Marlène FOUCHEY, psychologue Meyzieu - Patrick DUMAS, psychiatre Meyzieu Cabinet NeuroPsy Meyzieu

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Formes typiques et atypiques de la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

La forme typique de le Maladie d'Alzheimer

 

Elle touche environ 80% des patients atteints de la Maladie d’Alzheimer.

Dans sa forme typique, la maladie d’Alzheimer est caractérisée, au plan clinique, par trois ordres de symptômes :

  • un déficit cognitif débutant où prédominent des troubles de mémoire mais avec également un syndrome aphaso-apraxo-agnosique et une détérioration intellectuelle
  • des manifestations psychocomportementales dominées par l’apathie
  • une limitation de l’autonomie dans les activités quotidiennes.

Cette forme évolue schématiquement en trois phases :

  • phase pé-démentielle qui s’étend de quelques moins à 5 ans. Cette phase peut manquer ou passer inaperçue chez certains patients
  • phase d’état (démence légère à modérée) de 5 à 7 ans
  • phase terminale (démence sévère) de 2 ans.

Phase pré-démentielle

L’apparition des premiers symptômes est insidieuse et se manifeste par des troubles de mémoire et des modifications affectives.

Les troubles de la mémoire sont relativement isolés et dont le patient se plaint le plus souvent. Parfois, il y aune très bonne conscience du trouble, le patient sait que quelques chose ne va pas mais a beaucoup de mal à l’exprimer. ainsi, les troubles mnésiques constituent généralement le motif de consultation dans plus de trois quarts des cas. Le début des troubles est insidieux et l’aggravation est progressive. Cela aboutit plus ou moins rapidement (quelques moins à plusieurs années) à un véritable syndrome amnésique. Ces déficits mnésiques traduisent l’atteinte des formations hippocampiques indispensables aux processus de mémorisation des informations nouvelles (contrairement aux troubles observés dans le vieillissement normal, la dépression ou les autres affections démentielles qui perturbent les mécanismes de rappel des informations mémorisées). C’est pourquoi les déficits mnésiques à ce stade portent uniquement sur le passé récent : le patient oublie des évènements récents, répète les questions, perds des objets, est mal orienté dans le temps… Un autre élément est très évocateur : les conséquences des troubles mnésiques sont assez rapidement constatées par l’entourage alors que le patient minimise ses difficultés (il oublie qu’il oublie). C’est donc à l’initiative de la famille qu’à lieu le plus souvent la consultation, soit du fait du retentissement objectif des troubles mnésiques, soit de leur association aux modifications du comportement.

En pratique, la gravité des troubles de mémoire étant affirmés, on s’attache à rechercher une perturbation instrumentale, et notamment un trouble du langage, deuxième élément sémiologique de la maladie. Schématiquement ;, au début , le tableau est celui d’une aphasie anomique avec un manque du mot. Puis apparaissent des paraphasies de plus en plus nombreuses, surtout de type sémantique, un discours dysyntaxique, une compréhension orale perturbée alors que la répétition et la lecture à haute voix sont encore préservées. Ce stade rappelle l’aphasie transcorticale sensorielle. Enfin, l’aggravation progressive conduit à un tableau d’aphasie globale.

Les autres perturbations instrumentales fréquentes sont l’apraxie constructive et les troubles des opérations visuelle complexes (troubles visuo-spatiaux, trouble de l’orientation spatiale dans un environnement familier, troubles de la reconnaissance des visages familiers (prosopagnosie), des objets (agnosie d’objets). L’apraxie réflexive (imitation de positions de mains sans signification) est précoce, les praxies gestuelles étant perturbées plus tardivement.

Syndrome amnésique et Maladie d’Alzheimer

Amnésie antérograde

L’oubli se manifeste après un certain délai qui au début de maladie est très long, ou quand il y a compétitions entre différentes informations. Au début, son intensité n’est pas massive, il s’agit d’une « baisse de la mémoire », l’évolution étant progressive. De plus, elle dépend du moment de l’évaluation (difficultés du diagnostic en début de maladie).

Les patients présentent un oubli à mesure, une désorientation dans le temps et dans l’espace (une dissociation à ce niveau est possible) qui au début sont fluctuants.

La mémoire épisodique (contextuelle) est principalement atteinte. Peu d’études ont été faites sur l’évaluation des connaissances générales (la mémoire sémantique).

Amnésie rétrograde

Elle est rarement totale au début de la maladie. Elle est d’abord limitée dans le temps avec présence d’un gradient temporel (loi de Ribot : préservation des souvenirs les plus anciens). L’atteinte porte sur les souvenirs personnels ou les événements contextualisés (mémoire épisodique). L’atteinte des connaissances générales est plus tardive.

Les troubles de la mémoire sont habituellement les symptômes inaugural et longtemps prédominant. Même si l’atteinte d’autres secteurs cognitifs n’est pas encore évidente à ce stade de la maladie, la probabilité d’évolution vers une Maladie d’Alzheimer avérée est importante devant un trouble massif de la mémoire antérograde installé progressivement et pour lequel aucune autre étiologie n’est mise en cause.

Certains auteurs proposent de regrouper tous les patients qui ont une altération du fonctionnement mnésique (par rapport à des sujets de même âge et de même niveau d’éducation) dans un cadre syndromique particulier : le trouble cognitif léger (« mild cognitif impairment ») et de considérer qu’il s’agit d’un groupe à risque de développer une Maladie d’Alzheimer. Mais attention, il n’est pas certain que tous les patients ayant des troubles de mémoire isolés évoluent vers la démence d’où la nécessité d’un suivi évolutif.

Au stade pré-démentiel, il n’y a aucune détérioration intellectuelle et l’autonomie est quasi normale mais une limitation apparaît dans les activités de vie quotidienne les plus complexes (gestion financière, déclaration de revenus, orientation dans les lieux non familiers). Les patients ont une bonne conscience de leurs troubles sur le moment, quand on les leur montre.

Les manifestations comportementales accompagnant les troubles mnésiques dans plus de la moitié des cas sont à l’origine de la consultation dans 25% des cas. Il s’agit essentiellement d’une apathie, caractérisée par une baisse de la motivation, une perte d’intérêt vis à vis des activités de loisir, des activités sociales, un repli sur soi, symptômes volontiers interprétés comme une dépression. En réalité, l’humeur n’est pas dysphorique et il n’existe pas de troubles somatiques de dépression (modifications du sommeil, de l’appétit, ralentissement moteur). Les modifications affectives sont le plus souvent un mélange d’émoussement affectif et d’incontinence émotionnelle accompagnés d’irritabilité.

Phase d’état

Le trouble de mémoire devient très global et franc avec :

  • un syndrome amnésique franc avec désorientation temporo-spatiale
  • une amnésie rétrograde qui touche de plus en plus les faits lointains et s’étend aux aspects autobiographiques

Les troubles des fonctions symboliques sont nets avec :

  • des troubles du langage : aphasie avec manque du mot dans le discours spontané (circonvolutions, périphrases), puis dans les épreuves de dénomination, troubles de la compréhension et discours de plus en plus vide et jargonné.
  • Des troubles gnosiques avec un déficit d’identification des personnes, puis des objets. Les personnes proches finissent par ne plus être reconnues et le patient peut même ne pas se reconnaître dans un miroir. Il n’a pas conscience de ses déficits (anosognosie).
  • Des déficits praxiques visuoconstructifs (difficultés à reproduire des figures complexes), réflexives, symboliques et d’habillage.

A ce stade, il y a des troubles notables des fonctions exécutives et du raisonnement. L’autonomie est diminuée : le patient à des difficultés à gérer son traitement médicamenteux, l’argent, à prendre les transports en commun, téléphoner, s’habiller, faire sa toilette, se raser, participer aux activités domestiques…

Les modifications comportementales sont généralement nettes avec augmentation de l’apathie, irritabilité auxquelles se joignent volontiers une symptomatologie dépressive et anxieuse. Les phénomènes psychotiques sont d’apparition plus tardive (idées délirantes de vol, de préjudice, hallucinations visuelles plus ou moins élaborées).

Toutefois, le comportement social de ces patients est longtemps conservé et le déficit cognitif peut ainsi ne pas apparaître à un examen rapide ou à un observateur non entraîné s’il n’est pas recherché systématiquement.

Contrairement à la phase prédémentielle, le tableau est ici très hétérogène, la présence et l’importance des diverses manifestations cognitives et comportementales varient beaucoup d’un patient à l’autre.

La sévérité de la démence est évaluée soit sur des critères purement cognitifs :

  • démence légère : MMS entre 20 et 24
  • démence modérée : MMS entre 10 et 18
  • démence sévère : MMS inférieur à 10

(mais attention le MMS ne constitue en aucun cas un test diagnostic) soit sur l’autonomie (légère, autonomie partiellement conservée, modérée aide nécessaire a dans beaucoup d’activités, sévère perte d’autonomie) soit sur des échelles composites GDS ou CDR.

Phase terminale

On parle de « désert cognitif ». Les troubles moteurs entraînent une perte de la marche, une rigidité motrice permanente et une double incontinence. Le patient présente des difficultés d’alimentation. le décès survient par suites de complications liées à la dénutrition et l’alitement.

 

Les formes atypiques de la Maladie d'Alzheimer

Elles débutent par un trouble des fonctions symboliques avec :

  • Une aphasie progressive
  • Des troubles visuospatiaux progressif
  • Des troubles praxiques progressifs
     

Il existe différentes formes atypiques de la Maladie Alzheimer :

  • Les formes où prédominent des aspects frontaux et l’anosognosie
  • Les ormes avec des troubles mnésiques discrets
  • Les formes dont l’évolution est très rapide (inférieure ou égale à 1 an)
  • Les formes à début précoce (40 – 50 ans)

 

 

Aspects cliniques de la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

Le diagnostic de Maladie d’Alzheimer doit être précoce dans le but d’une prise en charge adaptée, qu’elle soit médicale, cognitive et sociale. Or, le diagnostic de certitude ne pouvant être apporté sans preuve anatomopathologique, on se réfère à des critères (NINCDS-ADRDA/Mc Khann et al, 1984, DSM III et IV, CIM 10) qui débouchent sur un diagnostic probabiliste de Maladie d’Alzheimer probable ou possible. Ces critères diagnostiques présentent une haute sensibilité (permet de différencier une personne Alzheimer d’une personne dont le vieillissement est normal) mais peu de spécificité (permet de différencier une Maladie d’Alzheimer d’une autre démence). Ces critères ne font que formaliser les principes à la base du diagnostic. Tous ces critères présupposent la présence d’un syndrome démentiel, défini comme une altération globale et chronique du fonctionnement cognitif.
 

Critères NINCDS-ADRDA de la Maladie d’Alzheimer
 

I- Critères de diagnostic clinique de Maladie d’Alzheimer probable
 

- démence établie à l’examen clinique

- déficit dans au moins deux domaines des fonctions cognitives

- aggravation progressive de la mémoire et d’autres fonctions cognitives

- pas d’altération de la conscience

- début entre 40 et 90 ans, le plus souvent après 65 ans

- absence de cause systémique ou d’autres affections cérébrales pouvant être rendues responsables des troubles
 

II- Eléments en faveur du diagnostic de Maladie d’Alzheimer probable
 

- détérioration progressive des fonctions spécifiques : langage (aphasie), habiletés motrices (apraxie), perception (agnosie) - perturbation des activités quotidiennes et du comportement

- notion familiale de troubles similaires

- normalité des examens paracliniques : LCR normal, EEG normal ou non spécifique, atrophie cérébrale normale au CT scan
 

III- Autres aspects cloniques compatibles avec le diagnostic de Maladie d’Alzheimer probable
 

- plateaux dans la progression de la maladie

- association de symptômes de dépression, insomnie, incontinence, hallucination, accès d’agitation verbale ou comportementales, troubles sexuels, perte de poids.

- Autres symptômes neurologiques chez certains patients, en particulier en phase évoluée de la maladie (hypertonie, myoclonies, troubles de la marche)

- Crises comitiales tardives

- CT scan Normal
 

IV- Aspects rendant improbable le diagnostic de Maladie d’Alzheimer
 

- début soudain

- signes neurologiques focaux tels que : hémiplégie, déficit sensitif, altération du champ visuel, incoordination survenant en début d’évolution

- crises comitiales et troubles de la marche survenant très tôt dans l’évolution de la maladie
 

V- Diagnostic clinique de Maladie d’Alzheimer impossible
 

- sur la base d’un syndrome démentiel et en l’absence d’autres troubles neurologiques, psychiatriques ou systémiques suffisants pour causer la démences, lorsque le mode de début, la présentation et l’aspect évolutif sont atypiques

- en présence d’une autre affection systémique ou neurologique suffisante pour causer la démence, mais considérée comme n’étant pas la cause de la démence

- lorsqu’un déficit cognitif isolé s’aggrave progressivement en l’absence d’autre cause identifiable.
 

VI- Critères diagnostiques de Maladie d’Alzheimer certaine
 

- les critères le Maladie d’Alzheimer probable et

- la preuve histopathologique obtenue par biopsie et autopsie
 

Parmi ces critères diagnostiques, une place centrale est occupée par les troubles de mémoire, habituellement les plus précoces, d’installation insidieuse et progressive, et se manifestant sous la forme d’oubli des faits récents dont la fréquence et l’importance dans la vie quotidienne vont finir par alerter la famille (moins souvent le patient lui même).

Les faits anciens sont relativement mieux préservés au début de la maladie mais seront également affectés progressivement en cours d’évolution.
 

Les troubles mnésiques doivent être associés à au moins un autre déficit cognitif, concernant notamment les fonctions instrumentales (surtout le langage mais aussi les praxies et les gnosies), l’orientation temporo-spatiale, le jugement, le raisonnement et les fonctions exécutives (fonctions frontales, capacité de penser abstraitement, de faire des plans, de les exécuter et de les contrôler). Présence fréquente de modifications comportementales et thymiques (apathie ou agitation, anxiété, troubles dépressifs; plus tardivement hallucinations et idées délirantes).
 

L’installation des déficits est insidieuse et progressive (l’installation peut être linaire ou sinusoïdale) sans trouble de conscience ou de vigilance (donc à distance d’un syndrome confusionnel) et sans déficit neurologique.
 

Retentissement dans la vie quotidienne avec perte d’autonomie.
 

Elimination de toute autre cause par l’examen clinique et quelques examens complémentaires, à même d’expliquer les syndrome démentiel, autre maladie ou lésion cérébrale, maladie systémique ou syndrome dépressif grave. Cela conduit, outre l’interrogatoire et l’examen clinique à la réalisation systématique de certains examens : imagerie cérébrale (scanner X, IRM), examens biologiques (NF, VS, ionogramme, TSH et occasionnellement selon le contexte EEG, PL, sérologie, HIV, examen tomoscintigraphiques…).
 

Age compris entre 40 et 90 ans.

Anatomopathologie et physiopathologie de la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

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Anatomopathologie de la Maladie d'Alzheimer

Aucune lésion cérébrale n’est spécifique, elles peuvent être retrouvées dans le vieillissement normal, mais leur intensité et leur répartition topographique sont relativement spécifiques.

 

 



Le mécanisme des symptômes est :

- lié à un déficit de la transmission cholinergique

- lié à une atrophie cérébrale et perte neuronale, c’est à dire une déafférentation des connexions cortico-corticales due :

  • à la présence de plaques séniles (accumulation de substance amyloïde autour des neurones)
  • aux dégénérescences neurofibrillaires
     

Les plaques séniles
 

plaques_s_niles.jpg Les plaques séniles correspondent à une accumulation extra-cellulaire de protéines beta-amyloïde A4, entourée de prolongements neuronaux dégénérés. Il existe aussi des dépôts amyloïdes dans les petites artérioles leptoméningées et perforantes. La formation d’amyloïde semble avoir un rôle dans la pathologie de la Maladie d’Alzheimer. la protéine bêta A4 naît à partir d’un précurseur (APP), dont le gène est situé sur le chromosome 21 ; l’APP est un récepteur membranaire présent à la surface de nombreuses cellules (y compris en dehors du système nerveux).
 

Les dégénérescences neurofibrillaires
 

NFT_Alois.jpg Les dégénéréscences neurofibrillaires sont constituées par l’accumulation intra-cytoplasmique de protéines du cytosquelette (protéine TAU, jouant également un rôle important dans le transfert des protéines du corps cellulaire du neurone vers la synapse de celui-ci) anormalement phosphorylées, groupées en paires de filaments hélicoïdaux. eLles sont peu spécifiques, apparaissent plus tard que les plaques séniles, et précèdent probablement la mort cellulaire).

La topographie des lésions est caractéristique et explique les signes cliniques :

- atteinte importante du cortex limbique expliquant les troubles mnésiques et les modifications thymiques

- atteinte importante du cortex associatif (tout f’abord pariéto-temporal puis frontal) expliquant les troubles des fonctions instrumentales (« syndrome aphaso-apraxo-agnosique ») et le syndrome frontal

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- les structures sous-corticales peuvent également être touchées (noyau basal de Meynert) ce qui provoque des troubles attentionnels et psycho-comportementaux.
 

Il y aurait également une modification de la modulation cholinergique du fonctionnement cérébrale dans la Maladie d’Alzheimer ; les traitements actuels visent à augmenter le taux d’acétylcholine dans le cerveau en empêchant sa dégradation. L’efficacité de ces traitement reste limitée.

Les lésions cérébrales débutent généralement au niveau du gyrus parahippocampique (avec dégénérescence neurofibrillaire importante et moins de plaques séniles) . on retrouve également des lésions massives au niveau du néocortex et des noyaux gris centraux.

La progression des lésions n’est pas aléatoire et aurait une progression inverse de la myélinisation corticale. Six stades successives peuvent être distingués :

  • stades I et II : atteintes transentorhinales
  • stades III et IV : atteintes limbiques
  • Stades V et VI : atteintes néocorticales

Physiopathologie de la Maladie d'Alzheimer


 Hormis les rares formes génétiques, divers facteurs associés entraîneraient l’amyloïdose qui provoquerait la perte des connexions synaptiques d’où le syndrome clinique et le diagnostic. En effet, pour la plupart des auteurs, l’élément physiopathologique central de la Maladie d’Alzheimer serait la formation de dépôts amyloïdes. Les anomalies du cytosquelette seraient postérieures à ceux-ci.

Pendant une période évaluée de 10 à 15 ans, les lésions histologiques cérébrales s’installent très progressivement et sont totalement silencieuses. Puis des difficultés apparaissent essentiellement des troubles mnésiques accompagnés de modifications du comportement à type de baisse de motivation et de modifications affectives. Pendant cette période, évaluée entre deux et 4 ans, les troubles sont encore compatibles avec une activité largement autonome. Lorsque les lésions ont atteint le néocortex en quantité suffisante, les troubles s’aggravent et réalisent le tableau clinique de la démence.

 

Aspect génétique de la Maladie d'Alzheimer

 

Forme familiale de la Maladie d’Alzheimer
 

La forme familiale de la Maladie d’Alzheimer se retrouve dans moins de 10% des cas. Le début est précoce, aux alentours de 40 ans et son évolution se fait sur 5 à 10 ans.

Dans la forme familiale de la Maladie d’Alzheimer sont en cause des mutation ponctuelles de gènes, mutations qui sont toujours pathogènes et dont le mode de transmission est autosomique dominant. Il s’agit des chromosomes 21 (porteur du gène de l’APP), 14 (porteur du gène de la péséniline 1) et 1 (porteur du gène de la péséniline 2). Ces mutations déterminent une modification du métabolisme de l’APP avec une augmentation de la formation de protéine amyloïde.
 

Forme sporadique de la Maladie d’Alzheimer

Les formes sporadiques de la Maladie d’Alzheimer sont caractérisées par l’existence chez l’individu de gènes de susceptibilité qui se transmettent selon les lois mendéliennes. Intervient dans ces formes sporadiques le chromosome 19. L’apolipoprotéine E est codée par un gène situé sur ce chromosome. Ce gène comprend 3 allèles (Epsilon 2, 3 et 4), codant pour trois isoformes de l’apolipoprotéine E (E2, E3 et E4). la sur-représentation de l’allèle Epsilon 4 est un facteur de risque des formes sporadiques de la Maladie d’Alzheimer. d’autres gènes de susceptibilité sont en cours d’identification. l’existence de ces gènes explique l’augmentation du risque de développer une Maladie d’Alzheimer si un parent est atteint de cette même maladie.

 

 

 

Epidémiologie de la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

La Maladie d’Alzheimer est une maladie dont l’étiologie, encore inconnue, fait intervenir des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux. Une faible proportion (environ 1% des cas) est d’origine purement génétique.
 

Les formes à début tardif (65 ans et plus) représentent l’essentiel des cas. Leur fréquence augmente de façon exponentielle avec l’âge. Ainsi, l’incidence est faible avant 65 ans puis double toutes les tranches de 5 ans d’âge. En France, l’incidence est de 0.24% pour la tranche 65-69 ans et passe à 4,29% chez les 85-89 ans (données de l’étude PAQUID, étude de cohortes en Aquitaine, Dordogne et gironde depuis 1989).
 

La prévalence est proche de 0 avant 60 ans. Elle passe à 4% après 65 ans et est estimée à près de 30% après 85 ans.
 

Les facteur de risque de la Maladie d’Alzheimer sont :

- l’âge. Il s’agit sans doute du facteur de risque le plus important. La Maladie d’Alzheimer est liée et non due à l’âge. Ainsi, la Maladie d’Alzheimer est d’autant plus fréquente que l’âge est élevé.

- le sexe féminin. En effet, plus de femmes sont atteintes de la Maladie d’Alzheimer que d’homme. dans ce contexte, des essais de traitements hormonaux ont été pratiqués mais ils multiplient le risque de démence.

- un faible niveau d’études (les études à ce sujet restent flou car un bas niveau éducatif est également en lien avec une consommation plus importante d’alcool, de tabac et une fréquence plus importantes d’accidents).

- un faible tissu social (personnes isolées ou ayant peu d’activités…)

- les facteurs de risquent qui diminuent les ressources cérébrales soit :

  • les maladie vasculaire (hypertension artérielle, diabète, antécédents d’accidents vasculaires cérébraux).
  • Les antécédents de traumatismes crâniens
  • Les antécédents de dépression

En effet, chaque individu posséderait un capital cérébral propre qu’il perd au fil des années, des événements. Tous les facteurs diminuant ces ressources neuronales vont favoriser l’expression de la Maladie d’Alzheimer.
 

Certaines éléments semblent à l’inverse présenter un certain rôle protecteur comme :

- un haut niveau d’éducation

- une consommation modérée d’alcool (vin, bière entraînant une réduction des maladies cardio-vasculaires. Le tanin présent dans le vin serait un capteur des radicaux libres)

- la prise de traitement anti-inflammatoire au long cours

- les traitements par statine

- des facteurs nutritionnels (antioxydants, vitamines E)

La prise d’œstrogène après la ménopause, qui avait été considérée autrefois comme facteur protecteur potentiel s’avère aujourd’hui augmenter le risque de maladie d’Alzheimer.

Historique de la Maladie d'Alzheimer

Par Le 16/06/2017

Aloïs Alzheimer (1864-1915) est un médecin psychiatre et un neuropathologiste allemand du début du XXe siècle qui étudia le cerveau des personnes atteintes de démence, grâce à une nouvelle technique de coloration à l'aniline et des imprégnations argentiques. En 1906, Aloïs Alzheimer décrit pour la première fois les altérations anatomiques observées sur le cerveau d'une patiente de 51 ans, Auguste D.

Atteinte de démence, elle présentait également des hallucinations et des troubles de l'orientation. En 1911, Alzheimer découvrait un cas identique à celui d'Auguste D.80px-AloisAlzheimer.jpeg

C'est le psychiatre Emil Kraepelin qui proposa que la maladie porte le nom d'Alzheimer, du nom de son découvreur.
 

Au 20eme siècle, on commence à se rendre compte que le cerveau a une importance dans les pathologies psychiatriques.

Dans les années 70, les chercheurs isolent les neurotransmetteurs. Dans la Maladie d’Alzheimer, on fait alors l’hypothèse d’un déficit en Acétylcholine.
Autour des années 80, l’intérêt général pour la Maladie d’Alzheimer grandit. En effet, elle est de plus en plus fréquente, les sujets à risque étant de plus en plus nombreux du fait de l’augmentation de l’espérance de vie. Avec l’avancée de la recherche, on connaît les protéines qui composent les plaquent séniles, principales altérations du système nerveux centrales en lien avec la Maladie d’Alzheimer.

En 1987, on observe une mutation génétique intervenant dans la forme génétique de la Maladie d’Alzheimer.

Anxiété et troubles anxieux: de quoi parlons nous?

Par Le 15/06/2017

Lorsque j'ai décidé de m'intéresser plus particulièrement à la question des troubles anxieux, j'ai recherché dans la littérature à quoi renvoyait précisément le terme "d'anxiété". Il m'est apparu rapidement que, si des termes voisins de l'anxiété comme l'angoisse, la peur, l'inquiétude, le stress, le souci... ont chacun leur particularité, il était parfois bien difficile d'en trouver les limites et par la même de les définir. Pour exemple, le dictionnaire qualifie l'anxiété comme "un état d'angoisse".

Anxiété

Le mot "anxiété" vient du latin" anxius" qui signifie "esprit troublé à propose d'un évènement incertain et dérive d'une racine grecque portant les notions "d'enserrement" ou "d'étranglement".

C'est seulement au cours de la seconde moitié du XIXème siècle que le concept d'anxiété apparait dans le domaine de la pathologie. Elle revoie à l'état qui accompagne l'appréhension d'évènements susceptibles de porter atteinte au bien être personnel. Autrement dit, elle correspond à l'état dont on se sent lorsque l'on envisage des conséquences négatives. Cette réponse d'anxiété dépendrait du type d'évènement, de la personnalité, de l'humeur de la signification ou interprétation de la situation...

Certains auteurs distinguent l'anxiété "trait" qui serait un trait de personnalité renvoyant à un tempérament anxieux, une structure stable de l'individu, de l'anxiété "état", état passager pouvant survenir temporairement chez tout individu sous l'effet d'une situation présentant un certain degré de gravité.

Angoisse

Anxiété et angoisse possèdent une étymologie commune "’’amhas’’" signifiant "étroitesse".
Pendant longtemps, la psychiatrie française a conservé une distinction entre les deux termes réservant l'anxiété au versant psychologique et l'angoisse au versant somatique. Ainsi pour Brissaud (1890) "l'angoisse est un trouble physique qui se traduit par une sensation de constriction, d'étouffement. L'anxiété est un trouble psychique qui se traduit par un sentiment d'insécurité indéfinissable".

Aujourd'hui, les deux concepts ont tendances à se confondre, les manuels de psychiatrie type DSM retenant plus le terme d'anxiété dans leurs descriptions cliniques comme l’illustrent les exemples suivants :

  • Trouble panique : attaques de panique récurrentes et inattendues
  • Phobies spécifiques : anxiété cliniquement significative, provoquée par l’exposition à un objet ou une situation spécifique redoutée, conduisant souvent à un comportement d’évitement.
  • Agoraphobie : anxiété liée à, ou évitement d’endroits ou de situations d’où il pourrait être difficile ou gênant de s’échapper ou dans lesquels aucun secours ne serait disponible en cas d’attaque de panique ou de symptômes à type de panique.
  • Phobie sociale : anxiété cliniquement significative provoquée par l’exposition à un certain type de situations sociales ou de situations de performance, conduisant souvent à un comportement d’évitement.
  • Trouble obsessionnel compulsif : présence d’obsessions (entrainant une anxiété ou une souffrance marquée) et/ou par des compulsions (qui servent à neutraliser l’anxiété).
  • Trouble anxieux généralisé : période d’au moins six mois marquée par la présence d’une anxiété et de soucis excessifs.
  • Stress Post-traumatique : reviviscence d’un évènement extrêmement traumatique accompagnée de symptômes d’activation neurovégétative et par l’évitement des stimuli associés au traumatisme.
  • Stress aigu : symptômes similaires à ceux de l’état de stress post-traumatique qui surviennent immédiatement dans les suites d’un évènement extrêmement traumatique.
  • Trouble anxieux dû à une affection médicale : symptômes anxieux au premier plan qui sont considérés comme la conséquence physiologique d’une affection médicale générale.
  • Trouble anxieux induit par une substance : symptômes anxieux au premier plan qui sont considérés comme la conséquence physiologique directe de l’exposition à une substance donnant lieu à un abus, un médicament ou une substance toxique.
  • Trouble anxieux non spécifié
  • Personnalité évitante caractérisée par une inhibition sociale, un sentiment de ne pas être à la hauteur et une hypersensibilité au jugement d’autrui.
  • Personnalité dépendante caractérisée par un comportement soumis et « collant » lié à un besoin excessif d’être pris en charge.
  • Personnalité obsessionnelle compulsive caractérisée par une préoccupation pour l’ordre, la perfection et le contrôle.
     

A coté de ces entités spécifiques dans lesquels le symptôme anxieux est au cœur des troubles, on notera la présence d'une anxiété, au titre de symptôme accessoire dans un très grand nombre de psychopathologies telles que:

La psychanalyse quant à elle s'axe plus autour du terme d'angoisse avec des notions telles que la névrose d'angoisse, la névrose hystérique, la névrose phobique, la névrose obsessionnelle , l'angoisse de castration, l'angoisse de séparation...

Dans sa première théorie datant de 1895, Freud distingue l'affect d'angoisse résultant d'une incapacité pour le psychisme à faire face à un danger extérieur de la névrose d'angoisse. Celle-ci désigne l'impossibilité pour le psychisme à faire face à une excitation interne sexuelle. Autrement dit, la libido se change en angoisse dès qu'une pulsion ne peut atteindre une satisfaction. L'affect d'angoisse serait alors un état passager de l'individu alors que la névrose d'angoisse désignerait un état chronique.

En 1916, Freud modifie sa théorie et distingue l'angoisse réelle de l'angoisse névrotique. L'angoisse réelle serait ressentie par un individu dès qu'il est en présence d'un danger extérieur. Elle serait assimilable à un reflexe d'autoconservation. Freud spécifie le concept de névrose d'angoisse comme la résultante du refoulement de la libido se transformant en angoisse: "L’angoisse névrotique est un produit de la libido, comme le vinaigre est un produit du vin" (Freud, 1920). Pour Anna Freud, une pulsion ne serait anxiogène que dans la mesure où elle risque de susciter un danger réel.

En 1926, l'angoisse n'est plus présentée par Freud comme conséquence du refoulement mais comme sa cause. Elle devient le signal d'alarme du Moi permettant la mise en place de mécanismes de défense (dans le cas de la névrose phobique du petit Hans, c'est l'angoisse de castration qui est à l'origine du refoulement). Freud distingue alors l'angoisse automatique (angoisse signal face à un danger réel) de l'angoisse névrotique (angoisse face à un danger inconnu, pulsionnel se rapportant à la perte ou à la séparation).

Peur

La peur est une émotion universelle accompagnant la prise de conscience d'un danger dans notre environnement. C'est une émotion à fort impact physiologique (accélération du rythme cardiaque et de la respiration, contraction des muscles, tremblements...). Elle nous prépare à l'action physique que les anglo-Saxons qualifient de "3F": fight (combat), flight (fuite) et freeze (immobilisation afin de limiter les dommages).
La panique, la frayeur voire la terreur sont des peurs marquées par leur extrême intensité; elles se caractérisent par la perte de toute forme de contrôle sur la peur.

A la différence de la peur, l'anxiété survient en dehors d'une menace objective ou de façon disproportionnée par rapport au degré de danger que représente une situation; c'est le cas des phobies spécifiques. Selon Henri EY (1950) "la peur est constituée par une réaction de défense (immobilisation ou fuite) à l'égard d'un objet présent tandis que l'anxiété préfigure dans sa structure un danger à venir, et par la même, plus vague, incertain, mystérieux et lancinant".

Stress

Le stress est la réponse de l'organisme aux agressions physiologiques et psychologiques, ainsi qu'aux émotions nécessitant une adaptation. Alors que l'anxiété précède l'arrivée d'un évènement négatif, redouté, le stress accompagne la mise en place des mécanismes d'adaptation face à cet évènement négatif.

Souci

Le souci désigne le fait d'appréhender ou d'anticiper un évènement futur qui risque d'avoir des conséquences déplaisantes ou négatives. il s'agit d'une forme de pensée accompagnée d'anxiété. Alors que le souci se situe à un niveau cognitif, l'anxiété se situerait quant à elle à un niveau émotionnel; elle serait la résultante du souci.

Un souci normal porte sur une situation concrète, actuelle ou qui arrivera sous peu alors qu'un souci excessif est incontrôlable, répétitif, source d'anxiété importante et peut porter sur une situation présente ou sur des évènements éventuels voire très peu probables; c'est le cas du trouble d'anxiété généralisée.

Obsession

L'obsession se situe elle aussi à un niveau cognitif. Il s'agit de pensées, d'images, d'impulsions arrivant à l'esprit de l'individu de façon répétée et involontaire et étant source d'une anxiété importante. Les obsessions sont souvent dénuées de sens, le patient reconnaissant leur caractère exagéré voire irraisonné.
 

Bibliographie

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La dépression

Par Le 15/06/2017

La dépression concerne, selon les études, 5 à 20% de la population générale. Elle peut survenir sur n'importe quel type de personnalité. Elle n'est pas nécessairement en lien avec des antécédents pathologiques
 

1. historiques
 

La personnalité dépressive correspond à une tradition de la médecine de l'Antiquité. Dans le "Corpus Hippocraticum" est décrit le Melancholicos, le typus à la bile noire. Molière mit en scène le dépressif dans sa pièce Le Misanthrope.

Plus près de notre époque, E. Kretschmer décrit un ensemble de sujets tristes, calmes, sensibles et facilement accablés. Mais c'est à Tellenbach, en 1979, psychiatre allemand, qui, dans sa description du "typus melancholicus" posa les caractéristiques fondamentales de l'état dépressif.
 

2. Critères du DSM IV TR
 

La dépression est classée sous le nom de "trouble dépressif majeur" parmi les troubles de l'humeur. L'épisode dépressif majeur se caractérise par:

A. Au moins cinq des symptômes suivants doivent avoir été présents pendant une même période d'une durée de deux semaines et avoir représenté un changement par rapport au fonctionnement antérieur; au moins un des symptômes est soit une humeur dépressive, soit une perte d'intérêt ou de plaisir.

(1) Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours, signalée par le sujet (se sent triste ou vide) ou observée par les autres (pleure). Eventuellement, irritabilité chez l'enfant et l'adolescent.

(2) Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir pour toutes ou presque toutes les activités pratiquement toute la journée, presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).

(3) Perte au gain du poids significatif en l'absence de régime (modification du poids corporel en un mois excédant 5%), ou diminution ou augmentation de l'appétit presque tous les jours. Chez les enfants, prendre en copte l'absence de l'augmentation de poids attendue.

(4) Insomnie ou hypersomnie tous les jours.

(5) Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constaté par les autres, non limité à un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).

(6) Fatigue ou perte d'énergie presque tous les jours.

(7) Sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir coupable d'être malade).

(8) Diminution de l'aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision presque tous les jours (signalée par le sujet ou observée par les autres).

(9) Pensées de mort récurrentes (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires récurrentes sans plan précis ou tentatives de suicide ou plan précis pour se suicider.
 

B. Les symptômes ne répondent pas aux critères de l'épisode mixte.
 

C. Les symptômes induisent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants.
 

D. Les symptômes ne sont pas imputables aux effets physiologiques directs d'une substance (ex une substance donnant lie à abus, un médicament) ou d'une affection médicale générale (ex hypothyroïdie).
 

E. Les symptômes ne sont pas mieux expliqués par un deuil, c'est à dire après la mort d'un être cher, les symptômes persistent pendant plus de deux mois ou s'accompagnent d'une altération marquée du fonctionnement, de préoccupations morbides de dévalorisation, des idées suicidaires, de symptômes psychotiques ou d'un ralentissement psychomoteur.
 

3. Psychopathologie
 

On distingue la dépression endogène de la dépression exogène. Dans la dépression endogène, on ne retrouve pas de facteurs déclenchants dans l'histoire du sujet à la différence de la dépression exogène. La dépression endogène est plus chronique que la dépression exogène et survient de manière progressive.

Les troubles dépressifs se caractérisent par deux symptômes fondamentaux.
 

3.1. L'humeur dépressive
 

467px-Vincent_Willem_van_Gogh_002.jpg L'humeur dépressive est caractérisée par la présence d'un vécu pessimiste, une dévalorisation, une autodépréciation, une indignité, une culpabilité, une douleur morale, une indifférence affective, un désintérêt pour toute activité, un désir de mort et une tristesse.

Le sujet ne ressent plus rien; il a des difficultés à ressentir du plaisir dans des activités auparavant agréables.

Il présente également une incapacité à aimer avec une perte de l'intérêt sexuel. Il est conscient de ses difficultés et a tendance à se plaindre, à s'apitoyer; il se sent incapable, de dévalorise entrainant une forte baisse de l'estime de soi.

Le désir de mort est très souvent présent pouvant entrainer des tentatives de suicide.
 

 

3.2. L'inhibition
 

L'inhibition désigne un ralentissement psychomoteur et psychique, des difficultés à penser, à se concentrer, une fatigue dépressive, une inertie, une baisse de l'énergie, une perte de l'élan vital. On observe une immobilité du tronc et de la face, une voix monotone, basse; le patient ne parle pas beaucoup. On relève également des troubles de la mémoire, la pensée étant inhibée.
 

3.3. Symptômes associés
 

3.3.1. L'anxiété
 

Sentiment pénible d'attente d'un danger imminent; le sujet est constamment inquiet. Quand la composante anxieuse est importante, on parlera de syndrome anxiodépressif.
 

3.3.2. Troubles psychosomatiques
 

Certains auteurs parlent de dépression masquée quand les sujets évoquent une souffrance physique en l'absence de souffrance morale (ex troubles digestifs entrainant une perte de poids, des troubles du sommeil).

D'autres troubles psychopathologiques (obsession, phobie...) peuvent reposer avant tout sur une organisation dépressive et disparaissent avec elle lorsqu'on la traite. On constate enfin que, pour lutter contre un fond dépressif, certains sujets sont amenés à développer une série de conduites antidépressives (hyperactivité, réaction de type colère, jalousie, conduite alcoolique) capables, avec plus ou moins de succès, de compenser le fond dépressif.
 

4. Contact interpersonnel
 

Les contacts interpersonnels sont marqués par la passivité. Le sujet dépressif se sent sans défense, vulnérable. Il a tendance à se plaindre, à évoquer sa misère, sa faiblesse, son infériorité et ses défauts. Il craint d'entreprendre quelque action ou projet de peur de rencontrer l'echec.
 

5. Gestion des affects
 

La tristesse est l'affect central de la personnalité dépressive. le sujet dépressif peut être volontier amère ou désagréable, multipliant les conflits et les revendications. L'humeur dépressive peut également aller vers del'indifférence.
 

6. Style cognitif
 

La pensée du sujet dépressif est négative et rigide. Il va attribuer aux autres, et en particulier aux thérapeutes, des pouvoirs considérables, de guerison magique.

Les croyances s'articulent autour du renoncement "Je ne serai plus comme avant", de malheur et de la médiocrité "Je ne vaux rien", "Le pire est toujours sur", "Les autres réussissent mieux que moi", "Le monde est mauvais". On note également une générlaisation négative de l'avenir "Rien ne changera jamais, c'est comme ça".
 

7. Traitement
 

Les antidépresseurs vont permettre de moduler l'humeur dépressive. Une psychothérapie reste toutefois nécessaire pour comprendre l'origine de la dépression et prévenir les rechutes dépressives.

Aujourd'hui, on est mieux informé, dans l'opinion sur les symptomes des états dépressifs et le diagnostic en serait de fait plus répandu qu'avant la Première Guerre mondiale. On tend à codifier un maximum la symptomathologie dépressive à l'aide d'échelles d'évaluation (Hamilton, Mongomery-Asberg), utilisables à la fois par les psychiatres, les médecins généralistes et le spsychologues.
 

8. Hypothèses de compréhension
 

8.1. Hypothèse cognitive
 

Beck mais l'accent sur les défauts des cognitions présents chez les personnes déprimées qui peuvent être comprises comme des distorsions dans le traitement de l'information. Le sujet va minimiser le positif et amplifier le négatif; il va donc avoir une vue négatif de tout ce qui l'entoure, de lui même et du futur.

Dans la thérapie cognitive et comportementale, le sujet va apprendre à s'observer et reconnaitre les cognitions négatives dysfonctionnelles. Il va également apprendre à maximaliser le positif.

Parmi les schémas proposés par Young, on retrouve souvent chez la personnalité dépressive le schéma de carence affective (mes besoins d'affection ne seront jamais comblés), le schéma d'imperfection, de honte (je ne vaux rien) et le schéma d'echec (ma vie est un echec).
 

8.2. Hypothèse culturelle
 

Jusqu'en 1960, on pensait que la dépression n'existait que dans les pays industrialisés s'exprimait assez peu dans les sociétés dites plus traditionnelles. Aujourd'hui, on sait que la dépression est présente dans toutes les sociétés mais qu'elle s'exprime différemment. Par exemple, en Afrique, la personne déprimée montrera plus d'agitation; on observera également moins de tentative de suicide.

Dans toutes les dépressions, le noyau commun dépressif est centré autour de l'inhibition. Ce sont les thèmes dépressifs qui vont varier d'une culture à l'autre.
 

8.3. Hypothèse autour de la théorie de l'attachement
 

La dépression serait la conséquence d'une séparation, de la perte d'un lien affectif. Cette théorie prédit que le fait de perdre un parent durant l'enfance peut être un élément de vulnérabilité à la dépression à l'âge adulte.
 

8.4. Hypothèse psychanalytique
 

Le point de vue psychanalytique met l'accent sur la notion de perte d'objet liée à la dépression. Une blessure narcissique peut également être à l'origine d'une dépression (échec, humiliation, perte d'emploi...).

La dépression serait en lien avec la présence de carences affectives précoces, en particulier manifestée par une perte de l'estime de soi; le sujet n'aurait pas été aimé à sa juste valeur.
 

8.5. Présence d'éléments de vie stressants
 

Des études comparant le parcours de vie de patients déprimés et de personnes non déprimées montrent que les personnes déprimées présentent trois fois plus d'évènements non favorables dans les six mois à un an qui précède la dépression que les non déprimés (perte, séparation, conflits familiaux, maladie d'un proche...).
 

8.6. Hypothèse biologique
 

Depuis le mileu de sannées 1970, la présence d'anomalies biologiques accompagnant des états dépressifs parait tout à fait démontrée, même si leur signification, leur role dan sle déclenchement du processus pathologique, leur intrication avec les facteurs psychogènes ou sociogènes restent problématiques.

L'interet est porté sur le métabolisme des amines cérébrales et l'on tend à admettre qu'il existe, dans certains états dépressifs, une hyposérotoninergie et, dans d'autresn une hyponoradrénergie.

 

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Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)

La personnalité obsessionnelle compulsive

Par Le 14/06/2017

Il s’agit de l’une des personnalités psychopathologiques les plus fréquentes.
 

Les critères du DSM IV
 

Mode général de préoccupation pour l’ordre, le perfectionnisme et le contrôle mental et interpersonnel, au dépend d’une souplesse, d’une ouverture et de l’efficacité, qui apparaît au début de l’âge adulte et est présent dans des contextes divers, comme en témoignent au moins quatre des manifestations suivantes :

  • préoccupations pour les détails, les règles, les inventaires, l’organisation ou les plans au point que le but principal de l’activité est perdu de vue
  • perfectionnisme qui entrave l’achèvement des tâches (par ex, incapacité d’achever un projet parce que des exigences personnelles trop strictes ne sont pas remplies)
  • dévotion excessive pour le travail et la productivité à l’exclusion des loisirs et des amitiés (sans que cela soit expliqué par des impératifs économiques évidents)
  • est trop consciencieux, scrupuleux et rigide sur des questions de morale, d’éthique ou de valeur (sans que cela soit expliqué par une appartenance religieuse ou culturelle)
  • incapacité de jeter des objets usés ou sans utilité même si ceux-ci n’ont pas de valeur sentimentale
  • réticence à déléguer des taches ou à travailler avec autrui à moins que les autres se soumettent exactement à sa manière de faire les choses
  • se montre avare avec l’argent pour soi-même et les autres ; l’argent est perçu comme quelque chose qui doit être thésaurisé en vue de catastrophes futures
  • se montre rigide et têtu
     

Données épidémiologiques
 

Ce trouble touche 4% de la population générale et est plus fréquent chez les hommes.
 

Caractéristiques psychopathologiques
 

Les symptômes principaux sont le perfectionnisme, le fait d’être méticuleux, le souci de l’ordre (matériel, moral ou social), l’indécision, la froideur émotionnelle et la psychorigidité. On retrouve ces différents symptômes dans le « caractère anal » qui associe :

- le souci de l’ordre et de propreté, qui s’accompagne d’une grande méticulosité, dune ponctualité rigoureuse et de perfectionnisme. Il en découle dans le domaine moral une fidélité aux engagements, une attitude scrupuleuse dans les obligations et le sens du devoir.

- Le sens de l’économie qui peut aller jusqu’à la mesquinerie voire l’avarice. la difficulté à partager et à donner va de pare avec le goût de la possession et conduit souvent à amasser (provisions, collections).

- L’entêtement obstiné qui rend compte de la ténacité, de la persévérance de ces sujets qui sont peu influençables. Cela s’accompagne volontiers d’autoritarisme.

L’obsessionnel s’attache aux détails et n’arrive pas à dégager des vues d’ensemble ; il perd du temps et ne peux pas terminer les taches qu’il s’est fixées, lesquelles sont souvent trop compliquées, démesurées, mal adaptées. Hésitant entre plusieurs perspectives qui comportent chacune leur avantage, l’obsessionnel hésite, ne se décide pas, laisse passer d’excellentes occasions.
 

Relations interpersonnelles et expression affective
 

Ces sujets sont décrits comme froids, impassibles, ayant une forte tendance à l’intellectualisation et ceci afin de se préserver des débordements émotionnels qu’ils redoutent. Il leur semble normal de dire que les sentiments comme la peur, la haine, l’amour peuvent se raisonner, s’organiser et se conclure rapidement. Sur ce fond général de rétention respectable, des éruptions volcaniques peuvent survenir qui font soudain sauter toutes les défenses. Ce sont alors des déchaînements agressifs, colère, vengeance, règlements de compte amoureux ou financiers qui sont d’autant plus incontrôlés que l’obsessionnel a peu d’expérience de la vie affective.

Ils sont fréquemment qualifiés d’égoïstes, voire d’autoritaires avec leur famille, en faisant passer leur activité professionnelle avant leur vie familiale.

Malgré tout, les relations interpersonnelles peuvent être bonnes, peuvent être remarquablement bien adaptées, surtout si leur activité professionnelle sollicite leur trait de personnalité. Cependant, le sujet ne fait pas confiance aux autres, non pas parce qu’il se sent persécuté par eux, mais parce qu’il pense qu’ils ne feraient pas aussi bien que lui. Il trouvera toujours quelque chose à redire sur ce que l’autre a fait.
 

Style cognitif
 

Le style cognitif est basé sur la logique, le raisonnement, le respect de la morale et l’importance du détail ce qui conduit le sujet à avoir une vision analytique des situations. Néanmoins, les hésitations et le perfectionnisme produisent souvent une sorte de mal être cognitif qui se caractérise par l’impression que les idées se bousculent dans la tête et apr l’impossibilité pour le sujet de hiérarchiser les idées et les taches à accomplir.
 

Perception de soi
 

Ils se considèrent volontiers comme sérieux, responsables et efficaces. Ils évitent de s’introspecter. Ils aiment bien la vérité mais il s’agit le plus souvent de leur vérité.
 

Perception des autres
 

Les autres sont perçus comme irresponsables, imprévisibles, insouciants, légers, inconséquents.

Les pensées automatiques sont du type :

  • « je suis responsable de moi même et des autres »
  • « je sais ce qui est bien »
  • « il faut faire les choses parfaitement »
  • « les fautes sont intolérables »
  • « une personne qui s’est trompée doit être punie »
  • « je dois contrôler mes émotions »
     

Adaptation et évolution
 

L’évolution va être variable. On note au fur et à mesure de l’évolution des troubles une dégradation au niveau de l’adaptation professionnelle et familiale. Ces troubles ont tendance à s’aggraver avec l’âge et au fur et à mesure, la capacité de résistance de l’entourage diminue.

L’évolution peut se faire soit vers un trouble obsessionnel compulsif, soit vers un épisode dépressif majeur.

On note un lien fréquent entre personnalité obsessionnelle et trouble des conduites alimentaires.
 

Hypothèses explicatives
 

Il s’agit de l’un des troubles les plus expliqués par la psychanalyse, explication qui prend sa source au niveau du stade sadique anal sur lequel resterait fixé le sujet. La psychanalyse met l’accent sur les mécanismes de défense utilisés qui sont l’isolation, la formation réactionnelle, le déplacement et la sublimation. La propreté excessive serait une formation réactionnelle contre le goût de la saleté.

Les théories cognitives ont mis l’accent sur les règles éducatives rigides que l’on peut repérer dans les familles des patients présentant ce trouble. Ces familles sont décrites comme rigides, où le rôle de chacun va être spécifié, et comme ayant peu d’expression émotionnelle.
 

Prise en charge
 

Elle va mettre l’accent sur la modification de la perception des autres afin que le sujet apprenne à leur faire confiance et à leur déléguer des tâches.

Elle passe par l’apprentissage des émotions.

 

Marlène FOUCHEY, psychologue à Meyzieu, 69330 (agglomération Lyon)