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

Les perturbations des réalisations gestuelles sont constantes dans la maladie d’Alzheimer, mais leur moment et leur ordre d’apparition au cours de l’évolution de la maladie reste variable.


Souvent, une apraxie réflexive apparait précocement, rapidement suivie d’une apraxie constructive. Puis à un stade plus avancé, une apraxie idéo-motrice apparait, puis une apraxie idéatoire et enfin une apraxie de l’habillage.
 

L’apraxie réflexive
 

Trouble de l’imitation de gestes bimanuels dépourvus de signification. Ce trouble apparait de façon précoce. Selon Gély-Nargeot et Touchon (1996), l’apraxie réflexive nécessiterait un bon niveau d’analyse visuo-spatiale en relation avec le schéma corporel, sans pouvoir s’aider d’un quelconque support sémantique.
 

L’apraxie idéomotrice
 

Perturbation des gestes uniques et simples impliqués dans la réalisation de gestes complexes. Autrement dit, il s’agit de l’incapacité à agencer, l’un après l’autre, les différents temps d’un geste isolé, alors que le plan général d’action est préservé ; elle résulte d’une atteinte pariétale gauche. Elle serait présente relativement tôt dans la maladie d’Alzheimer.
 

L’apraxie idéatoire
 

Elle consiste en des difficultés dans l’utilisation d’objets réels ; elle se manifeste de manière concrète dans les actions quotidiennes. Elle entraine une réelle difficulté à utiliser des objets complexes (tels que les appareils électroménagers), puis plus simples (couverts, ouvre-boites).
 

L’apraxie de l’habillage
 

Elle apparait à un stade avancé de la maladie et entraine une dépendance du patient. L’apraxie de l’habillage serait présente dans 45% des cas de maladie d’Alzheimer.
 

L’apraxie constructive
 

apraxie_constru.jpg Elle est très fréquente dans la maladie d’Alzheimer. Elle consiste en un trouble de la production et de la copie de dessins (en trois puis en deux dimensions). L’apparition est généralement très précoce, se limite alors à une perte de la troisième dimension. A un stade plus tardif, l’apraxie constructive apparait dans la reproduction de figures en deux dimensions et s’exprime par une déstructuration complète du dessin avec soi un éclatement de l’espace, soit un phénomène de clossing-in, c'est-à-dire une copie servile se rapprochant, voire collant au modèle. Attention toutefois, les études ont montré qu’un patient ayant un faible niveau socioculturel aura des difficultés à représenter la troisième dimension, même en l’absence d’un syndrome démentiel.

Troubles des gnosies visuelles dans la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

Un trouble des gnosies visuelles est fréquent dans la Maladie d'Alzheimer mais c’est un domaine qui reste peu étudié.

 

Définition de l’agnosie
 

Déficience de la reconnaissance des stimuli dans une seule modalité sensorielle sans déficit sensoriel élémentaire ni trouble majeur des autres fonctions cognitives.

Avant de parler d’un trouble cognitif de la reconnaissance visuelle, il faut démontrer que les fonctions visuelles élémentaires sont intègres, ce qui n’est pas toujours le cas chez les patients Alzheimer qui sont presque toujours âgés.

Il est donc nécessaire de faire pratiquer un bilan ophtalmologique complet (acuité visuelle, champ visuel, perception des couleurs…) avant tout test neuropsychologique d’agnosie.
 

Les agnosies visuelles sont fréquentes dans la maladie d’Alzheimer, plus particulièrement, l’agnosie de type associative. L’agnosie visuelle serait plus fréquente que tous les autres types d’agnosies.
 

La simultagnosie
 

Incapacité de percevoir une scène visuelle alors que les éléments isolés sont bien perçus. Il s’agit d’un rétrécissement du champ de l’attention visuelle.

La simultagnosie perturbe la lecture, le dénombrement et l’interprétation d’images complexes.
 

Agnosie des couleurs
 

Il s’agit d’une perte de la connaissance sémantique dans le domaine des couleurs, souvent associée à un trouble du langage. Les patients ne savent plus colorier des dessins en noir et blanc d’objets qui ont une couleur caractéristique (par exemple, ils peuvent colorier une grenouille en rouge). Ils sont souvent conscients de leurs erreurs mais ne savent pas les corriger. En fait, la perception des couleurs en elle-même semble intacte : ces patients peuvent ordonner de façon correcte une série de pastilles colorées du bleu au rouge (test de Fansworth, 1947).
 

La prosopagnosie
 

Elle se présente à un stade très avancé de la maladie d’Alzheimer. Il s’agit d’un trouble limité à l’identification des visages. Les patients ne reconnaissent plus les visages familiers (ou même leur propre visage dans un miroir), mais peuvent reconnaitre les personnes par leur voix, par leur démarche, par leur silhouette … Les patients peuvent déceler les différences entre deux visages, tout en restant incapable de les reconnaitre. Les patients prosopagnosiques peuvent montrer des signes de reconnaissance implicite ; les visages familiers peuvent induire des modifications éléctrophysiologiques en l’absence de reconnaissance explicite.

Troubles du langage dans la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

On observe la présence de troubles du langage dès le début de la maladie sauf dans les stades pré-cliniques, même s’il existe des différences entre les patients. Ils sont cependant moins importants que les troubles de mémoire ou les troubles des fonctions exécutives. Ils constituent un élément diagnostique important. Les troubles du langage seraient plus marqués dans les formes précoces (début avant 65 ans) et dans les formes familiales. Ces troubles sont en lien avec la rapidité du déclin, plus les troubles sont marqués, plus le déclin sera rapide).

 

Troubles du langage au stade précoce
 

A ce stade de la maladie, le langage reste normal.
 

Troubles du langage au stade léger à modéré
 

Troubles de la production
 

La production orale spontanée est fluente mais incomplète. Le patient présente un manque du mot, utilise des « mots valises » (truc, machin…). Il y a présences d’incohérences dans le discours. L’articulation, la morphologie et la syntaxe sont préservées.

La lecture est préservée

Au niveau de l’écriture, le patient présente une dysorthographie.
 

Troubles de la compréhension
 

Les troubles de la compréhension du langage sont plus marqués que ceux de production.

La compréhension d’ordres simples est préservée, de même que celle des mots isolés, sauf celle concernant les mots abstraits. La compréhension des formes syntaxiques complexes est déficitaires (formes linguistiques utilisant les comparatifs, exprimant les relations causales, les inférences). La compréhension écrite est plus sévèrement atteinte que la compréhension orale. Les aspects lexico-sémantiques sont sévèrement perturbés alors que les aspects phonologiques, morphologiques et syntaxiques sont mieux préservés.

Les opérations linguistiques qui font appel à des algorithmes de transcodage (lecture, passer du graphème au phonème, écriture, passer du phonème au graphème) ou encore la répétition sont quasiment intactes (elles sont perturbées pour les mots irréguliers ou le homophones tous deux nécessitant le recours à une médiation lexicale).
 

 

Troubles du langage au stade modéré à sévère
 

Globalement, on observe une aggravation des déficits décrits plus haut.

Troubles de la production
 

A l’oral, le patient produit des paraphasies, des anaphores, persévère sur un élément (syllabe ou mot) ou sur un thème et utilise de façon incorrecte les prépositions.

La lecture est très perturbée.

L’écriture devient très désorganisée.
 

Troubles du langage au dernier stade
 

On relève une écholalie, une palilalie (le patient se répète lui même) jusqu’au mutisme.

Cependant, chez certains patients, la discrimination auditive, la répétition, les opérations simples de transcodage impliquées dans la lecture ou l’écriture peuvent rester relativement préservées mais la finalité sera tout de même le mutisme.

Les troubles des fonctions éxécutives dans la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

Les fonctions exécutives seraient impliquées dans les processus tels que l’initiation, la planification, la réalisation et le contrôle des activités motrices et cognitives qui requièrent un niveau élevé d’intégration et dirigées vers un but précis.

Selon le modèle de Miyake (1999), les fonctions exécutives faciliteraient aussi l’adaptation aux situations nouvelles (fractionnement de l’administrateur central en trois fonctions : mise à jour, flexibilité, inhibition).
 

Trouble de la mémoire de Travail
 

Se reporter à la partie plus spécifique (troubles de la mémoire dans la Maladie d’Alzheimer).
 

Troubles de la catégorisation
 

Exemples de tests
 
  • WCST
  • MCST
  • Tache de Delis : six cartes à classer selon des critères physiques et sémantiques
     
Résultats dans la démence de type Alzheimer
 

Sont mises en évidence des erreurs persévératives et des difficultés à trouver les différents critères de classements.
 

Troubles de la flexibilité
 

Exemples de test
 
  • TMT a, b
  • Tache de Belleville
     
Résultats dans la démence de type Alzheimer
 

Les patients Alzheimer sont déficitaires dans la réalisation de la partie B du TMT.
 

Troubles de la résolution de problèmes
 

Exemples de test
 
  • Tour de Londres, de Hanoï
  • Problèmes arithmétiques
     

Troubles de l’inhibition
 

Exemple des test
 
  • Stroop
  • WCST (persévérations)
  • Hayling test
  • Amorçage négatif
  • Go-nogo
  • Stop signal
     
Résultats dans la démence de type Alzheimer
 

On relève une diminution marquée de la capacité à ignorer ou inhiber des informations non pertinentes.
 

Troubles de la mémoire épisodiques en lien avec une atteinte exécutive
 

Les déficits exécutifs entraient des déficits au niveau du fonctionnement de la mémoire épisodique. On le voit à travers :

  • les stratégies d’encodage
  • les stratégies de récupération
  • les fausses reconnaissances
  • les intrusions et les confabulations
  • le traitement des informations contextuelles.
     

En conclusion, les plaintes des patients et de leur entourage concernant les habiletés exécutives sont présentes dès le début de la maladie avec une difficulté à exécuter les activités complexes ou demandant de la flexibilité mentale (préparer un repas élaborer, conduire en ville…). Selon Perry et Hodges (1999), l’atteinte exécutive pourrait rendre compte d’une grande partie des difficultés des patients dans les activités de la vie quotidienne.

Les troubles mnésiques dans la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

On se situe dans le cadre du système mnésique décrit par Tulving en 1994.

  • Troubles de mémoire épisodique
  • Troubles de mémoire de travail
  • Troubles de mémoire sémantique
  • Troubles de mémoire procédurale

 

Troubles de mémoire épisodiques
 

California Verbal Learning Test (CVLT)
 

Apprentissage de 16 mots appartenant à 4 catégories différentes avec 5 essais d’apprentissage et une liste interférente. On retrouve des phases de rappel libre et indicé, un rappel différé et une reconnaissance. Ce test est construit sur le modèle de tests des 15 mots de Rey.
 

Test RL/RI 16 items (Grober et Buschke)
 

Ce test est basé sur le principe de « spécificité de l’encodage » (Thomson et Tulving, 1970) selon lequel plus la situation de rappel est proche de celle de l’encodage, meilleure sera la performance.

Profils des résultats dans la Maladie d’Alzheimer

Il n’y a pas ou peu de progression, d’amélioration de l’apprentissage d’un essai à l’autre.

Présence de troubles en rappel libre et en rappel indicé. En rappel libre, les performances sont faibles et on n’observe pas de progression des performances d’un essai à l’autre. Il y a un faible bénéfice de l’indiçage.

La sensibilité à l’indiçage (pourcentage de mots récupérés avec indiçage) diminue avec l’avancée dans la maladie. Mais même en début de maladie, elle est déficitaire (témoins environ 84% de bénéfice, dans la Maladie d’Alzheimer avec MMS à plus de 25/30, le bénéfice est d’environ 53%).

L’oubli pathologique indique un trouble du stockage : le rappel différé est déficitaire (il faut regarder l'écart, dans le test de Grober et Buschke entre le troisième rappel total et le rappel différé total; si l’écart est important, il y a un problème de stockage).

Production d’intrusions en rappel libre et indicé. Le patient rappel certains mots mais qui n’appartiennent pas à la liste d’apprentissage. La production d’intrusions est spécifique à la Maladie d’Alzheimer ; c’est dans cette pathologie que l’on en retrouve le plus grand nombre. Les intrusions seraient de nature différentes en rappel libre et indicé. En rappel libre, elles seraient liées à des troubles exécutifs, de contrôle de la réponse. En rappel indicé, elles seraient en lien avec un trouble sémantique ; le patient répond aux catégories sémantiques par un item plus familier (exemple, pour le fruit, répond « pomme »).

Présence de troubles de la reconnaissance. Le nombre de reconnaissance correcte est quasi le même que celui de témoins mais il y a beaucoup de fausses reconnaissances dans la Maladie d’Alzheimer. Quand on examine les performances en reconnaissances, il faut également tenir compte des erreurs pour effectuer un diagnostic différentiel. On observe également un biais positif dans la Maladie d’Alzheimer : en phase de reconnaissance, le patient à tendance à répondre « oui » quand il ne sait pas.
 

RI 48
 

Rappel indicé de 48 items afin d’éviter les effet plafonds. Ce test s’inspire du test de Grober et Buschke, avec l’idée que ce dernier n’est pas assez sensible pour détecter les patients au stade précoce de la maladie. Il n’y a que des rappels indicés car il s’agit de la mesure la plus sensible pour détecter la Maladie d’Alzheimer.

Scores normaux :

- Avant 60 ans : 30/48

- Après 60 ans : 25/48

Dans la Maladie d’Alzheimer, on retrouve beaucoup d’intrusions.
 

Doors and People Test
 

Ce test est constitué de quatre parties :

  • reconnaissance visuelle : le sujet doit mémoriser deux séries de photographies en couleur de portes. La tache de reconnaissance se fait en choix forcé parmi 4 items. Il y a deux niveaux de difficultés, en fonction du degré de similitude de distracteurs.
  • Rappel visuel
  • Reconnaissance verbal
  • Rappel verbal
Profils des résultats dans la Maladie d’Alzheimer

Les performances sont globalement déficitaire chez le patients atteints de Maladie d’Alzheimer comparé au groupe contrôle. 64% des patients atteints de Maladie d’Alzheimer on un score en verbal inférieur à celui obtenu en visuel (30% présentent le profil inverse). Il n’y a pas de différence de score entre le rappel et la reconnaissance qui serait le reflet, selon les auteurs, d’un déficit d’encodage (Greene, Baddeley et Hodges, 1996).
 

Troubles de la mémoire de Travail
 

Selon le modèle de Baddeley et Hitch, la mémoire de travail est un système mnésique à capacité limitée destiné au maintien temporaire et à la manipulation d'une information, nécessaire à la réalisation de tâches cognitives complexes. iL est composé d’un administrateur central et de deux systèmes qualifiés de « systèmes esclaves » : la boucle phonologique et le calepin visuo-spatial.
 

Effet de récence
 

Dans la Maladie d’Alzheimer, la courbe est abaissée et cet effet dépend du rappel général.
 

Les empans
 

Dans la Maladie d’Alzheimer, les empans sont généralement réduits sauf l’empan de chiffres qui peut être normal en début d’évolution.
 

Evaluation du fonctionnement de la boucle phonologique
 

Les effets de longueur de mots et de similitude phonologique ainsi que celui de suppression articulatoire sont présents en début de maladie et ne diffèrent pas de ceux des sujets normaux. Ceci montre l’efficience du système de stockage phonologique et de la boucle de récapitulation articulatoire.

Toutefois, un sous groupe de patients montre des atteintes de la boucle phonologique ; l’effet de similitude est réduit chez les patient Alzheimer. Ce dernier résultat est compatible avec la présence d’hétérogénéité chez les patients avec une démence de type Alzheimer. Ce sous groupe pourrait être plus atteint sur le plan du langage.
 

Evaluation du fonctionnement du calepin visuo-spatial
 

On observe dans la Maladie d’Alzheimer une diminution de l’empan pour du matériel visuo-spatial.

Exemple de tests :

  • Blocs de Corsi
  • Visual pattern test
  • Version visuo-spatiale du Brown et Peterson
  • Delayed Matching to Sample
     

Evaluation du fonctionnement de l’administrateur central
 

On relève une atteinte sur plusieurs taches mesurant les composantes exécutives de la mémoire de travail :

  • Procédure de Brown et Peterson : atteinte marquée avec du matériel verbal et non verbal dès les premières secondes du délai. Le trouble en non verbal apparaît même sans tache interférente.
  • Double tache : atteinte de l’attention divisée chez les patients présentant une démence de type Alzheimer.
  • Manipulation
  • Alternance
  • Inhibition

Les patients Alzheimer montrent une atteinte marquée du contrôle attentionnel qui se manifeste sur différentes composantes (inhibition…). Certaines de ces taches sont spécifiques parce qu’elles ne sont pas touchées dans le vieillissement normal ; il s’agit de l’attention divisée et de la manipulation.

La encore, on peut observer une hétérogénéité au niveau de l’atteinte de la mémoire de travail. On peut retrouver une atteinte de l’administrateur centrale et de la boucle phonologique ou uniquement une déficience de la boucle phonologique.
 

Troubles de la mémoire sémantique
 

Mise en évidence d’une atteinte de la mémoire sémantique dans la Maladie d’Alzheimer.
 

Tache de dénomination d’objets réels ou imagés
 

Dans la Maladie d’Alzheimer on retrouve une incapacité à nommer des objets familier ; manque du mot. A ce type d’épreuves, trois types d’erreurs peuvent être produites :

  • les non réponses
  • les erreurs de type visuel (répondre balle pour une orange) qui peut être en lien avec un trouble gnosique
  • les erreurs de type sémantiques.

Parmi ces dernières on retrouve :

  • la production du nom d’un autre exemplaire appartenant à la même catégorie (répondre carotte au lieu de céleri).la production du nom de la catégorie sémantique à la place du nom de l’exemplaire spécifique (répondre légume au lieu de céleri)
  • la production une information liée à l’exemplaire (répondre « sert à faire la soupe » au lieu de céleri). C’est ce que l’on nomme des circonvolutions.

Les patients Alzheimer font essentiellement des erreurs de type sémantique, en particulier « nom de catégorie » et « sémantique associative ».
 

Fluences verbales
 

On compte le nombre de mots corrects, le nombre de persévérations et d’intrusions.

Clustering : (groupement) produire des mots d’une mêmes catégories les uns après les autres (exemple, pour les anaux, dire des noms d’animaux de la ferme, puis marins, puis d’Afrique…). il mettrait en jeu des processus sémantiques et lexicaux

Switching : il s’agit de passer d’une catégorie à une autre (dire des animaux de la ferme puis passer aux animaux marin…). Il mettrait en jeu des processus exécutifs.

Troyer et al (1998) ont observé que les patients Alzheimer produisaient des regroupements plus petits que les sujets témoins en fluence littérale et catégorielle, et qu’ils passaient moins souvent s’une sous-catégorie à une autre (switching) en fluence catégorielle). (attention toutefois car cette étude ne tien pas compte du ralentissement qui induit moins de productions donc moins de phénomènes de clusering et de switching par rapport à des sujets témoins).
 

Tâche de décision lexicale
 

On observe une évolution des effets d’amorçage sémantique dans la Maladie d’Alzheimer, amenant à conclure à un déficit du stock sémantique, celui-ci se dégradant avec l’avancée de la maladie.

Cependant, de nouvelles études montre un effet d’amorçage plus important chez les patients Alzheimer par rapport aux sujets témoins ce qui signerait un déficit d’accès à un stock préservé.

Etude de Giffard et al, 2001 ; ils mesurent les temps de réaction dans une tache de décision lexicale. Ils font varier la nature du lien sémantique :

- condition1 : lion/tigre : lien de coordination

- condition 2 : tigre/rayures : lien attribut.

Résultats

Dans la première condition, ils observent un effet d’hyper amorçage chez les patients Alzheimer. Dans la seconde condition, ils montrent un effet d’amorçage inférieur par rapport aux sujets témoins ; cet effet d’amorçage diminuant avec l’avancée dans la maladie.

Interprétations

L’effet d’hyper amorçage serait expliqué par une perte des connaissances sémantiques qui réduit le temps de recherche dans un réseau sémantique moins dense. Les patient s Alzheimer perdraient en premier lieu les informations sur les attributs spécifiques des objets ; ainsi, il ne font pas la distinction entre un lion et un tigre d’où l’hyper amorçage. Dans un second temps, les informations super ordonnées seraient également atteintes d’où la disparition de l’effet d’amorçage.
 

Appariement d’items en fonction d’un critère donné
 

Exemple, appariement visuo-verbal : associé le nom d’un objet à l’image le représentant parmi un choix multiple.

Réponses aux questions sondant des connaissances générales

Par exemple, où vit le tigre ?, De quel couleur est le drapeau de la France ?…
 

Troubles de la mémoire procédurale
 

Le système procédural permet d’acquérir des habiletés motrices et cognitives. De manière général, il peut être considéré comme un système de « performance en direct ». il est impliqué dans l’apprentissage de nombreux type d’habiletés et d’algorithmes comportementaux et cognitifs, il opère à un niveau automatique plutôt que consciemment contrôlé, ses sorties ne sont pas cognitives et il peut opérer indépendamment des structures hippocampiques (Squire, 1987). Les apprentissages procéduraux sont de nature progressive, incrémentielle. A la différence de l’amorçage, ici, c’est la répétition qui fait que l’on s’améliore. l’exposition répétée à une situation expérimentale entraîne, avec la pratique, une amélioration des performances, sans pour autant pour autant qu’il soit nécessaire pour le sujet d’évoquer de façon consciente les épisodes antérieurs.

Le système procédural concerne l’apprentissages de procédures :

  • perceptivo-motrices
  • perceptivo-verbales
  • cognitives

on localise la mémoire procédurale au niveau des noyaux gris centraux et du cervelet ce qui expliquerait son altération dans les démences sous-corticales mais pas dans la Maladie d’Alzheimer.

Exemple de tâches
  • poursuite d’une cible en mouvement
  • dessin en miroir
  • SRTT 5serial reaction time test)
  • Lecture en miroir
  • Tour de Hanoï
Performances dans la Maladie d’Alzheimer

Les performances procédurales motrices sont solides chez les patients Alzheimer. L’apprentissage procédural est préservé pour les procédures motrices et verbales. Les procédures cognitives sont à part car elles mettent en jeu la mémoire de travail et les fonctions exécutives qui sont perturbées dans la Maladie d’Alzheimer.